Les essais canadiens d'athlétisme pour les Jeux olympiques de Londres s'ouvrent aujourd'hui à Calgary. Tous les yeux sont tournés vers le 100 m haies, le plus relevé de l'histoire canadienne.

Brianne Theisen avait beau greloter sous son parapluie, ce n'est pas le temps de chien qu'il faisait à Calgary qui altérerait son humeur. Le week-end dernier, l'heptathlonienne de la Saskatchewan a vécu l'expérience «la plus cool» de sa vie: elle était dans les gradins lorsque son fiancé, Ashton Eaton, a établi un record du monde au décathlon aux sélections olympiques américaines d'Eugene, en Oregon.

Trois jours après son exploit, Eaton était assis sur une chaise de plastique pliante, sous une tente balayée par la pluie, en bordure de la piste d'athlétisme Foothills de Calgary, hier après-midi. L'athlète de 24 ans se disait fatigué, mais avait un sourire béat imprimé sur le visage. Peut-être songeait-il au chèque de 750 000 $ que doit lui remettre Nike, son commanditaire, selon une information du San Francisco Chronicle.

Comme l'a souligné avec un clin d'oeil le présentateur de la conférence de presse, Eaton n'était en Alberta qu'en qualité de conjoint de Theisen, qui tentera de se qualifier pour les Jeux olympiques de Londres dans le cadre des essais canadiens d'athlétisme, d'aujourd'hui à samedi.

«Ça me donne beaucoup de motivation et d'inspiration», a souligné Theisen, triple championne de la NCAA sous les couleurs de l'Université de l'Oregon, où elle s'entraîne avec son fiancé depuis trois ans. «On a chacun vécu des expériences similaires cette année, en ce sens qu'on a été surpris par nos résultats, a-t-elle souligné. On s'entraîne bien, mais on ne sait jamais ce que ça va donner en compétition. Cela dit, ça ne m'a pas surpris qu'il batte un record du monde; son entraînement était juste phénoménal.»

S'il ne faut pas s'attendre à voir une marque mondiale tomber à Calgary, surtout par ces températures frisquettes, les essais promettent d'être relevés. «Je ne me souviens pas de Championnats canadiens qui aient été remplis avec plus d'anticipation, de rivalités, de profondeur et qui s'annoncent plus chaudement disputés», a lancé l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne, Alex Gardiner, qui en a vécu... une trentaine.

Le 100 m haies est évidemment l'épreuve la plus attendue. Ce n'est pas un hasard si elle a été programmée à la toute fin des championnats, en fin d'après-midi samedi (17h50 en direct à CBC).

Six athlètes ont réussi le standard A, mais seulement les trois premières de la finale recevront une invitation pour Londres. Quel que soit le scénario, une médaillée olympique (Priscilla Lopes-Schliep), une ex-championne mondiale (Perdita Felicien), une finaliste olympique (Angela Whyte) ou des finalistes aux derniers Mondiaux (Nikkita Holder, Phylicia George) seront laissées de côté.

Sans compter l'heptathlonienne Jessica Zelinka qui, pour la bonne mesure, s'est invitée dans la danse grâce à un record personnel de 12,76 il y a deux semaines à Vancouver.

Après avoir donné naissance à sa fille Nataliya en septembre, Lopes-Schliep mène le bal avec un temps de 12,64 réalisé en Jamaïque le mois dernier.

«J'ai deux super entraîneurs [les Torontois Anthony McCleary et Desai Williams] qui n'ont jamais cessé de croire en moi et deux partenaires d'entraînement [Holder et George] qui m'ont gardée affamée», a dit Lopes-Schliep pour expliquer son retour rapide au meilleur niveau.

L'état-major canadien, qui vise trois médailles à Londres (contre une à Pékin), espère sélectionner plus d'une trentaine d'athlètes à Calgary.

Pour le Québec, la récolte s'annonce mince. Julie Labonté (poids), de Sainte-Justine, et Alex Genest (3000 m steeple), de Lac-aux-Sables, sont les deux seuls athlètes qui détiennent le standard A. Une place parmi les trois premiers, samedi, leur garantirait un billet pour Londres. En théorie, cela ne devrait pas représenter une grande difficulté pour les deux champions nationaux en titre.

Ça s'annonce plus ardu pour Kimberly Hyacinthe (200 m) et Lemlem Ogbasilassie (800 m), qui devront réussir un standard A et finir parmi les trois premiers dans des épreuves très relevées. Idem pour la perchiste Mélanie Blouin, à qui il manque 10 centimètres pour atteindre la marque requise de 4,50 m. Si le soleil peut se pointer...