Soirée de grandes premières au Madison Square Garden.

Pour la première fois depuis le début des séries éliminatoires, les Sénateurs d'Ottawa ont réussi à prendre les devants. Pour la première fois, leur meilleur joueur Jason Spezza a marqué. Deux fois plutôt qu'une. Et pour la première fois, Craig Anderson a volé un match.

Pour toutes ces raisons, l'équipe que personne ne voyait en séries éliminatoires a signé samedi une troisième victoire contre les Rangers de New York, 2-0.

Les champions en titre de l'Association Est font maintenant face à l'élimination.

«Le pire reste à venir. Si j'ai appris une chose au cours des premières années de ma carrière, c'est qu'une équipe livre toujours une grande performance lorsqu'elle a le dos au mur. Les Rangers vont être à leur meilleur lundi soir pour le match numéro six», déclare Spezza, soulagé d'avoir enfin noirci la feuille de pointage.

Le joueur de 28 ans a complété son doublé dans un filet désert en toute fin de soirée. Il a marqué son premier but en début de soirée, grâce à un superbe jeu complété par une très verte recrue.

Afin de remplacer l'éclopé Jesse Winchester, Paul MacLean a eu l'audace de faire appel à Mark Stone, un gamin qui n'a même pas encore 20 ans et qui avait exactement zéro expérience comme hockeyeur professionnel.

«Il pourra nous donner un coup de pouce à notre jeu de puissance», avait dit l'entraîneur-chef en début de journée, au sujet de l'adolescent qui vient de conclure une saison de 123 points en 66 parties dans la LHOuest.

En fin de compte, Stone ne s'est pas trop mal débrouillé à forces égales, non plus.

Le jeune homme qui s'avouait intimidé - il n'avait encore jamais visité New York - a joué de façon prudente, intelligente. Il n'a pris que des bonnes décisions quand il n'avait pas la rondelle.

Il a cependant pris sa meilleure décision de la soirée lorsque la rondelle s'est retrouvée sur son bâton en territoire adverse lors de sa deuxième présence sur la glace. Il a réussi à tromper Ryan McDonagh lorsqu'il a servi une superbe passe à son joueur de centre. Comme ça, il a récolté son premier point.

«Cette passe nous prouve que cet enfant possède l'instinct du marqueur», souligne Spezza.

Stone n'a presque pas joué au troisième tiers lorsque les Sénateurs cherchaient à protéger leur avance. Il y avait quand même des limites à placer un ado dans une situation aussi délicate.

«J'ai quand même vécu une expérience extraordinaire, dit-il. Je n'aurais pas pu rêver d'un meilleur scénario pour ma toute première partie. J'ai eu la chance de jouer avec de très bons joueurs et je suis très fier d'avoir pu inscrire mon premier point dès le départ.»

Dans sa conférence de presse d'après-match, MacLean a souligné que les Rangers ont dominé une bonne partie de la rencontre.

Les Rangers ont dominé la première période parce que les officiels leur ont concédé les trois premières supériorités numériques de la rencontre.

Les Sénateurs ont dominé la deuxième. À leur tour, ils ont obtenu trois opportunités consécutives d'attaquer à cinq contre quatre.

Dans les circonstances, l'entraîneur-chef a souligné que le travail de ses spécialistes des infériorités numériques a fait la différence.

Le travail de son gardien aussi, bien entendu.

Mais Anderson connaît toujours du succès à New York.

«C'est le Madison Square Garden. Que dire de plus? Dès notre arrivée, quand on voit les photos de tous ceux qui sont passés par ici, on comprend que c'est un endroit magique», résume celui qui a fait face à 41 lancers.

Le match numéro cinq a été robuste, au même titre que les quatre précédents. D'ailleurs, Chris Neil pourrait être dans l'eau chaude à la suite d'une mise en échec survenue durant la troisième période.

L'homme fort des Sénateurs est convaincu qu'il n'a rien fait de mal. «Brian Boyle a coupé au centre de la patinoire avec la tête basse. Je suis un joueur robuste. J'ai complété ma mise en échec», a-t-il dit.

L'entraîneur-chef des Rangers, John Tortorella, n'a pas vu le même jeu.

«C'était une mise en échec dangereuse. Très dangereuse. Une charge vicieuse. Neil m'a beaucoup fait penser à Raffi Torres ce soir.»

Boyle aurait subi une commotion cérébrale sur la séquence.