David Tremblay avait 17 ans quand il a mis les pieds à Montréal. Le lutteur laissait derrière lui le petit village franco-ontarien de Pointe-aux-Roches, rare havre francophone dans un océan anglophone. Il disait au revoir à sa famille et à un milieu tissé serré. L'adolescent arrivait à Montréal avec quelques dollars en poche et le vague rêve de se rendre aux Jeux olympiques.

Sept ans plus tard, David Tremblay est sur le point de faire ses valises pour Londres. Une véritable victoire pour ce champion universitaire dans la catégorie des 55 kilos. «J'ai toujours voulu m'essayer pour les Jeux olympiques. Là, je suis qualifié. C'est quelque chose que personne ne peut m'enlever», dit-il.

Avant la fin du secondaire, Tremblay a remporté trois fois le titre canadien junior. Le jeune Franco-Ontarien, initié à la lutte par son père, voulait absolument poursuivre dans son sport. Mais il n'aimait pas l'école. Il se voyait bien faire des études pratiques, la menuiserie peut-être, mais jamais il n'entrevoyait des études universitaires.

Il a cogné à la porte de l'entraîneur montréalais Victor Zilberman. Cet enseignant au collège Vanier mène de main de maître un club de lutte qui compte Martine Dugrenier comme élève. Tremblay savait que cet homme pouvait faire de lui un champion.

«Je suis venu à Montréal sur le conseil de mon père. Je pense qu'il voulait que je sois dans une place francophone, raconte l'athlète de 24 ans. Mais c'est bizarre, parce que la première fois que je suis allé à l'école en anglais, c'est ici, à Montréal, quand je suis arrivé au collège Vanier.»

Après Vanier, Zilberman a encouragé Tremblay à fréquenter l'université. Le jeune lutteur s'est inscrit à Concordia sans trop y croire. «Mes notes étaient mauvaises. Mais c'est Victor qui m'a dit d'essayer l'université. Et là, je finis ma quatrième année et je vais finir mon bac l'année prochaine. C'est bon, parce que je n'avais jamais pensé que je poursuivrais mes études. Sans Victor et sans la lutte, je ne l'aurais pas fait», raconte Tremblay avec un accent franco-ontarien.

Le lutteur de 5'4 et 55 kilos se rend maintenant à Londres comme il s'est rendu à Montréal sept ans plus tôt: ne sachant trop à quoi s'attendre, mais sûr de sa lutte. «Les Jeux, pour moi, représentent l'accomplissement de tout le travail que j'ai fait. J'avais un but, et j'y suis parvenu. Maintenant, mon but, c'est de faire bien, de bien lutter. Je ne veux pas être sorti après un seul combat.»

Le chemin que David Tremblay a tracé entre Pointe-aux-Roches et Montréal est populaire. Son petit frère, Noël, est arrivé cette année dans la métropole et s'entraîne aussi sous la gouverne de Zilberman. Leur petite soeur doit elle aussi arriver en septembre.

«Ma soeur de 17 ans pourrait être la meilleure de nous tous», prévient Tremblay.

La petite fratrie de Pointe-aux-Roches veut marquer l'histoire de la lutte au Québec. Et c'est David qui doit écrire le premier chapitre olympique.