Londres fête l'ouverture de ses jeux olympiques vendredi soir, dans le stade de Stratford, avec pour premiers rôles d'une cérémonie d'ouverture très «british» la reine Elizabeth II, l'agent secret 007, le célèbre M. Bean, et Usain Bolt, l'«Éclair de Kingston.

Avant l'ouverture officielle des Jeux de Londres, en fin de soirée, par la reine d'Angleterre elle-même, sous son célèbre chapeau, saumon, les 80 000 spectateurs, les dizaines de «people» en tribunes, et plus d'un milliard de téléspectateurs à travers le monde assistent à un spectacle de plus de 3 heures, chorégraphié par Danny Boyle, le réalisateur multioscarisé de Slumdog Millionaire.

Cocktail détonant de culture britannique, entamé au son de Flowers of Scotland, l'hymne du XV du chardon écossais, et d'un chant traditionnel gallois, ce spectacle devait mettre en scène les Beatles, Mary Poppins, des infirmières du NHS et même David Beckham, le «Spice Boy» du foot anglais.

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La «Reine» saute en parachute avec 007

Et c'est James Bond lui-même qui a accompagné la Reine au Stade olympique, via un petit film la mettant en scène avec Daniel Craig, à Buckingham Palace. Puis la fiction prend le dessus sur la réalité et Elizabeth II se retrouve à bord d'un hélicoptère pour un survol de Londres conclu par un saut en parachute improbable au-dessus du stade.

But affiché de Boyle et de Stephen Daldry, son directeur artistique, avec leurs quelque 10 000 figurants: puiser avec humour aux racines de l'identité britannique, avec différents tableaux inspirés de La Tempête, une pièce de William Shakespeare. L'écrivain était d'ailleurs mis en valeur dès le début du spectacle par l'acteur Kenneth Branagh, dans un stade transformé en paisible campagne anglaise, avec vaches et moutons.

Loin de la folie des grandeurs et du clinquant de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin en 2008, dans le superbe «Nid d'oiseaux» aujourd'hui peu utilisé, ce spectacle décalé a donné le ton: les JO de Londres se veulent des Jeux à taille humaine.

Après 7 ans de travaux et 12 milliards d'euros investis, c'est donc à la Reine d'Angleterre que devait revenir l'honneur, au bout de la nuit, d'ouvrir officiellement les XXVIIe Jeux de l'ère moderne.

Puis ce sera au tour des athlètes d'entrer en scène, dès samedi, pour les premières des 302 médailles d'or en jeu et le «plus grand show du monde», pour reprendre la formule du premier ministre britannique David Cameron.

Si le spectacle était sur la pelouse du stade vendredi soir, les regards étaient également tournés vers les tribunes, avec des centaines de célébrités du monde artistique, sportif et politique, dont quelque 120 chefs d'État et de gouvernement. Étaient notamment annoncés la Première dame américaine, Michelle Obama, l'acteur Brad Pitt, et bien sûr le Prince William et son épouse Kate.

La flamme finit son voyage de 12 875 km

Mais les sportifs aussi étaient à l'honneur, avec le traditionnel défilé des athlètes. Et parmi eux LA vedette de ces Jeux, le sprinter jamaicain Usain Bolt, qui voudra rééditer son exploit de Pékin en signant un nouveau triplé 100, 200 et 4x100 m.

Porte-drapeau de la délégation jamaïcaine, Bolt était un des athlètes les plus guettés par les spectateurs. Mais d'autres porte-drapeau étaient également sous les feux de la rampe, avec notamment la joueuse de tennis Maria Sharapova, pour la Russie, ou la jeune Bahiya al-Hamad, championne de tir qatarie et symbole du développement du sport féminin dans les pays du Golfe, jusque-là très fermés à ce mouvement.

Si de nombreux secrets de cette cérémonie d'ouverture avaient filtré avant son début, personne ne savait rien en début de soirée sur l'identité du dernier porteur de la flamme olympique, au bout de son voyage de 12 875 km à travers la Grande-Bretagne. Ni sur la façon dont la vasque devait s'embraser.

Certitude cependant: après le feu d'artifice final de cette soirée, les vedettes seront les sportifs, pour 16 jours de compétitions, avec en tête de gondole le nageur américain Michael Phelps.

Le nageur de Baltimore, qui entre en lice dès samedi, veut décrocher au moins trois médailles supplémentaires, pour devenir l'athlète le plus décoré de toute l'histoire des Jeux, avec 19 médailles, devant la gymnaste soviétique Larissa Latynina (1956-1964).

Défilé des délégations

Les 205 délégations d'athlètes et officiels participant aux jeux Olympiques de Londres ont commencé leur défilé à 22h25 (17h25 heure du Québec) vendredi lors de la cérémonie d'ouverture.

Comme le veut la tradition, la Grèce, berceau de l'olympisme, a ouvert ce défilé avec son porte-drapeau, le taekwondiste Alexandros Nikolaidis.

Au total, 204 nations et une délégation rangée sous le drapeau olympique avec trois athlètes, un marathonien du Soudan du Sud et deux athlètes de l'île de Curaçao, participent à ce défilé.

Le défilé, auquel ne prend pas part l'ensemble des quelque 10 500 sportifs présents à Londres, sera conclu par le pays-hôte, la Grande-Bretagne dont le porte-drapeau est le pistard et triple champion olympique 2008 Chris Hoy.

