Jean Béliveau était un grand homme, pas seulement en raison de ses performances inoubliables sur la glace, mais aussi pour l'image forte qu'il renvoyait aux Québécois d'eux-mêmes, a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, mercredi.

«L'ensemble des Québécois a du chagrin aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Il s'est rappelé sa première rencontre avec le célèbre joueur.

«À 13 ans, première fois, j'étais allé me cacher derrière le Forum pour attendre les joueurs après leur pratique. En 1970. Puis, j'avais réussi à avoir un autographe de chaque joueur, incluant le sien», s'est remémoré M. Couillard, le sourire dans la voix en racontant ce souvenir. Une expédition près du Forum que beaucoup de petits garçons et de filles au Québec ont aussi faite.

«Ce qui m'a frappé, c'est que je l'ai retrouvé des années plus tard, quand j'ai eu un autre autographe, puis l'écriture n'avait absolument pas changé», a-t-il confié.

«C'était un grand Québécois, pas seulement pour le sport, mais aussi pour l'image encore une fois qu'il renvoyait aux Québécois d'eux-mêmes.»

L'Assemblée nationale a d'ailleurs observé une minute de silence en sa mémoire mercredi matin, après que tous les partis lui eurent rendu hommage.

Les nombreuses réactions des politiciens au décès de l'ancien capitaine du Canadien, survenu à Longueuil mardi soir à l'âge de 83 ans, montrent que l'homme a marqué l'imaginaire de plusieurs générations.

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, un fervent amateur de hockey, l'a qualifié de «véritable légende».

À la Chambre des communes, il a tronqué sa réponse à une question pour déclarer que le Canada venait de perdre Jean Béliveau, «un grand capitaine, un géant de notre sport national et de notre vie nationale». À la fin de la période de questions, les députés ont aussi observé une minute de silence.

«Affectueusement surnommé »le Gros Bill«, M. Béliveau était tout simplement l'un des joueurs les plus talentueux et les plus courtois de l'histoire de ce sport. Ses habiletés bien connues à titre de joueur de centre - y compris son coup de patin et son incroyable maniement du bâton - n'ont peut-être été surpassées que par son esprit sportif à toute épreuve et son comportement exemplaire sur la patinoire comme à l'extérieur», avait écrit plus tôt le premier ministre dans une déclaration.

M. Harper a aussi rappelé qu'il était un philanthrope qui contribuait à la Société Alzheimer et aux Grands frères et Grandes soeurs, ainsi qu'à une multitude d'activités destinées aux enfants handicapés, notamment par le biais de la Fondation Jean Béliveau.

Son bureau a d'ailleurs annoncé que les drapeaux des édifices fédéraux au Québec seront mis en berne en l'honneur du grand joueur.

Le sénateur Jacques Demers, qui a été entraîneur du Canadien de Montréal, juge qu'il a été le plus grand capitaine de l'histoire du Canada. Et il insiste sur la grande simplicité de l'homme.

«Il était facile d'approche. Il ne disait pas juste bonjour avant de s'en aller: il était là, présent. Et il ne le faisait pas juste avec les joueurs du Canadien, il le faisait avec tout le monde.»

Pour le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa, Thomas Mulcair, Jean Béliveau «était un homme extraordinaire, un athlète hors pair et quelqu'un qui a toujours su mener en donnant l'exemple».

Justin Trudeau s'est rappelé sa rencontre avec lui. «Quand j'étais petit, mon père était très fier de me présenter aux rois et aux reines, aux présidents et aux premiers ministres, mais je ne crois pas l'avoir vu aussi fier de présenter son fils aîné que la fois où il m'a présenté à Jean Béliveau», a relaté le chef du Parti libéral du Canada.

Selon Mario Beaulieu, chef du Bloc québécois, l'homme «a fait sa marque dans le hockey et dans l'imaginaire collectif à une époque où nous n'étions pas encore des Québécois, où nous étions encore des Canadiens-Français. C'est peut-être d'ailleurs un des derniers grands Canadiens-Français et un des premiers grands Québécois que nous avons donnés au monde».

«Il était, comme Félix Leclerc, Maurice Richard, Jean Duceppe et quelques autres, un géant qui entre aujourd'hui dans la grande légende de son peuple.»

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, l'a appelé un «géant au grand coeur».

«Les gens de ma génération, on a grandi avec lui», a-t-il dit. Il s'est rappelé avec affection la visite du joueur dans sa ville natale de Sainte-Anne-de-Bellevue. Faisant alors partie d'un corps de clairons et tambours, François Legault se rappelle avoir appris la chanson «Le Gros Bill» en son honneur.

Le député péquiste de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, écoutait lui aussi religieusement la «Soirée du hockey». Il se rappelle le calibre du joueur: «C'était Jean Béliveau le compteur toutes étoiles».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a soutenu que M. Béliveau avait été une inspiration pour tous, qu'il avait été un gentleman. «Malgré son succès incroyable, il est toujours resté très accessible et près de ses nombreux admirateurs. Son parcours exemplaire continuera d'inspirer les générations à venir», rappelle le maire.