Des vêtements tachés, des rondelles auxquelles il manque des bouts et même, des prothèses dentaires. Tous ces objets peuvent rapporter gros. En autant qu'ils proviennent des archives personnelles d'ex-joueurs de hockey.

D'anciens professionnels amassent de petites fortunes en mettant en vente certains de leurs trophées personnels. On ne peut les blâmer de fouiller parmi leur collection en voyant tous ces amateurs payer de plus en plus cher pour des pièces appartenant à l'histoire du hockey.

Plus tôt cette semaine, des dizaines d'articles appartenant à l'ex-vedette des Islanders de New York et des Penguins de Pittsburgh Bryan Trottier, dont deux de ses bagues commémorant la conquête d'autant de coupes Stanley, ont trouvé preneurs pour plus de 60 000 $ par le truchement d'une maison de vente aux enchères de Montréal.

Au cours de la même vente, Classic Auctions a aussi aidé Vincent Damphousse et l'ex-vedette du hockey tchèque Vaclav Nedomansky à se défaire de certains de leurs objets, leur rapportant chacun aux environs de 25 000 $.

Qu'est-ce qui pousse ces ex-hockeyeurs à se défaire de presque tout ce qu'ils ont amassé au fil du temps? Certains disent qu'il ne s'agit que de libérer de l'espace, leur maison croulant presque sous ces souvenirs.

«J'en avais un plein garage - un garage à trois portes, a indiqué Luc Robitaille à La Presse Canadienne. C'était complètement fou.»

Robitaille espère vendre une partie de sa collection, qui comprend des maillots, des rondelles et un vrai filet, en juin prochain. L'argent amassé servira pour sa fondation, Echoes of Hope, qui vient en aide aux jeunes défavorisés de Los Angeles.

Rogatien Vachon, vainqueur de trois coupes Stanley et qui avait le même problème d'entreposage, vient de toucher près de 75 000 $ pour la vente d'une trentaine d'items.

«Vous gardez tant de trucs au fil des ans. Le problème, c'est quand vous déménagez: certaines pièces sont endommagées ou vous perdez des trucs», a indiqué Vachon de son domicile californien.

Vachon, qui a vendu sa bague de la coupe Stanley 1967-68, remportée avec le Canadien, donnera probablement l'argent à ses petits-enfants. Il a indiqué ne plus être attaché à ces objets et souhaite que quelqu'un d'autre leur trouve une utilité.

«Après un certain temps, ça ne fait que traîner. Vous vous dites que quelqu'un souhaiterait sûrement avoir ces articles pour leur petit musée personnel.»

Le président de Classic Auctions, Marc Juteau, a déclaré que les retraités du hockey songent également à faire rapporter ces trésors, que ce soit pour eux, leur famille ou une oeuvre caritative.

«Ils sont en possession de ces objets depuis très longtemps. Alors pour eux, peut-être qu'ils ont moins de valeurs que pour certains collectionneurs», a expliqué Juteau, dont l'entrepôt est rempli d'articles allant d'une poupée à l'effigie de Bobby Orr à des portes en bois couvertes de graffitis provenant du vieux gymnase de Mohammed Ali.

«Si vous avez remporté sept coupes Stanley, de vendre deux bagues n'est pas la fin du monde: il vous en reste toujours cinq.»

Et les collectionneurs d'aujourd'hui sont prêts à acheter les articles les plus étranges: en novembre, Classic Auctions a vendu une prothèse dentaire utilisée dans des matchs par Yvan Cournoyer pour 1400 $.

«Je ne veux pas dire que plus de joueurs cherchent à se débarrasser de leurs items, mais je crois que le marché des reliques sportives est à la hausse», a dit Juteau, qui est dans ce domaine depuis les années 1980.

«Je pense que c'est très à la mode présentement et que plusieurs personnes cherchent à y investir.»

Les affaires ont aussi été bonnes pour les collectionneurs tentant de retirer le maximum d'objets en rapport au hockey qu'ils ont acquis il y a quelques années. Cette semaine, la rondelle avec laquelle Wayne Gretzky a obtenu son 1851e point en carrière, abaissant ainsi la marque de Gordie Howe, en 1989, a rapporté 55 000 $.

La compagnie de Juteau a obtenu près de 1,3 million $ pour le chandail porté par Paul Henderson quand il a marqué le but vainqueur de la Série du Siècle, en 1972.

Mais ce sont les articles provenant des collections personnelles des joueurs retirés qui attirent le plus d'attention au fil des ans, particulièrement les bagues commémorant des conquêtes de coupes Stanley. Celles de Trottier lui ont rapporté près de 20 000 $ chacune, tandis que celle de Vachon a trouvé preneur pour 15 000 $.

En 2005, Jean Béliveau a été l'une des premières légendes du hockey à vendre quelques pièces de sa collection personnelle. Il a récolté près de 1 million $ pour quelque 200 objets, dont plus de 69 000 $ pour sa bague de la coupe Stanley 1958-59.