Ce défilé est suivi de l'ouverture officielle des Jeux par la Reine Elizabeth II, par les serments des athlètes et officiels. La cérémonie doit se conclure par l'arrivée de la flamme et l'embrasement de la vasque olympique.

Les Jeux olympiques «reviennent à la maison»

Jacques Rogge, président du comité international olympique (CIO) a jugé vendredi soir que les JO, accueillis pour la troisième fois par Londres, revenaient «à la maison», lors de son discours prononcé durant la cérémonie d'ouverture des Jeux.

«Dans un sens, les Jeux olympiques reviennent «à la maison» ce soir. Ce grand pays, amoureux du sport, est largement reconnu comme étant le berceau du sport moderne», a déclaré M. Rogge, soulignant que pour la première fois de l'histoire des Jeux modernes ils seraient tenus pour la troisième fois dans une même ville, après 1908 et 1948.

«C'est en effet ici que les concepts de sportivité et de fair-play ont été pour la première fois codifiés dans des règles. C'est ici aussi que le sport a été inclus en tant qu'outil éducatif dans les programmes scolaires. L'approche britannique du sport a eu une profonde influence sur Pierre de Coubertin, notre fondateur», a poursuivi M. Rogge avant de laisser la parole à la Reine Elizabeth II qui devait prononcer l'ouverture des Jeux de la XXXe Olympiade.

Le président du CIO s'est également félicité que «pour la première fois dans l'histoire olympique, tous les comités nationaux olympiques auront envoyé des femmes aux Jeux», jugeant qu'il s'agissait d'«une avancée majeure pour l'égalité des sexes.»

Aux athlètes, M. Rogge a déclaré que plus que la victoire, «c'est plutôt la manière qui fait de vous des olympiens. La force de caractère est bien plus importante que les médailles. Dites non au dopage. Respectez vos adversaires. Souvenez-vous que vous êtes tous des modèles. Si vous suivez ces conseils, vous serez une source d'inspiration pour toute une génération».

La reine déclare les Jeux «ouverts»

La Reine Elizabeth II a déclaré «ouverts» les jeux Olympiques de Londres, samedi peu après 0h15 (19h15 heure du Québec) au stade olympique, après le spectacle de la cérémonie d'ouverture et le défilé des athlètes.

«Je déclare ouverts les jeux Olympiques de Londres célébrant la XXXe olympiade de l'ère moderne», a déclaré Elizabeth II.

L'ouverture des Jeux est intervenue à la fin de la cérémonie d'ouverture, dans laquelle la reine a joué elle-même un rôle, et après le défilé des athlètes.

Avant la Reine Elizabeth II, le président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge avait déclaré que «dans un sens les Jeux reviennent à la maison», à Londres, hôte des JO pour la troisième fois après 1908 et 1948.

Redgrave, «dernier» relayeur de la flamme

Le Britannique Steve Redgrave a fait rentrer la flamme dans le Stade olympique de Stratford vendredi soir, avant de la transmettre à sept jeunes espoirs du sport britannique qui ont allumé la vasque, symbole de ces JO-2012 jusqu'au 12 août.

L'identité du dernier porteur de la flamme était tenue jalousement secrète, mais les organisateurs de cette cérémonie d'ouverture ont de toute façon pris tout le monde à contre-pied en confiant l'embrasement de la vasque non pas à une seule personne, mais à plusieurs inconnus.

Reste que s'il ne succède pas vraiment au gymnaste chinois Li Ning (2008) ou au boxeur américain Mohamed Ali (1996), Redgrave, monument de l'aviron avec ses 5 sacres olympiques et 9 mondiaux, symbolise l'excellence sportive britannique et fait figure de sportif préféré des Britanniques.

Né le 23 mars 1962 à Marlow, dans le Buckinghamshire, Stephen Goeffrey Redgrave commence à ramer à l'âge de 14 ans au collège de sa ville natale. Il n'a que 22 ans lorsqu'il coiffe ses premiers lauriers avec le quatre de pointe barré en 1984 aux Jeux de Los Angeles, en l'absence il est vrai des rameurs du bloc de l'Est (boycottage).

Le deuxième titre arrive quatre ans plus tard avec le deux sans barreur à Séoul où il termine aussi à la troisième place du quatre barré, ce qu'il considère comme une tache dans sa carrière.

Il rencontre Matthew Pinsent avec lequel il remporte l'or olympique en deux sans barreur à Barcelone, puis Atlanta où il est désigné porte-drapeau de l'équipe britannique.

Épuisé par la conquête de ce quatrième titre, Sir Steve lance alors à tous les téléspectateurs britanniques son désormais célèbre: «si quelqu'un me revoit près d'un bateau, il a le droit de me tuer».

Mais son amour de la compétition et sa détermination le ramènent très vite à l'entrainement en vue des JO de Sydney malgré une forme de diabète diagnostiqué.

Et le 23 septembre 2000, en compagnie de Pinsent, James Cracknell et Tim Foster, Redgrave glane sa cinquième médaille d'or.

Anobli, Sir Steve se consacre à son épouse et ses trois enfants, participe à des opérations caritatives et se reconvertit en consultant télé, avant que participer au dernier relais le long de la rivière Lea de la flamme olympique.