Le match des Étoiles de la LNH est derrière nous, et maintenant, toute l'Amérique va tourner les yeux en direction d'Arlington, lieu du prochain Super Bowl. Une grande finale où il y aura assurément des grandes gueules qui vont parler en masse, des joueurs qui vont tout faire pour se faire remarquer, et d'autres qui ne vont pas se gêner pour célébrer leurs bons coups devant leurs fans. Et personne ne va s'en plaindre.

Alors, pourquoi on s'emporte quand c'est P.K. Subban qui fait tout ça?

Le week-end du match des Étoiles nous a permis de revoir le P.K. que certains adorent... et que d'autres détestent. Samedi soir, lors du concours d'habiletés, on a vu le jeune défenseur du Canadien s'amuser, tenter des feintes impossibles. Et, pourquoi pas, on l'a vu emprunter le chandail d'un coéquipier!

Bien sûr, c'était la fin de semaine des Étoiles, et dans un cadre comme celui-ci, on tolère.

Mais les élans d'enthousiasme et les grandes manifestations de joie, on les tolère moins quand c'est un match de saison régulière, disons.

P.K. Subban n'a même pas une saison entière derrière la cravate, mais déjà, sa réputation le suit. Grande gueule. Parle trop. Met trop de moutarde. Bref, un comportement qui serait jugé normal si le jeune P.K. était un joueur de la NFL. Au football américain, des P.K. Subban, il y en a des dizaines et des dizaines.

Mais dans l'univers plus rigide du hockey, ça ne passe juste pas.

«Je ne vais pas changer le hockey, a-t-il répondu en fin de semaine, quand je lui ai parlé de cette réputation. Tout ce que je veux faire, c'est de jouer avec passion. J'ai toujours joué comme ça.»

Subban admet que toute cette attention le surprend un peu. «Auparavant, ce que je faisais sur la glace, personne n'en parlait. Ce n'était pas une grosse histoire. En même temps, je n'ai jamais été sous le microscope comme je le suis présentement. Dans cette ligue, tout ce que vous faites va être diffusé.»

Et ceux qui disent que P.K. Subban n'a aucun respect pour le hockey? «Au contraire, il faut respecter notre sport... Je ne crois pas que je manque de respect. Tout ce que je veux faire, c'est de jouer avec passion et énergie. Je me concentre là-dessus.»

C'est clair, le défenseur de 22 ans ne s'attendait pas à faire jaser autant cette saison. Doit-on rappeler les controverses? Il y a eu cette histoire avec Mike Richards, ces célébrations qui ont été jouées et rejouées à la télé, il y a eu ce froid avec Scott Gomez, et la fois où Jacques Martin l'a envoyé réfléchir un peu là-haut, sur la galerie de presse.

Et il y a eu ces rumeurs. En coulisses, on s'est mis à chuchoter qu'il tombait déjà sur les nerfs de ses coéquipiers...

«Ce n'est pas vrai. Je sais que les gars m'appuient. Je suis un jeune joueur, et il va y avoir des périodes d'apprentissage pour moi. C'est normal. Tout ce que je désire, c'est être moi-même. Je suis un gars énergique, je suis un gars qui aime avoir du plaisir.

«Tout ça fait partie de mon apprentissage. Je suis un jeune homme et j'apprends encore. C'est comme mon congé forcé sur la galerie de presse. Ça aussi, je pense que ça fait partie du chemin qu'il faut parcourir. Je suis encore une recrue, et je n'ai pas fini d'apprendre. J'en suis conscient.»

C'est peut-être son coéquipier et ami Carey Price qui l'a mieux décrit en fin de semaine. Quand on lui a demandé de résumer P.K. Subban en quelques mots, Price a répondu ainsi: «P.K., c'est P.K.»

En effet. Reste à voir si P.K. pourra continuer à être P.K. dans une ligue où l'on préfère les joueurs effacés.

Un «tailgate» au hockey

Dans la région de Raleigh, on peste souvent contre le RBC Center. On aime rappeler que l'aréna des Hurricanes de la Caroline est dans un champ, sur le bord de la route, et qu'on aurait dû le construire au centre-ville.

C'est vrai que les arénas dans un champ, ce n'est jamais très pratique. Il faut y aller en voiture, c'est toujours loin, et souvent, côté circulation, c'est le bordel. Les gens d'Ottawa en savent quelque chose.

Mais il y a un avantage à ça, et les partisans de la Caroline l'ont vite trouvé: un aréna dans un champ, ça veut dire de grands espaces pour le stationnement... et pour le «tailgate!»

Le «tailgate», c'est bien sûr cette tradition empruntée au football américain, qui consiste à arriver très tôt et plusieurs heures avant le match, puis à sortir le barbecue et la viande, la bière et les nachos, et à s'empiffrer avant que le match commence.

Écrit comme ça, c'est sûr, on dirait que ça manque un peu de classe, mais croyez-moi, c'est toujours spécial de voir ça.

Il faisait très chaud à Raleigh dimanche après-midi, et les fans en ont profité pour s'offrir un solide «tailgate», avec toutes les joies que cela suppose. Il y avait même des enfants qui jouaient au hockey entre les voitures garées.

Il y a ceci avec les fans de la Caroline: ils sont passionnés, ils connaissent leur hockey de plus en plus, et ils savent faire la fête.

