Rene Bourque a passé trois saisons et demie avec les Flames de Calgary, et c'est dans l'entourage de cette équipe que nous avons pu en apprendre davantage sur l'attaquant un brin ténébreux dont le Canadien a fait l'acquisition, le 12 janvier.

«C'est un gars introverti qui garde beaucoup de choses en dedans de lui, décrit l'entraîneur-chef des Flames, Brent Sutter. Il faut faire l'effort de s'approcher de lui. On passait beaucoup de temps seul à seul et l'on travaillait sur le présent. On s'attardait à son jeu d'ensemble et non pas au fait de marquer des buts.

«En ce qui a trait à son manque de constance, a indiqué Sutter, la question est de sortir de cet esprit où il doit absolument marquer dans une rencontre.»

C'est l'ex-directeur général des Flames, Darryl Sutter, qui a consenti à Bourque une prolongation de contrat de six ans pour 20 millions, en février 2010. Bourque se dirigeait à l'époque vers la première de ses deux saisons de 27 buts à Calgary.

«La pression et les attentes qui ont suivi la signature de son contrat ont affecté son jeu, a expliqué à La Presse l'actuel DG des Flames, Jay Feaster.

«C'est comme s'il s'était dit qu'il devait absolument être un marqueur afin de justifier ce contrat alors que c'est son jeu physique et efficace dans les deux sens de la patinoire qui avait encouragé les Flames à le lui donner.»

Bourque lui-même admet que des problèmes de confiance ont nui à sa constance.

«Quand je traverse une léthargie, j'ai tendance à vouloir marquer à tout prix et à serrer mon bâton trop fort, nous a dit Bourque. En ce sens, mes conversations avec Brent Sutter me ramenaient toujours à la base.»

Le hic, c'est que ces discussions étaient devenues pesantes aux yeux des Flames, qui ont pris la décision tôt dans la saison de regarder les possibilités de transaction.

«Il y a beaucoup de temps qui a été investi avec lui, ce qui est une bonne chose... jusqu'à un certain point, soutient Feaster. Vient un moment où le joueur doit pouvoir voler de ses propres ailes.»



Craig Conroy a recommandé Cammalleri

Les Flames et le Canadien ont commencé à discuter de Michael Cammalleri au début du mois de novembre.

«Peut-être que ses commentaires ont accéléré le processus vers la fin», suggère Craig Conroy qui, au terme d'une carrière de joueur qu'il avait entreprise à Montréal, est devenu l'adjoint spécial de Feaster.

Conroy avait joué avec Cammalleri à Los Angeles et lors de son passage précédent avec les Flames. C'est lui qui, à partir d'une liste de recommandations, a aiguillé son patron vers Cammalleri.

«Nous avions des blessures et nous n'étions pas bien nantis au centre, sans compter que l'on doit signer Olli Jokinen à la fin de la saison, a expliqué Conroy. J'ai fait valoir à Jay que Cammalleri était un centre naturel et qu'il pouvait être une solution intéressante pour nous puisqu'il peut jouer autant au centre qu'à l'aile.»

Même si Cammalleri n'a récolté que six buts et 11 points en 21 matchs depuis son arrivée à Calgary, les Flames se disent heureux de sa contribution.

«Je lis les journaux et je ne suis pas certain de savoir ce à quoi les gens s'attendaient de lui, dit Feaster. Pensaient-ils qu'il serait l'homme d'un point par match?

«Sa production est satisfaisante et il est responsable défensivement. De plus, c'est un "nerd du hockey" qui se veut une bonne présence sur le banc et dans le vestiaire. Car de manière générale, notre équipe est beaucoup trop silencieuse.»

Karri Ramo : le meilleur d'Europe?

Les Flames se réjouissent d'avoir mis la main sur Cammalleri. Non seulement pour la flexibilité qu'il leur apporte sur la glace, mais aussi dans les livres comptables.

«Son salaire est plus gros, mais il est de plus courte durée que celui de Bourque, rappelle Feaster. La durée des contrats est très importante.»

Le temps dira laquelle des deux équipes a eu le dessus dans cette transaction. L'espoir Patrick Holland et le choix de deuxième ronde en 2013 que le Tricolore a obtenu pourraient faire la différence.

Mais les Flames ont une carte cachée en Karri Ramo.  

Jay Feaster est celui qui avait repêché le gardien finlandais avec le Lightning de Tampa Bay, en 2004, et il tenait à ce qu'il fasse partie de la transaction.

«Nos dépisteurs professionnels estiment que Ramo est le meilleur gardien en Europe et que ça va être un vrai», a-t-il expliqué.

Ramo, qui évolue pour l'Avangard Omsk dans la KHL, n'avait aucun intérêt à joindre le Canadien puisque la présence de Carey Price limitait ses ambitions.

Ça pourrait changer chez les Flames.

«Il ne viendra pas l'an prochain puisqu'il sera encore sous contrat dans la KHL, mais nous sommes confiants qu'à l'échéance de ce contrat, il sera des nôtres la saison suivante, soutient Feaster.

«Son agent comprend que c'est une acquisition axée sur le long terme, lorsque Miikka Kiprusoff aura décidé d'arrêter de jouer.»