Finalement, c'est peut-être Pierre Gauthier qui avait raison.

Il y a un peu plus d'un an, l'ex-directeur général du Canadien a tenté un grand coup: échanger un problème contre un autre. C'est ainsi que le Canadien a échangé aux Flames de Calgary Mike Cammalleri, un joueur dont le rendement n'était plus assez bon aux yeux de la direction. En retour, les Flames ont aussi offert un joueur qui ne répondait plus à leurs attentes, l'attaquant Rene Bourque. Patrick Holland, Karri Ramo et deux choix au repêchage ont complété la transaction.

Pierre Gauthier a été critiqué pour cette décision, ainsi que pour la manière dont les choses se sont passées (qui échange un joueur en plein match?). Mais un an plus tard, Cammalleri n'a que quatre points en sept matchs avec les Flames, dont deux obtenus hier à Detroit. Bourque semble quant à lui vivre une forme de renaissance avec cinq points, dont trois buts, en huit rencontres depuis le début de la saison.

Quand les Bruins de Boston débarqueront au Centre Bell, ce soir, ils retrouveront en Bourque un joueur différent, qui joue enfin comme il en est capable.

«C'est un nouveau départ pour moi, a expliqué l'attaquant de 31 ans, hier à Brossard. Il y a aussi le fait que je me sens beaucoup mieux cette saison. L'opération a beaucoup aidé. Je ne savais pas trop quoi faire, mais finalement, ma décision d'accepter l'opération a été la bonne.»

Bourque le dit souvent: il n'était pas vraiment lui-même au moment d'arriver à Montréal, il y a un peu plus d'un an. La raison? Une hernie sportive, qui l'a forcé à subir une opération pour une déchirure de la paroi abdominale.

D'une certaine façon, le lock-out que l'on sait est tombé à point pour lui, puisqu'au moment de l'opération, en août, la direction du Canadien évoquait une période de convalescence de 8 à 12 semaines.

Il y avait la blessure, donc, mais aussi le changement de décor, qui explique également en partie sa récolte de seulement 8 points en 38 matchs avec le Canadien la saison dernière.

«En plus, j'ai été suspendu deux fois presque coup sur coup, ajoute-t-il. J'ai dû me mettre à jouer de manière prudente. Mais Michel [Therrien] était heureux de mon jeu au camp d'entraînement. Avec Michel, ce n'est pas très compliqué. S'il n'est pas content de ton jeu, il te le dit... Je joue mieux, mais j'ai encore des choses à améliorer.»

Max Pacioretty se souvient très bien du soir, à Boston, où Cammalleri a dû partir en plein match pour laisser sa place à Bourque.

«Sur le banc des joueurs, ce soir-là, on ne savait pas trop ce qui se passait, a-t-il raconté. Et Rene est arrivé ici avec les blessures et les attentes... Mais son départ cette saison a vraiment aidé l'équipe à obtenir des victoires.»

Tomas Plekanec voit lui aussi une différence entre le Bourque actuel et celui d'il y a un an. «Il joue à sa manière, a expliqué le joueur tchèque. Ç'a été dur pour lui la saison dernière, mais il est arrivé cette saison avec une nouvelle approche.»

Bien sûr, 2013 ne fait que commencer, et il est encore trop tôt pour tirer de grandes conclusions. Mais on peut admettre que, soudainement, cet échange rapide signé Pierre Gauthier par un soir de janvier à Boston ne paraît plus si mauvais.

«Je ne sais pas ce qui se passe avec Mike Cammalleri à Calgary, et je ne vais pas me mettre à consulter ses statistiques, a répondu Bourque au sujet de la transaction. J'ai joué avec lui à Calgary, et tout ce que je peux dire, c'est que je lui souhaite la meilleure des chances.»