Entre l'arrivée de Maurice Richard dans la Ligue nationale et la Coupe Stanley de 1993, le Canadien a remporté 20 titres et n'a raté les séries éliminatoires que deux fois. Mais cette année, le Tricolore ne sera pas des séries pour la septième fois depuis la dernière conquête de 1993.

Cela illustre d'une part combien une glorieuse organisation a pu perdre de son lustre en une génération. Mais du même souffle, il ne faut pas se surprendre si quelques-unes des pires saisons de l'histoire du Canadien se soient révélées au cours des récentes années.

Le Tricolore termine dernier de l'Association de l'Est cette année. Mais faut-il pour autant croire qu'il s'agisse de sa pire saison dans l'ère moderne?

Ce petit exercice sans prétention vise à comparer trois saisons désastreuses et à déterminer laquelle serait la pire équipe dans l'histoire du Canadien. Résultat: l'équipe actuelle évite l'affront de justesse.

2000-2001

LA FICHE

28-40-8-6 (,427) 24e au classement général

6/30

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL

Réjean Houle

Cette saison a marqué sa sixième et dernière à titre de DG. Le Canadien ratait les séries pour une troisième année de suite. Les fondations du milieu des années 90 s'étaient écroulées, les Roy, Turgeon, Damphousse et Recchi étant tous partis. D'autres joueurs ayant eu de bonnes carrières (Vokoun, Conroy, Bure) avaient été délaissés comme du menu fretin. Il ne restait plus rien. En prime, le CH n'aura repêché parmi les 10 premiers qu'une seule fois sous Réjean Houle (Mike Komisarek, 7e en 2001).

2/10

L'ENTRAÎNEUR-CHEF

Alain Vigneault, Michel Therrien

Vigneault avait fait des miracles la saison précédente, mais n'avait récolté que cinq victoires en 20 matchs au moment de céder sa place à Therrien, qui pilotait le club-école à Québec.

6/10

LES JOUEURS-CLÉS

Saku Koivu, José Théodore, Oleg Petrov, Brian Savage, Patrice Brisebois

2/10

LE FACTEUR BLESSURES

531 hommes-matchs manqués (1er)

10/10

FORCES ÉGALES ET UNITÉS SPÉCIALES

Ratio de buts pour/buts contre à forces égales: 0,93 (21e)

Avantage numérique: 16,1% (16e)

Désavantage numérique: 82,2% (21e)

1/5

LA MARQUE SANS NOM

Le taux de succès de ,427 cette année-là est le pire des 60 dernières années. Le noyau de talent était désastreux au départ, mais voilà que le CH a menacé son propre record de joueurs-matchs ratés (535) datant de la saison précédente. Résultat: des sans-noms comme Andrei Bashkirov, Juha Lind, Johan Witehall et Barry Richter se sont retrouvés dans la formation. Et voir évoluer les Éric Houde, Matthieu Descôteaux, Christian Laflamme, Patrick Traverse, Éric Bertrand et Francis Bélanger avait de quoi remettre en question les diktats sur la nécessité d'avoir des Québécois avec le CH!

5/25

LES RÉPERCUSSIONS

On a cru cette année-là que le Tricolore avait atteint le fond du baril. Les sièges vides au Centre Molson se comptaient par milliers et le surnom des Glorieux avait disparu du jargon pour ne plus jamais revenir. Mais l'arrivée d'André Savard comme DG, l'émotive bataille de Saku Koivu et les exploits de José Théodore allaient redonner un semblant d'espoir la saison suivante.

RÉSULTAT: 32%

2008-2009

LA FICHE

41-30-11 (,567)

13e au classement général

17/30

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL

Bob Gainey

En poste depuis mai 2003, Gainey avait conçu un plan quinquennal qui culminait sur la saison du centenaire de l'équipe. Mais, éliminée dès la première ronde sous les huées et les moqueries envers Carey Price, l'équipe n'a pas été l'ombre d'une prétendante à la Coupe au bout de ces cinq ans. Le plan avait échoué, la moitié des joueurs terminaient leur contrat, et Gainey devait repartir à zéro.

3/10

L'ENTRAÎNEUR-CHEF

Guy Carbonneau, Bob Gainey

Gainey avait identifié Carbo comme son meilleur coup au bilan de mi-saison. Deux mois plus tard, il le virait après avoir constaté que les joueurs n'étaient absolument plus réceptifs à ses directives. En prenant place derrière le banc, Gainey a sauvé in extremis la présence du Canadien en séries.

