Dans un monde idéal, Louis Leblanc s'élancerait sur la glace avec ses coéquipiers du Canadien. Pour tenter de se faire remarquer, pour tenter de rayonner au camp d'entraînement, pour tenter de confirmer sa place dans la formation montréalaise. Mais le monde de la Ligue nationale de hockey n'est certes pas idéal, et Leblanc doit plutôt penser à une autre réalité: celle des Bulldogs de Hamilton.

À moins d'un spectaculaire revirement de situation à la table des négociations de la LNH, c'est là-bas, à Hamilton, que Leblanc entreprendra sa prochaine saison. Fini les halls d'hôtel luxueux et l'avion nolisé du CH. Ce sera plutôt les voyages en bus et les arrêts palpitants pour du café et des beignes le long d'une autoroute anonyme.

Décevant?

«C'est sûr que ce n'est pas plaisant, dit d'abord le principal intéressé au bout du fil. Pour plusieurs jeunes joueurs comme moi, c'est un premier conflit de travail, et ce qui se passe, c'est hors de notre contrôle. Mais je préfère voir ça du bon côté. À Hamilton, il y a un excellent groupe d'entraîneurs, et l'équipe va être bonne aussi.»

Ce serait mal connaître Louis Leblanc de croire qu'il est amer. Il pourrait l'être, mais il ne l'est pas. Même si ce retour forcé chez les Bulldogs pourrait être vu comme un pas en arrière. D'ailleurs, il le dira souvent au fil de notre conversation: il veut s'améliorer. Rien d'autre.

Sur ce plan, les jeunes comme lui, qui ont goûté au jeu de la Ligue nationale, sont un peu embêtés par le lock-out que l'on sait. Après tout, pour s'améliorer, ne faut-il pas faire face à la meilleure compétition qui soit?

«La saison dernière, j'ai passé mon temps entre Montréal et Hamilton. Avec le Canadien, j'ai compris que la marche est haute... Ce n'est pas le même degré de compétition. C'est pour ça que je me suis entraîné souvent cet été. J'ai ajouté 10 livres, mon poids est passé à 190 livres. Il faut que je sois plus gros, plus fort et plus vite.

«Je ne sentais pas que j'étais trop petit la saison dernière dans la LNH. Mais il y avait des choses que je pouvais faire dans la Ligue américaine, et là, dans la Ligue nationale, ça ne marchait plus. Parce que je ne pouvais pas jouer de la même manière. Je n'étais plus aussi physique.»

En attendant de savoir si les portes du Centre Bell rouvriront cette saison, Leblanc se prépare à retrouver son maillot des Bulldogs. Il se présentera à Brossard avec les autres Bulldogs demain pour des examens médicaux. Ensuite, il se pointera avec le club à Sherbrooke, où s'amorcera le camp d'entraînement de l'équipe samedi.

Pour celui qui a pris part à 42 matchs du Canadien la saison dernière, il pourrait s'agir d'un dur retour à la réalité... mais Leblanc préfère voir les choses autrement.

«Je n'ai que 21 ans, rappelle-t-il. C'est sûr que ce lock-out, c'est très décevant. J'ai connu de bons moments avec le Canadien la saison dernière, et ce que je voulais vraiment, c'était de me présenter au camp et de me battre pour un poste régulier avec l'équipe. Ce ne sera pas possible, mais je n'y peux rien. En attendant, je vais me préparer avec les Bulldogs. Ce sera à moi d'être prêt quand le conflit va être réglé.»