Serge Savard est né dans le village de Landrienne, en Abitibi. Au début des années 50, les petits garçons n'avaient pas grand-chose à faire l'hiver sinon que de suivre à la radio les exploits du Canadien.

C'est pourquoi l'impression que lui avait laissée Jean Béliveau alors qu'il n'avait que 6 ans est encore si vive aujourd'hui.

«Je me souviens que lorsqu'il a été rappelé par le Canadien en 1952, Jean avait compté cinq buts à ses trois premiers matchs, raconte le Sénateur. Notre idole à tous était Maurice Richard, mais Béliveau était devenu l'idole de beaucoup de monde par la suite - y compris la mienne.»

Savard a connu Béliveau comme jeune partisan, mais aussi comme coéquipier, puisqu'il l'a côtoyé à ses quatre premières saisons dans la LNH. Il se souvient encore de ses débuts dans l'organisation du Tricolore, alors qu'il portait l'uniforme du Canadien junior. Celui-ci partageait les installations du Forum avec le grand club.

«Quand je suis arrivé dans le vestiaire, je suis tombé face à face avec lui; c'était la première fois que je le rencontrais, confie Savard. Il m'a donné la main et m'a dit: "Bienvenue, Serge." Pourtant, je ne lui avais jamais parlé de ma vie! Or, il savait qui j'étais parce que j'étais un membre de l'organisation.

«Jean Béliveau était un homme excessivement simple qui se mettait toujours à notre niveau. Il a été un modèle pour nous tous. Il nous a montré quoi faire.»

Maurice Richard est peut-être le personnage le plus mythique de l'histoire du Canadien, mais Savard soutient que Béliveau est le meilleur qu'il ait vu. Jusqu'à la toute fin de la carrière du Gros Bill.

«En 1971, à l'âge de 39 ans, il a terminé premier marqueur de l'équipe et premier marqueur des séries éliminatoires alors que personne ne pensait que le Canadien allait gagner la Coupe», rappelle Savard.

«Il était encore bon quand il a quitté l'équipe.»

Béliveau irradiait le respect. Celui qu'il témoignait aux autres et celui qu'on lui vouait. C'est sous ce trait que s'est construite la relation entre Serge Savard et lui au fil des ans.

«Après que je suis devenu directeur général, en 1983, j'ai eu mon bureau à côté du sien pendant 12 ans, se souvient l'ancien numéro 18. Il ne venait jamais me dire de faire ceci ou de faire cela, mais quand j'allais m'asseoir dans son bureau pour prendre un café et lui demander son opinion, il s'ouvrait et me disait ce qu'il pensait vraiment.

«C'était ça, Jean Béliveau.»