Des immeubles résidentiels comme plateformes de lancement de missiles? C'est la dernière mesure controversée des autorités britanniques qui ont fait de la sécurité des Jeux leur obsession.

Les résidants de Bow Quarter, ancienne usine de briques rouges convertie en appartements luxueux, peuvent se vanter d'avoir une piscine intérieure, un centre d'entraînement et un restaurant. Et depuis mercredi, une batterie de missiles pouvant atteindre trois fois la vitesse du son.

Le motif de cette militarisation est visible de la cour intérieure: le stade olympique, dont les pylônes s'élèvent à l'horizon, au-dessus de la fontaine du complexe résidentiel fermé. Cette proximité avec le parc olympique s'est transformée en cadeau empoisonné cette semaine.

Sans consultation et avec pour seul préavis une brochure envoyée aux 700 propriétaires et locataires, le ministère de la Défense britannique (MOD) a choisi d'installer des lance-missiles à Bow Quarter et à cinq autres adresses résidentielles dans l'est de Londres afin de protéger le parc olympique contre des attaques aériennes.

Le gouvernement prendra sa décision à la suite d'un exercice, en cours, de simulation d'attentat terroriste qui se terminera le 10 mai.

«Nous devons nous préparer au pire», a justifié Nick Parker, général responsable de la sécurité des Jeux, qui commence à être accusé de surenchère par la presse britannique.

Selon les dernières estimations, le déploiement d'avions de combat, de navires de guerre, d'hélicoptères, de lance-missiles et de 25 000 policiers, gardes de sécurité et soldats coûtera au moins 1,6 milliard de dollars.

Éviction d'un rebelle

À Bow Quarter, des soldats ont déjà transformé le toit du château d'eau désaffecté en base de lancement des engins dont la portée est de 5 kilomètres.

«Nous sommes une cible pour les terroristes maintenant», dit Neil Midgley, journaliste au Daily Telegraph, qui se préoccupait davantage de l'impact sur le coût de son assurance.

La simple présence de la batterie rendait Joe Wee nerveux. «Qui sait si des groupes extrémistes n'essaieront pas de voler les armes?», demande l'analyste financier.

Brian Whelan, le locataire qui mène la rébellion contre le projet, a filmé le matériel laissé sans surveillance au pied de la tour. L'éditeur web a recruté un avocat des droits de la personne pour déterminer si le MOD et la société de gestion des appartements, qui a donné son aval, ont enfreint la loi.

Le jeune homme de 28 ans a cependant reçu un avis d'éviction de sa propriétaire. Sa conjointe et lui devront évacuer l'appartement... trois jours avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques en juillet prochain. «Drôle de coïncidence, a-t-il dit mercredi soir, encore en état de choc. En tout cas, maintenant que le pire est arrivé, nous allons accroître la pression d'un cran.»