Cameron Levins a eu une révélation samedi soir pendant la course de 10 000 m. Il est capable de courir avec les meilleurs au monde, et pas seulement comme figurant.

Les responsables d'Athlétisme Canada ont été renversés par sa course: il est demeuré avec les meneurs du début à la fin, pour finalement terminer 11e. La course de fond canadienne, enfin, s'est trouvé un talent comme on n'en a pas vu beaucoup.

Hier matin, Levins s'est qualifié pour la finale du 5000 m en faisant son meilleur temps à vie (13:18,29). Mais il en fait sans cesse, de nouveaux meilleurs temps. «C'est ce que ça prenait ce matin pour atteindre la finale. Il n'était pas question que je sois le dernier coupé.»

À 23 ans, Levins bouffe des secondes de manière assez ahurissante. Depuis l'an dernier, il en a retranché 22 sur son meilleur temps au 5000 m.

Se frotter les coudes

C'est une chose d'être le meilleur coureur de 10 000 m du réseau universitaire américain, comme il l'a été cette année. C'est différent de se frotter les coudes contre ceux des Éthiopiens et des Kényans.

«C'est ma première compétition vraiment internationale. Ça court beaucoup plus vite qu'en Amérique du Nord. Il y a des gars que j'admire, que je regardais à la télé, comme Bernard Lagat... J'ai couru avec lui ce matin, c'est un grand rêve, mais en même temps, je suis ici pour les battre, alors il ne faut pas que je sois trop impressionné.»

Il n'a pas l'air impressionné du tout, en fait, et se tient en avant sans demander de permission.

L'argent inattendu de l'Américain Manzano, mardi au 1500 m, celui d'un autre Américain, Galen Rupp, samedi au 10 000 m, l'or de Mo Farah... La course de fond et de demi-fond n'est peut-être plus une chasse gardée africaine?

«Il y a des gars qui ont gagné et que je n'aurais jamais imaginés avec une médaille, alors oui, ça change quelque chose. Ça veut dire que le monde n'est pas imbattable. Je m'entraîne aussi fort que tous ces coureurs-là, je peux me mesurer à eux.»

Levins est en fait connu pour s'entraîner plus fort que tous les autres - des 240 km par semaine, certaines journées de 50 km...

On a cherché toutes sortes d'explications pour les succès des coureurs kényans. Génétique, entraînement en altitude, habitude de la course en bas âge, etc.

Le record canadien en mire

«Personnellement, je n'ai jamais cru à toutes ces histoires, dit Levins, tout juste diplômé en kinésiologie. Est-ce que les Canadiens sont génétiquement prédisposés au hockey?»

Lui n'était pas particulièrement disposé au hockey, du moins, puisqu'il n'y a jamais joué, même si son village, Black Creek, dans l'île de Vancouver, ne fait pas exception à la tradition canadienne.

Il a simplement commencé à faire du cross-country en deuxième année, comme tout le monde à son école. Et il a continué.

Il ne faut pas s'attendre à une médaille samedi, mais demandez à Leonel Manzano s'il s'attendait à une médaille au 1500 m...

Il faut s'attendre par contre à ce qu'il soit en avant sans complexe.

Ensuite, il entreprendra sa carrière d'athlète - grâce à une substantielle commandite. Il a dans sa mire le record canadien (13:13,96)... pour commencer.