Benoit Pouliot est surtout reconnu comme le centre surdoué qui faisait saliver certains recruteurs du Canadien, dont André Savard, à la veille du repêchage de 2005.

Ce grand attaquant de 6 pieds 3 pouces et 200 livres possède un coup de patin étonnant pour un bonhomme costaud, des mains exceptionnelles, et des spécialistes prédisaient même qu'il pourrait être repêché au deuxième rang derrière Sidney Crosby cette année-là, tellement son talent crevait les yeux.

 

Pouliot, un Franco-Ontarien originaire d'Alfred, a été repêché quatrième après Crosby, Bobby Ryan et Jack Johnson. Savard n'a pas caché sa déception à la table des recruteurs du CH cette journée-là et le Tricolore a finalement repêché Carey Price au cinquième rang pour son plus grand bonheur.

Depuis, Pouliot a souvent laissé les dirigeants du Wild perplexes. Il n'a pas explosé comme on pouvait s'y attendre à sa dernière année junior à Sudbury, et il a connu des saisons très ordinaires à l'attaque à ses deux premières années chez les pros, avec les Aeros de Houston, dans la Ligue américaine. Il s'est contenté de 36 points en 67 matchs, il y a deux ans, puis de 24 points en 46 rencontres l'an dernier.

Et voici que le Wild vient de lui faire savoir de se trouver un appartement au Minnesota.

Son ardeur au travail a souvent été remise en question et certains n'ont pas hésité à affirmer qu'il ne ferait pas une grande carrière. Malgré tout, le DG Doug Risebrough et l'entraîneur Jacques Lemaire n'ont jamais cessé de répéter que la progression du jeune homme suivait une pente ascendante.

Quand Risebrough a échoué dans sa tentative d'acquérir Olli Jokinen lors du repêchage, à la fin juin, il était clair que le poste de deuxième centre offensif derrière Mikko Koivu était libre. Et le patron du Wild n'a jamais cessé de répéter que le poste appartenait à Pouliot s'il le voulait. Le jeune homme de 21 ans semble répondre à l'appel depuis l'ouverture du camp. Et de façon spectaculaire. Il a marqué le but gagnant lors de la première rencontre préparatoire, et son jeu dans l'ensemble a été très relevé. Selon le plan, il se retrouverait entre le vétéran Owen Nolan et le Québécois Pierre-Marc Bouchard, qui soigne actuellement une blessure.

Certains de ses ardents défenseurs de la première heure affirment même qu'il faudra le surveiller comme l'un des candidats au trophée Calder, remis à la recrue par excellence.

Le très branché chroniqueur du quotidien Star-Tribune, Michael Russo, ne va pas aussi loin, mais il n'a pas tari d'éloges à son endroit après le premier match. «Benoit Pouliot a été extraordinaire. Tu ne peux pas posséder autant de talent et ne pas réussir. Je sais que certains joueurs remplis de talent n'ont jamais connu de succès dans la LNH, mais ça ne sera pas son cas.»

Confiance

Pouliot est évidemment heureux de ses performances, mais il ne veut pas trop s'emballer. «Il reste quand même 11 jours d'entraînement, a-t-il rappelé hier midi après l'entraînement de l'équipe. Mais ça va bien. Les entraîneurs sont très contents. La défense demeure la priorité au Minnesota, mais si j'ai une occasion d'aller à l'attaque, j'en profite, comme je l'ai fait dans le dernier match. C'est sûr que le fait d'entendre Doug Risebrough dire avant le camp que j'ai une place avec l'équipe a aidé côté confiance.»

À quoi attribue-t-il ses premières années ardues dans les rangs professionnels? «J'ai eu des ajustements importants à apporter à mon jeu parce que je devais m'améliorer défensivement alors que j'ai toujours été très offensif. Mais j'ai travaillé avec Kevin Constantine dans les mineures l'an dernier et j'ai appris beaucoup avec lui. J'ai été rappelé par le Wild pour les deux derniers mois de la saison et ça a bien été.»

Et sa relation avec Lemaire? «Tu ne le vois pas vraiment à part lors des entraînements et des matchs; mais si tu fais une erreur, il va te le dire. Si tu as un mauvais exercice le matin, tu ne joueras peut-être pas en soirée. Il est exigeant. Mais c'est très correct. Mario (Tremblay), c'est Mario. Il se tient plus avec les joueurs, mais il peut aussi te le dire quand tu fais des erreurs. Tu peux aussi lui demander un avis si tu en as besoin.»

Pouliot croit que ceux qui excluent le Wild des séries se trompent. «On a perdu de bons joueurs comme Demitra et Rolston, mais nous sommes allés chercher de bons vétérans comme Nolan et Brunette. Nolan a joué 17 ans dans la Ligue et il est bon avec les jeunes. Il me parle tout le temps sur la glace ou sur le banc pour me conseiller. C'est peut-être le meilleur groupe de défenseurs depuis longtemps. Notre gardien Backstrom, tu veux l'avoir de ton côté.»

Le Tricolore a longtemps eu Pouliot à l'oeil. Pierre Gauthier l'a même suivi pendant trois matchs l'hiver dernier alors qu'il jouait pour Houston. On saura sous peu si le CH a bien fait ou non de ne pas l'acquérir finalement