¬ Saku Koivu est un homme émotif, mais sa nature scandinave l'aide peut-être à camoufler ses sentiments. Mais à quelques heures de son premier rendez-vous avec son ancienne équipe, l'ancien capitaine du Canadien admettait volontiers que ce match n'allait pas être comme les autres.

«C'est une journée émotive et le match va l'être aussi, a-t-il convenu. Mais c'est une belle journée. C'est ce que mon père m'a rappelé ce matin. Certes, ç'aurait été plus émotif encore si le match avait eu lieu à Montréal. Mais je ne sais pas comment je vais réagir d'avoir le Canadien comme opposant. Ça ressemble à une nouvelle équipe, il y a beaucoup de nouveaux visages, mais le logo du CH reste le même.» Lorsqu'il s'est joint aux Ducks d'Anaheim en juillet dernier, après avoir signé un contrat d'un an comme joueur autonome, Saku Koivu s'est préparé du mieux qu'il a pu en vue de ce nouveau chapitre.

Mais quitter Montréal et s'ajuster à un nouvel environnement n'a pas été de tout repos pour le centre de 35 ans.

«Montréal me manque, ça a été une partie si importante de ma vie», nous a confié Koivu avant son premier rendez-vous en carrière avec son ancienne équipe.

«Les gens de la ville et du Canadien ont été fantastiques avec moi. C'est là que j'ai vécu la majorité de mes expériences de vie et nous (sa femme Hanna et lui) nous y sommes fait plusieurs amis. En même temps, on ne s'est jamais quel défi la vie nous apporte, et nous avons jugé qu'il était temps de vivre quelque chose de différent.» Koivu raconte qu'il a mis du temps à se sentir confortable à Anaheim et que les ajustements pour sa famille ont pris un moment.

«J'avais des inquiétudes pour mes enfants et l'école, surtout que ma fille de cinq ans parle davantage français qu'anglais, mais ça c'est bien passé, a ajouté l'ancien capitaine du Canadien. Sur la glace aussi ça m'a pris plus de temps à trouver ma place. Après toutes ces années à Montréal, je savais que ce ne serait pas facile, mais ça a été plus long que prévu.»

Aucun capitaine pour le remplacer

Il va sans dire que l'écart entre Anaheim et Montréal, en fait d'attention portée à l'équipe et au hockey, a déstabilisé l'ancien numéro 11 du Canadien.

«C'est évidemment différent de ce à quoi j'étais habitué, a reconnu Koivu. Mais c'est rafraîchissant de pouvoir aller au resto ou d'emmener les enfants à la plage sans avoir à expliquer la défaite de la veille. En même temps, c'est ce qui fait de Montréal un endroit si spécial.» Koivu a bien sûr pris note du fait que le Tricolore ne lui avait pas encore trouvé de remplaçant à titre de capitaine.

Le Finlandais a rempli ce rôle dans dix des 13 saisons qu'il a passées à Montréal.

«Il y a beaucoup de nouveaux joueurs dans l'équipe et peut-être ont-ils jugé qu'ils n'avaient pas le candidat idéal parmi ceux qui étaient déjà là avant, a suggéré Koivu. Andrei Markov a démontré au fil des ans à quel point il était bon, et les joueurs savent qu'il n'est pas aussi silencieux que la majorité des gens le pensent. Aussi, je suis sûr qu'il ferait de l'excellent travail comme capitaine. Mais je suis moins sûr qu'il se sentirait confortable avec ce rôle-là. Je sais qu'ils veulent prendre le temps pour être à l'aise avec leur choix. Au-delà de cela, c'est difficile pour moi de commenter.»

La filière finlandaise

La présence de Teemu Selanne avec les Ducks a rendu la décision de signer à Anaheim plus facile pour Koivu. Leurs succès sur la scène internationale promettaient de belles choses, même si les deux Finlandais approchent la fin de leur carrière.

«Malheureusement, ça a été une saison difficile pour lui en raison des blessures. Il marquait beaucoup de buts et se dirigeait vers une belle campagne avant que la malchance ne s'abatte sur lui.» Les deux coéquipiers ont cependant fait la paire à l'occasion des Jeux olympiques au terme duquel la Finlande a remporté la médaille de bronze.

«Le tournoi n'est pas allé de la façon dont nous l'anticipions car nous avons connu des moments difficiles, entre autres lors de notre match face à la Russie, a rappelé Koivu. Mais je suis fier de la façon dont nous sommes revenus de cette défaite et de la façon dont nous avons bataillé lors du match pour la médaille de bronze. Si quelqu'un m'avait dit, il y a 20 ans, que je récolterais un jour quatre médailles olympiques, je ne l'aurais pas cru!» Il lui reste bien sur une Coupe Stanley à ajouter à son palmarès. Sauf qu'avant d'affronter le Tricolore, les Ducks accusaient un retard de cinq points sur les Red Wings de Détroit et le huitième rang de l'Association Ouest.

Les Ducks se battent donc autant que le Canadien pour leur survie.

Saku Koivu, en tout cas, se bat.

Comme il l'a toujours fait.