Les jeux Olympiques de Londres ne sont pas une aubaine pour tout le monde: les prostituées se plaignent de la multiplication d'opérations de police visant à «nettoyer» l'Est londonien, qui abrite le Parc olympique.

Selon une étude menée par un conseiller local, pas moins de 80 hôtels de passe ont été fermés par la police depuis septembre 2010 dans l'arrondissement de Newham, qui accueille l'essentiel du Parc olympique.

«Ces deux dernières années, on a vu une nette augmentation de l'activité de la police vis-à-vis des travailleuses du sexe dans les arrondissements accueillant les JO», a indiqué à l'AFP Georgina Perry, qui travaille pour un projet d'aide aux prostituées soutenu par le gouvernement.

«Certaines ont subi tellement de fermetures d'hôtels de passe qu'elles en sont réduites à travailler dans la rue, ce qui est beaucoup moins sûr pour elles», souligne-t-elle.

«Et celles qui travaillent dans la rue sont poussées par la police à quitter les lieux. Ils n'en veulent pas pendant les JO», ajoute-t-elle.

La prostitution n'est pas illégale au Royaume-Uni, mais les maisons closes sont interdites, tout comme le racolage dans la rue, de la part de la prostituée comme du client.

La police dément avoir multiplié les raids à l'approche des JO, soulignant que contrôles et fermetures répondent aux «préoccupations des communautés locales». Nombre de prostituées viennent du Brésil ou de l'est de l'Europe.

Pour sa part, le maire de Londres Boris Johnson affiche la couleur: «nous sommes déterminés à réprimer la prostitution et les réseaux de trafics de femmes à l'approche des JO de Londres», indique son site internet.

Les associations d'aide aux prostituées témoignent de nombreuses arrestations, pour racolage ou possession de stupéfiants.

Pour Georgina Perry, la répression met en péril les prostituées en les repoussant dans des zones qui ne leur sont pas familières: «Elles sont déjà stigmatisées et vulnérables», relève Georgina Perry, et la répression «les éloigne des associations qui les soutiennent».

Tout le monde ne réprouve pas la répression en cours: à Brick Lane, coeur de la communauté bangladeshie, à 7 km du Parc olympique, Lily Islam, jeune femme voilée mère de trois enfants, milite depuis longtemps pour un meilleur quadrillage policier. «Cette zone est un havre pour les drogues, la prostitution et tous les autres crimes imaginables», assure-t-elle.

Lily Islam et ses amies vont chercher leurs enfants à l'école dans des rues qu'elle décrit jonchées de préservatifs usagés. «Je pense que les jeux ont mis l'accent sur le problème», dit-elle.

Une prostituée de Soho rencontrée par l'AFP prévoit un été difficile pour ses collègues, à cause des JO. «C'est un événement familial, ce n'est pas comme si tous les visiteurs étaient des hommes célibataires», souligne Catherine Stephens.

«Nous ne verrons pas notre clientèle habituelle, parce que ça va être difficile de circuler dans Londres. La plupart des gens que je connais projettent de prendre quelques semaines de vacances», soupire-t-elle.

«Cela va être un cauchemar, et je pense qu'on va toutes perdre beaucoup d'argent», estime cette professionnelle, qui travaille en hôtel depuis plus de dix ans.