Dany Dubé a souri, hier, au bout du fil quand je lui ai rappelé cette entrevue prophétique du 24 novembre 2006, dans laquelle il avait chanté les louanges de Jaroslav Halak.

À l'époque, le jeune gardien de 21 ans connaissait un automne intéressant avec les Bulldogs, au point de menacer le poste de gardien numéro un de Yann Danis, après un hiver dans l'avion entre Hamilton, dans la Ligue américaine, et Long Beach, dans la Ligue de la côte Est.

Carey Price avait été repêché 18 mois plus tôt et poursuivait sa carrière à Tri-City, dans la Ligue junior de l'Ouest. Cristobal Huet était un héros à Montréal, secondé par David Aebischer.

Yann Danis, embauché à titre de joueur autonome quelques années plus tôt après une brillante carrière universitaire dans la NCAA, était encore considéré comme le gardien numéro quatre au sein de l'organisation.

Gardien d'avenir?

Dubé avait osé se mouiller alors que Halak était un illustre inconnu du public, et ma chronique était coiffée de ce titre: «Et si Halak était le gardien d'avenir du Canadien?»

«Je le vois aller depuis un bon moment, et j'ai été impressionné par lui dès la première fois où je l'ai vu à l'oeuvre dans les rangs juniors, avait confié l'analyste de CKAC, qui a lui-même été gardien aux niveaux collégial et universitaire. Je l'ai revu au camp d'entraînement cette année, et j'ai été impressionné de nouveau. Il y a quelque chose chez lui qui m'interpelle. Ça m'arrive avec certains joueurs. On sait qu'ils vont réussir. J'ai eu le même sentiment avec Matthew Lombardi (centre des Flames de Calgary) quand je l'ai vu jouer pour la première fois dans les rangs bantam. Même chose dans le cas de Simon Gagné. Halak a une présence devant le filet. Je dirais même une espèce d'aura qui fait en sorte que tous ses coéquipiers sont en confiance quand il garde le filet. Je suis convaincu qu'il connaîtra du succès dans la Ligue nationale malgré sa taille (5'11). Il possède des qualités qui me rappellent celles de José Théodore quand il est arrivé avec le Canadien, c'est-à-dire cette soif de réussir.»

Dubé se souvenait de l'entrevue. «C'est Clément Jodoin qui me l'avait fait découvrir alors que Halak, repêché en neuvième ronde par le Canadien en 2003, jouait pour son club à Lewiston. Je lui avais fait remarquer que je le trouvais très bon, et il m'avait répondu que Halak avait les atouts pour réussir.»

Hasek, Thomas, Vokoun...

Sans trop savoir ce que l'avenir allait réserver à Halak, j'avais rappelé qu'au début des années 90, les Blackhawks de Chicago avaient échangé un obscur choix de 10e ronde du nom de Dominik Hasek à Buffalo pour laisser toute la place au dauphin d'Ed Belfour, Jimmy Waite. Qu'à Boston, Andrew Raycroft devait être le gardien d'avenir après avoir remporté le trophée Calder en 2004, mais que c'est pourtant Tim Thomas, modeste choix de neuvième ronde des Nordiques, 10 ans plus tôt, qui avait obtenu le poste après s'être «perdu» quelques saisons en Europe, tandis que Raycroft est maintenant à Toronto. Que Tomas Vokoun, choix de neuvième ronde, était loin derrière Jocelyn Thibault, José Théodore et Mathieu Garon dans la hiérarchie des gardiens d'avenir du Tricolore lorsqu'il a été cédé aux Predators de Nashville, en 1998.

On ne peut prédire l'avenir. Gardera-t-on Price, qui montre un potentiel énorme? Halak, qui a connu une superbe saison et un splendide match d'ouverture contre les Capitals? Ou encore les deux, ce qui ne serait pas nécessairement une mauvaise idée? Une chose est sûre: Halak a fait du chemin depuis qu'il a été repêché par le Canadien.

Ironiquement, c'est justement un match contre Ovechkin, alors qu'il était âgé de 17 ans, qui a convaincu Trevor Timmins de repêcher Halak. Pourquoi était-il encore libre en neuvième ronde?

«Peut-être parce que son gabarit était moyen, peut-être parce qu'il s'est vraiment révélé seulement vers la fin de la saison de son année de repêchage au Championnat mondial des 18 ans et moins, avait confié Timmins à l'époque. Il a permis à son club de remporter la médaille d'argent en battant les Russes à lui seul à ce Championnat. Ça s'est rendu en fusillade et Alexander Ovechkin et Evgeni Malkin ont été incapables de le déjouer. Certains ont sans doute cru qu'il s'agissait d'un exploit isolé de sa part. Pas nous.»

Photo Graham Hughes, La Presse Canadienne

Jaroslav Halak, choix de neuvième ronde du Canadien au repêchage de 2003, s'impose comme un leader tranquille.