L'identité du porte-drapeau canadien à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, le 27 juillet, sera dévoilée aujourd'hui sur la colline parlementaire à Ottawa.

Ce choix alimente les spéculations des aficionados de l'olympisme depuis déjà quelques semaines.

Symbolique et prestigieux, le rôle de porte-drapeau ne se résume pas à marcher en souriant devant ses quelque 300 compatriotes et coéquipiers lors de la marche des athlètes. Il s'accompagne aussi de responsabilités protocolaires et médiatiques qui peuvent en rebuter certains.

La sélection peut susciter la controverse, comme cela est arrivé à Nicolas Gill aux Jeux d'Athènes en 2004. Leader respecté au comportement irréprochable, le judoka double médaillé olympique avait eu à répondre de ses convictions politiques quand un journal torontois avait rappelé son vote pour le «oui» au référendum de 1995.

À tort ou à raison, certains croient aussi que le porte-drapeau s'attire la malchance. Porteur du drapeau en 2008, le kayakiste Adam Van Koeverden, grand favori, s'était royalement planté en finale du 1000 mètres. «Il y a un million de raisons pour lesquelles je n'ai pas eu une bonne course, la question du porte-drapeau n'est pas l'une d'entre elles», a martelé le Torontois lors d'un entretien avec La Presse l'an dernier. «Je ne suis pas mystique et je ne crois pas aux fantômes.»

La cycliste Clara Hughes, l'olympienne ultime avec six médailles en cinq participations aux JO d'été et d'hiver, aurait été une candidate idéale pour Londres. Sauf qu'il est d'ores et déjà acquis que cette maniaque de la préparation aurait refusé un rôle qu'elle a déjà rempli avec bonheur à Turin en 2006. La course sur route aura lieu moins de 48 heures après la cérémonie.

L'autre candidat de choix était évidemment Alexandre Despatie. Double médaillé, parfaitement bilingue, charismatique, le plongeur de 27 ans semblait déchiré par la question lors d'un entretien avec La Presse à la fin mai.

«Si le Canada est rendu où je le pense en ce qui concerne la performance de pointe, on ne lui demandera même pas», avait cependant prévenu Dominick Gauthier, qui travaille avec Despatie depuis un an et demi dans sa structure d'entraînement privée B2Dix.

Il semble qu'il n'ait pas été écouté puisque Despatie a dit qu'il avait décliné l'invitation lorsqu'il a été interrogé à ce sujet en conférence de presse la semaine dernière. Avant même son grave accident survenu à Madrid à la mi-juin, il avait jugé que les responsabilités associées à ce rôle étaient trop importantes.

«Depuis un an, j'essayais d'écarter les distractions pour me préparer le mieux possible», a-t-il indiqué sans préciser s'il était l'élu ou s'il avait simplement retiré son nom de la liste des candidats. «Même si c'est le plus grand des honneurs pour un athlète olympique, j'ai malheureusement été obligé de dire non.»

Alors, qui sera plongé dans la marmite à Londres? Deux noms émergent du lot: le cavalier Ian Millar et le triathlonien Simon Whitfield. Millar, qui sera l'aîné de l'équipe à 65 ans, établira un record en participant à ses 10es Jeux olympiques. Il a couronné une brillante carrière en gagnant l'argent au saut d'obstacles par équipe à Pékin. Whitfield, 37 ans et père de deux enfants, symbolise l'olympisme moderne avec sa victoire au premier triathlon olympique à Sydney en 2000 et sa médaille d'argent à Pékin quatre ans plus tard.

Parmi les autres candidats logiques figurent la spécialiste de vélo de montagne Catharine Pendrel, gagnante d'un concours sur le site internet de la CBC, la plongeuse Émilie Heymans et la spécialiste de trampoline Karen Cockburn, triples médaillées olympiques, le rameur Malcom Howard, médaillé d'or à Pékin avec le huit de pointe, et la capitaine de l'équipe de soccer Christine Sinclair, la meilleure joueuse au pays qui a marqué l'imaginaire l'été dernier en s'alignant lors de la Coupe du monde en Allemagne malgré une fracture du nez.

Le porte-drapeau est choisi par un comité de sélection formé par deux représentants des athlètes, un représentant des entraîneurs, le chef de mission Mark Tewksbury, son adjointe Sylvie Bernier et la chef du sport du Comité olympique canadien, Caroline Assalian, qui n'a pas droit de vote.

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Voici notre évaluation des chances des principaux candidats... sans aucune prétention scientifique, évidemment!

Ian Millar, équitation, prédiction: 40%

À 65 ans, il établira un record de tous les temps avec une 10e participation aux JO. Ce n'est pas tous les jours qu'un olympien canadien passe à l'histoire. Son handicap: le cheval effectue 70% du travail au saut d'obstacles...

Simon Whitfield, triathlon, prédiction: 40%

Double médaillé olympique, il est respecté et admiré par tous les athlètes canadiens. Très actif sur Twitter, il est l'incarnation de l'athlète moderne. Indice de sa renommée, il est le seul athlète canadien qui aura une station de métro à son nom durant les Jeux.

Karen Cockburn, trampoline, prédiction: 10%

Trois médailles individuelles en trois Jeux olympiques, mais son sport n'est pas le plus populaire.

Catharine Pendrel, vélo de montagne, prédiction: 5%

Quatrième à Pékin, la spécialiste de vélo de montagne sera la favorite pour le cross-country olympique de Londres.

Christine Sinclair, soccer, prédiction: 4%

La capitaine de l'équipe de soccer Christine Sinclair est la meilleure joueuse au pays depuis 2005. Toutefois, il est peu probable que l'équipe canadienne de soccer participe au défilé des athlètes, puisqu'elle dispute un match contre l'Afrique du Sud l'après-midi suivant.

Émilie Heymans, plongeon, prédiction: 1%

Elle une athlète modèle et son palmarès est impressionnant - trois médailles olympiques en trois participations - mais elle n'a pas la personnalité la plus extravertie et elle sera en action moins de 48 heures après la cérémonie d'ouverture. Seule bilingue du groupe.

Ryder Hesjedal, cyclisme, prédiction: 0%

Double olympien (montagne à Athènes, route à Pékin), le cycliste a réussi l'exploit athlétique canadien de la décennie en gagnant le Giro. LE hic, c'est qu'il participe à la course sur route le lendemain de la cérémonie...