Les Jeux promettaient d'apporter une embellie à l'économie britannique. Or, le contraire se produit, selon des gérants de restaurants et de boutiques rencontrés par La Presse. Les affaires vont si mal, qu'ils doivent renvoyer des employés à la maison.

À première vue, tout semblait normal hier après-midi à Piccadilly Circus. Des hordes de touristes pointaient leurs appareils photo dans toutes les directions. Cependant, les commensaux étaient clairsemés sur les terrasses des restaurants en ce premier dimanche des Jeux de Londres. Des piétons mangeaient des sandwichs ou des pointes de pizzas en marchant.

Les marchands rencontrés par La Presse constatent avec stupéfaction que les touristes des Jeux les boudent. Et avec les Londoniens qui ont déserté le centre-ville afin d'éviter la cohue dans le métro et le trafic dans les rues, les affaires vont très mal.

«Nos clients réguliers ont disparu, beaucoup nous ont dit qu'ils allaient partir en vacances, explique Monika Owsiska, serveuse au restaurant Caviar House&Prunier, à un coin de rue de l'hôtel Ritz, sur Piccadilly. Nous nous attendions à être deux fois plus occupés mais nous devons offrir des promotions pour attirer les touristes. Ils prennent un verre de vin puis s'en vont.»

Richoux, un établissement célèbre pour l'afternoon tea, est plus calme que pendant les tempêtes de neige, affirme son gérant. «Je n'ai jamais vu ça en trois ans, dit Giuseppe Diliberto. Nous avions embauché du personnel spécifiquement pour les Jeux. Or, nous perdons beaucoup d'argent.»

Télétravail

Il blâme en partie les entreprises qui font travailler leurs employés de la maison. Les services de transport de la ville avaient lancé une grande campagne en ce sens il y a un an déjà. L'objectif était de réduire de 30% les trajets réguliers dans le métro afin d'éviter la congestion sur les quais.

Le plan semble avoir fonctionné puisque aucune file d'attente n'a été signalée jusqu'à présent dans les stations.

Les coûts d'opérations au Richoux sont aussi plus élevés pendant les Jeux. Deux employés doivent entrer la nuit pour recevoir les livraisons. Les voies réservées à la famille olympique, qui monopolisent une bonne partie du centre-ville, sont seulement accessibles de minuit à 6h le matin.

Les touristes des Jeux étaient supposés apporter 1,2 milliard de dollars additionnels à l'économie, selon les estimations des autorités britanniques.

Le magasin de vêtements de plein air d'Indu Gilani enregistre plutôt une baisse de ventes de 30%. «Je pense que les visiteurs veulent seulement dépenser pour la nourriture et l'hôtel», dit la gérante de The Highlands.

Les chauffeurs de taxis souffrent

Les hôtels sont effectivement les principaux bénéficiaires des Jeux. Le taux d'occupation est de 85% dans la capitale pour les deux prochaines semaines selon l'agence de tourisme London&Partners.

La proportion est encore plus élevée pour les établissements cinq étoiles. Le Ritz affiche complet pour le prochain mois, a confirmé le concierge lors de notre passage.

Les chauffeurs des taxis noirs ne peuvent en dire autant. «Je n'ai pas encore conduit un seul client au parc olympique, dit Rob Saunders. J'ai perdu 800 $ la semaine dernière. J'aime les Jeux olympiques, mais les organisateurs auraient pu nous mettre à contribution pour conduire les personnes VIP. Après tout, nous sommes une icône de la ville.»