Le tunnel St. Gotthard est le deuxième plus long tunnel routier du monde. Quand on en sort après 17 kilomètres, on a quitté la Suisse allemande pour pénétrer en Suisse italienne. Le décor s'ouvre alors sur une vallée bordée de pics majestueux au milieu de laquelle passent l'autoroute, la voie ferrée, les pylônes électriques... et un petit chemin de campagne qui traverse Ambri et Piotta en un rien de temps.

Ça joue au hockey ici? Eh oui, depuis 1937. Le Hockey Club Ambri-Piotta (HCAP) est une véritable institution dans la région. À tel point que les soirs de match, il y a plus de gens à la patinoire Valascia que dans toute la commune.

Deux petits villages, donc, où ça ferme tôt et où parfois ça n'a pas l'air d'ouvrir. Rassurez-vous, ce n'est pas là que Max Pacioretty réside. Le HCAP lui a trouvé un appartement à Ascona, une station balnéaire sur les bords du lac Majeur.

«C'est une ville touristique où il y a beaucoup de choses à faire et le train de vie y est beaucoup plus relax que ce à quoi j'étais habitué», raconte l'attaquant américain.

Seul hic: les jours de match à domicile, Pacioretty se tape deux allers-retours entre la maison et la Valascia. C'est six heures de conduite en tout.

«Je m'habitue, mais ça me fait réaliser à quel point on est traité aux petits oignons dans la LNH, raconte Pacioretty. Tandis qu'ici, c'est davantage la vraie vie. Des choses comme ça me font apprécier davantage le travail des préposés à l'entraînement et de tous ceux qui oeuvrent dans l'ombre à Montréal.»

Compétition et qualité de vie

Pacioretty voulait continuer de baigner dans un climat compétitif malgré le lock-out qui sévit dans la LNH. Il a opté pour la Ligue suisse plutôt qu'une autre en raison de la qualité de vie qu'on y retrouve.

«Le calibre de jeu en Suisse se compare à celui de la KHL, affirme-t-il. La différence, c'est le style de vie. Mon épouse Katia est Russe et avec toutes les histoires qu'elle a entendues de son frère [Maxim Afinogenov], elle ne voulait pas que j'aille dans la KHL.»

Heureusement qu'il y a Ascona pour la qualité de vie. Mais pour ce qui est de la compétition, alors là, Ambri n'en manque pas! Le HCAP végète au dernier rang du classement de la Ligue nationale suisse et n'a gagné aucun match depuis que l'attaquant de 23 ans endosse le bleu et blanc.

En fait, les «capi» ont perdu hier leur 10e match de suite, un revers de 5-3 aux mains de Jason Spezza et des Lakers de Rapperswil.

Pacioretty n'a pu y faire grand-chose, lui qui a dû rater un deuxième match cette semaine en raison d'un virus.

«Perdre mes cinq premiers matchs avec Ambri n'est évidemment pas ce que j'anticipais, mais avant de me préoccuper de marquer des buts, je dois aider à tout mettre en place pour qu'on puisse gagner des matchs.»

Après avoir été accueilli en héros à Ambri, Pacioretty n'a inscrit qu'un but en cinq rencontres. Il sait que les attentes sont grandes.

«Ça me prend un petit peu de temps à m'ajuster, mais d'ici à ce que je reparte, j'aurai eu l'occasion de donner aux partisans une meilleure idée de ce que je peux faire.»

Pacioretty héros... local?

Ce qui pourrait lui permettre d'étirer la patience des partisans dans ce contexte, c'est... son héritage familial.

En effet, des gens de l'endroit se sont penchés sur la généalogie de Pacioretty, dont la famille provient du nord de l'Italie. Ils auraient découvert que l'attaquant a des origines suisses!

«Oui, quelqu'un m'a dit ça, raconte Pacioretty en rigolant. Je n'en sais trop rien, mais mon père dit tout le temps que si mon grand-père était né une trentaine de milles au nord, nous serions Suisses.

«Je comprends mieux ce que ça veut dire maintenant...»