Au-delà des performances sportives qui ont consacré Usain Bolt et Michael Phelps, des barrières sont tombées à Londres pendant les JO, désormais ouverts aux paralympiques, via le Sud-Africain Oscar Pistorius, et aux femmes du monde entier.

Que retenir de la grande quinzaine olympique ? Des joies, des peines, des larmes. Des victoires et des défaites, loi du sport oblige.

Sur le plan sportif, bien sûr, le retour de l'hégémonie des États-Unis, dominés par la Chine en 2008. Et surtout le duo Bolt-Phelps, comme à Pékin en 2008. Le Jamaïcain est désormais le sprinteur le plus titré de tous les temps, avec deux triplés (100-200-4x100 m) en quatre ans. Il se proclame légende. Le temps dira s'il est le plus grand de tous les temps.

Michael Phelps a déjà une place réservée au Panthéon de l'olympisme, avec ses 22 médailles (dont 18 en or) --un record-- récoltées depuis 2004. Ces JO ont également couronné deux Britanniques, Mo Farah, auteur du doublé du grand fond (5000-10 000 m) et le «voileux» Ben Ainslie (4 médailles d'or en 4 éditions des Jeux). Sans oublier les Américaines Allyson Felix (3 fois en or) en athlétisme et Missy Franklin (4 titres et 2 records du monde) en natation.

Mais, en dehors des performances, ces Jeux ont repoussé des lignes symboliques. D'abord en direction des femmes, présentes en boxe pour la première fois, ce qui fait que toutes les disciplines sont désormais mixtes, même si les Cassandre ont bien noté que le maniement des ballons et cerceaux de la gymnastique rythmique et les ballets aquatiques de la natation synchronisée restaient exclusivement... féminins.

Bonnet de bain et lames de carbone

La première médaille d'or conquise par la Britannique Nicola Adams, au physique passe-partout, mais à la droite percutante, a marqué une page importante pour les JO. Comme le bronze arraché sur 1500 m par l'athlète de Bahrein, Maryam yusuf Jamal, première femme d'un pays du Golfe sur un podium olympique.

D'ailleurs, les femmes prennent une part croissante dans la conquête des médailles. Surtout, pour la première fois, elles ont concouru sous les couleurs de tous les pays, puisque des représentantes du Qatar, de Brunei et de l'Arabie Saoudite étaient présentes, pour la première fois, à Londres.

Cette présence a été encouragée par le CIO, au point de forcer la main de la Fédération internationale de judo (FIJ) pour autoriser la Saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani à porter une sorte de bonnet de bain sur la tête lors de sa courte (82 secondes) et symbolique apparition sur le tatami le 3 août.

Dans un curieux enchaînement, une autre barrière est tombée le lendemain, avec la première apparition d'un athlète paralympique aux JO. Porté par des lames de carbone, le Sud-Africain Oscar Pistorius, amputé des deux jambes à l'âge de 11 mois, s'est hissé en demi-finale du 400 m, puis en finale du relais 4x400 m. Chaque apparition de «Blade Runner» a été saluée par une ovation du Stade olympique. Reste à savoir si l'enthousiasme sera identique pour saluer les athlètes des Jeux paralympiques, parmi lesquels le même Oscar Pistorius, du 29 août au 9 septembre.

Quelle place dans l'histoire ?

Ce sera (déjà) une autre époque, loin de la parenthèse estivale qui a couronné une organisation bien huilée, servie par une météo (assez) clémente et des transports somme toute satisfaisants dans une agglomération habituellement congestionnée et qui a su faire oublier les craintes en matière de sécurité.

Cette réussite globale a incité les organisateurs des Jeux à verser très rapidement --après une semaine de compétition !-- dans l'autosatisfaction, allant jusqu'à s'interroger à haute voix sur la place qu'occuperont ces Jeux dans l'histoire, quatre ans après le gigantisme de Pékin et douze ans après les Jeux référence de Sydney.

Cet accès à la postérité dépendra peut-être de certaines ré-analyses d'échantillons prélevés pendant la quinzaine londonienne, où JO et dopage ont entretenu une liaison ambiguë, pleine de non-dits.

Certaines interrogations ont été portées sur des performances, notamment en natation, autour de la Chinoise Ye Shiwen, auteur d'un ahurissant record du monde sur 400 m 4 nages, ou de manière plus diffuse en athlétisme, après que les Américaines eurent établi le record du 4x100 m, propriété depuis 1985 de l'Allemagne de l'Est.

Soucieux de l'image des JO, le CIO a communiqué sans relâche sur la quantité de contrôles pratiqués pendant la quinzaine, et sur le faible nombre de positifs.

Quelques athlètes de second rang ont été pris pour l'exemple, et le seul gros poisson, le champion olympique 2008 du 50 km marche, l'Italien Schwazer, a été rattrapé avant son arrivée sur le sol britannique.

Bref ! Ces JO renvoient une image propre, qui sera peut-être corrigée au fil du temps. En attendant, sur ce front de l'image et du dopage, tout va bien...