Au fait, ce week-end des Étoiles dans l'état de Ric Flair a été tout à fait réussi. On ne savait trop à quoi s'attendre de ce week-end d'Étoiles au pays du NASCAR et du basket collégial, mais finalement, les gens de la Caroline peuvent s'en servir une froide et dire mission accomplie. On doutait du hockey en Caroline, mais franchement, la rondelle se porte très bien par ici.



De gros échanges à prévoir?

Avec les équipes de la ligue qui reprennent le collier lundi, on devine que les rumeurs d'échange vont aussi reprendre. Qui est vendeur, qui est acheteur, comme on se le demande si bien dans le milieu? On verra bien.

En tout cas, ce n'est pas ici à Raleigh que les DG de la ligue ont brassé de grosses affaires. Premièrement, ce ne sont pas tous les DG du circuit qui étaient ici, et en plus, la plupart des DG semblaient plus en mode vacances qu'en mode travail.

Les discussions sérieuses devraient tranquillement... mais pas trop, selon Brian Burke, le directeur général des Maple Leafs de Toronto. Burke ne s'attend pas à des coups d'éclat majeurs au cours des prochains jours.

«Je ne crois pas que le marché des échanges va se mettre à surchauffer de manière dramatique tout de suite, a commenté le DG torontois. Je ne pense pas qu'un DG de cette ligue va déjà sentir le besoin de transiger. Il reste encore beaucoup de temps, presque un mois avant la date limite des échanges. Un mois dans cette ligue, c'est très long.»

La date limite des échanges cette saison est le 28 février. Les rumeurs du retour de Kovalev à Montréal vont peut-être cesser d'ici là. Peut-être.



Photo: Bernard Brault, La Presse, archives

Le directeur général des Maple Leafs de Toronto, Brian Burke.

Giroux et les Flyers pourront-ils maintenir le rythme?

On s'attendait à une grosse saison de Mike Richards à Philadelphie, même chose pour Jeff Carter. Claude Giroux? Oui, on s'attendait à une bonne saison de Claude Giroux. Mais qui aurait pu prédire qu'à la pause des Étoiles, ce type allait être le meilleur pointeur du club, à égalité avec Richards?

Giroux était bien sûr au match des Étoiles dimanche, et dans ce vestiaire tout plein de gros noms, il passait un peu inaperçu. En plus, Claude Giroux n'aime pas trop parler de lui. On lui cause des succès des Flyers, et il se met tout de suite à discuter de ses coéquipiers.

Et ce match d'Étoiles?

«J'étais juste honoré d'être au match des Étoiles en fin de semaine, a-t-il répondu. C'était spécial. Mais là, j'ai hâte au reste de la saison. Je connais mon rôle avec l'équipe.»

Son rôle, manifestement, c'est de marquer. Et de passer la rondelle. Un rôle qu'il remplit fort bien, comme en fait preuve sa fiche de 47 points en 50 matchs.

«J'essaie seulement de remplir mon rôle, oui... J'ai toujours été le gars qui marquait des buts, mais avec les Flyers, on a tellement de joueurs qui sont capables de marquer...»

Reste à voir si les Flyers vont pouvoir continuer comme ça. Au fond, la vraie question, c'est celle-là: les Flyers sont-ils enfin prêts à passer «à l'autre niveau», comme on le dit dans le milieu?

L'an passé, ce club était à deux victoires d'une Coupe Stanley, après tout...

«On est vraiment bien partis, on joue bien dernièrement, mais nous devons trouver une façon de continuer comme ça», a expliqué le joueur francophone.

Ça fait plus de 30 ans que les Flyers tentent de trouver une façon. On verra bien si cette fois sera la bonne.

La citation du week-end

«Mon âge».

La réponse de Carey Price, quand on lui a demandé de nommer la plus grande différence entre le Carey Price du match des Étoiles de 2011, et le Carey Price du match des Étoiles de 2009.

La statistique digne d'intérêt

Selon un sondage de Hockey Night In Canada auprès de 318 joueurs de la LNH, c'est Québec qui mérite d'être considérée comme prochaine ville pouvant accueillir un club de hockey. En tout, 53% des joueurs interrogés ont dit Québec, contre 25% pour Winnipeg.

Ce que ça vient changer dans le dossier? Absolument rien.

L'autre statistique digne d'intérêt

Au moment d'amorcer le match des Étoiles, dimanche à Raleigh, il y avait un peu plus de 204 millions de dollars en salaires sur la glace du RBC Center.

Non, il n'y a pas de plafond salarial au match des Étoiles.

Le chiffre digne d'intérêt

On dit que la LNH est une ligue de jeunes? C'est vrai. Au match des Étoiles, la moyenne d'âge était de 26,6 ans pour Équipe Staal, et 27,6 ans pour équipe Lidstrom.

L'autre chiffre digne d'intérêt

Le nombre de mises en échec lors du match des Étoiles. Inévitablement, on relance le débat chaque année. Et on pose la même question: doit-on continuer à présenter ces matchs d'Étoiles?

Eh bien, en regardant dans les gradins, en regardant un peu parmi les fans en arrivant à l'aréna, j'ai possiblement trouvé la réponse: oui. Rien qu'à voir tous ces enfants sourire en voyant les supervedettes de la LNH, rien que pour ça, le match des Étoiles en vaut la peine.

Photo: Reuters

Claude Giroux