Dans la deuxième moitié des années 1980, trois équipes ont remporté la Coupe Stanley: les Oilers d'Edmonton, les Flames de Calgary et le Canadien.

Comme les temps ont changé.

On était loin de la finale de 1989, mardi soir à Calgary, alors que Flames et Canadien, avec des alignements peu inspirants (ou peu inspirés, à votre guise), ont rivalisé d'inaptitude.

Défait dans sept de ses huit derniers matchs, le Tricolore traîne maintenant son blues à Edmonton où il rencontrera jeudi les Oilers, une autre équipe qui est à des lustres de ses grandes années.

Si le Tricolore devait échapper cette rencontre, les Oilers le devanceraient au 28e rang du classement général de la LNH.

On baptise déjà ce match la «bataille du boulier» car il fera le délice de ceux qui souhaitent au Canadien les meilleures chances possible à la loterie Yakupov/Grigorenko. Pour ces gens-là, ce sera un vrai match de -4 points.

Mais pour les joueurs, l'enjeu est tout autre. Ça devient vraiment une question de fierté.

«On ne regarde plus trop le classement, admet David Desharnais. On enfile le gilet du Canadien, on veut donner de bonnes performances et prouver qu'on peut jouer dans la LNH.»



Sans pression, vraiment?


On dit souvent des équipes éliminées qu'elles deviennent dangereuses, car elles jouent sans pression. Mais quand il s'agit du Canadien, ça ne se passe pas exactement comme ça.

«Disons que c'est un peu différent par rapport à ce que ça pourrait être pour les Panthers de la Floride s'ils étaient dans notre position», reconnaît Max Pacioretty, qui a inscrit ses 27e et 28e buts de la saison dans le revers de 5-4, mardi.

«La pression des fans et des médias ne disparaîtra pas et c'est une bonne chose. Personne ne s'en tire sans rendre de compte dans une ville comme Montréal.

«Cela dit, il y a quand même moins de pression que si l'on était au coeur de la course pour les séries.»

La frustration et la difficulté à se motiver se mêlent en ce moment dans un déplaisant cocktail. Le seul refuge pour les joueurs, et il n'est pas sans dangers, c'est de se préoccuper de son propre sort.

«En ce moment, on joue pour nos intérêts personnels, que ce soit un nouveau contrat ou solidifier son poste dans la formation», soutient Pacioretty, traduisant une pensée partagée par ses compagnons de trio.

«Je n'ai pas de problème avec le fait que les joueurs jouent pour eux-mêmes, pourvu qu'ils demeurent dans le concept d'équipe, a indiqué Randy Cunneyworth. Quel que soient leurs ambitions personnelles dans un match, c'est correct en autant que ça rencontre les aspirations de l'équipe.»



Seul au sous-sol


On dit aussi des équipes éliminées qu'elles peuvent à loisir jouer les trouble-fête. Or, certains joueurs du Canadien ne semblent pas intéressés à jouer ce rôle.

Prenez Rene Bourque. Il en était à son premier match face à son ancienne équipe et pouvait mettre des bâtons dans les roues des Flames, qui peinent à rester dans le portrait des séries.

Or, il a affiché une indifférence semblable à celle qui lui était reprochée à Calgary. En terminant la soirée à -2, il a affiché un différentiel négatif pour une huitième rencontre d'affilée.

Bourque est -13 durant ces huit matchs.

Le Canadien a pourtant marqué quatre buts face aux Flames. Mais, comme quoi on ne freine pas l'innovation, c'était la première fois cette saison qu'il perdait en temps réglementaire après avoir inscrit quatre buts (13-1-3).

Tel un adolescent, le CH est maintenant bien installé dans le sous-sol. Celui de l'Association Est, s'entend. Les Hurricanes de la Caroline ont pris quatre points d'avance sur le CH au 14e rang dans l'Est et pouvaient creuser l'écart davantage mercredi soir.

C'est le genre de chose qu'on regarde lorsqu'on commence à penser au repêchage.

Mais contempler le fond peut devenir long lorsqu'il reste 15 matchs à jouer dans la saison...