4/10

LES JOUEURS-CLÉS

Saku Koivu, Alex Kovalev, Alex Tanguay, les frères Kostitsyn, Christopher Higgins, Andrei Markov, Michael Komisarek, Carey Price

7/10

LE FACTEUR BLESSURES

263 hommes-matchs manqués (13e)

5/10

FORCES ÉGALES ET UNITÉS SPÉCIALES

Ratio de buts pour/buts contre à forces égales: 0,96 (17e)

Avantage numérique: 19,2 (13e)

Désavantage numérique: 82,4% (11e)

3/5

UN VESTIAIRE CONTAMINÉ

C'était une équipe de milieu de peloton au plan statistique, mais pouvait-on seulement parler d'une «équipe» ? Le Tricolore avait terminé premier dans l'Est l'année précédente et rêvait de Coupe Stanley pour souligner son centenaire. Au lieu de cela, il a vécu «trois saisons de Lance et Compte en un an», comme l'avait déclaré Guillaume Latendresse. Des scandales, des rumeurs qui n'en finissent plus, une partie de bowling, Carbo congédié, plusieurs joueurs qui régressent, les rumeurs de vente de l'équipe, les vacances forcées d'Alex Kovalev... Impossible de connaître du succès dans une atmosphère aussi pourrie.

7/25

LES RÉPERCUSSIONS

Gainey a profité l'autonomie de plusieurs joueurs pour se concocter un nouveau noyau. Pour le meilleur et pour le pire. Il a consenti de généreux contrats à des joueurs autonomes en plus de se placer dans une situation où il était forcé d'aller chercher un centre de premier trio. L'échange de Scott Gomez a été fiasco. L'équipe a eu des soubresauts de succès mais ce noyau de vétérans est aujourd'hui périmé.

RÉSULTAT: 46%

2011-2012

LA FICHE

30-35-17 (,469) 28e au classement général

3/30

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL

Pierre Gauthier

Il a profité de l'embellie en séries éliminatoires, au printemps 2010, pour imposer son style. À la fois invisible et hyper-contrôlant, il a créé une atmosphère de travail suffocante dans tous les paliers de l'organisation. L'embauche de Randy Cunneyworth a été un désastre de relations publiques. Au plan hockey, le contrat d'Andrei Markov et les solutions de rechange pour le remplacer (Campoli, Kaberle), de même que des décisions prises à des moments étranges, ont transformé cette saison en véritable cirque.

3/10

L'ENTRAÎNEUR-CHEF

Jacques Martin, Randy Cunneyworth

Martin, qui a été congédié avec une fiche de 13-12-7, n'aurait peut-être pas amené cette édition du Canadien en séries, mais l'aurait au moins gardé compétitive. Son dossier de 17-23-9 fait de Cunneyworth l'entraîneur-chef avec le pire taux de succès (,439) dans l'histoire de l'équipe depuis «Pit» Lépine en 1939-40.

4/10

LES JOUEURS-CLÉS

Carey Price, Erik Cole, Max Pacioretty, David Desharnais, Tomas Plekanec, P.K. Subban

7/10

LE FACTEUR BLESSURES

430 hommes-matchs manqués (1er)

9/10

FORCES ÉGALES ET UNITÉS SPÉCIALES

Ratio de buts pour/buts contre à forces égales: 0,94 (19e)

Avantage numérique: 14,4% (28e)

Désavantage numérique: 88,4% (2e)

2/5

MENTALITÉ DE PERDANT?

C'est la première fois depuis 1939-1940, alors qu'il avait fermé la marche d'un classement de sept équipes, que le Canadien est dernier de son association. L'équipe n'a jamais fait pire que 28e sur 30 équipes. Comme en 2000-2001, les blessures n'ont pas aidé. Mais compte tenu du noyau de cette équipe, elle n'aurait jamais dû plonger si bas. Faut-il mettre cela sur le compte d'une «mentalité de perdant», comme l'a suggéré Michael Cammalleri? Chose certaine, le Canadien n'a remporté que 11 matchs sur 37 décidés par la marge d'un but. Il n'a effacé un déficit de deux qu'une seule fois pour l'emporter et n'a gagné qu'un match sur 32 lorsqu'il tirait de l'arrière après deux périodes.

8/25

LES RÉPERCUSSIONS

Le Canadien n'est «pas si loin», plaide Max Pacioretty. Il y aura un nouveau DG et un nouvel entraîneur-chef. Markov devrait enfin jouer une saison complète, Gionta sera de retour et Gomez devrait être expédié sous d'autres cieux. Mais il restera d'autres lourds contrats. Il y a des trous béants dans la formation et peu de munitions pour se renforcer via un échange. Les meilleurs espoirs de l'équipe ne seront pas encore prêts. Le CH n'a donc pas le droit de se tromper en première ronde du prochain repêchage.

RÉSULTAT: 36%

LES PIRES ÉQUIPES D'AUTREFOIS

1925-26 : 11-24-1 (,319)

Georges Vézina meurt de la tuberculose durant la saison. Les Maroons de Montréal, pendant ce temps, remportent leur première Coupe Stanley.

1935-36 : 11-26-11 (,344)

Le Canadien accumule les déficits et Léo Dandurand vend l'équipe à rabais après que des rumeurs de déménagement à Cleveland aient circulées.

1939-40 : 10-33-5 (,260)

La dernière fois où le CH a terminé dernier du classement général, qui comptait cette année-là sept équipes.



1947-48 :
20-29-11  (,425)

C'est la fin de la Punch Line. Maurice Richard connaît une saison difficile et Toe Blake, blessé à une cheville, amorce sa carrière d'entraîneur.