Guy Boucher n'a pas voulu répondre publiquement aux critiques de Patrick Roy, qui l'accuse d'avoir fait reculer la LHJMQ avec son prétendu système de jeu défensif, si ce n'est une courte réponse aux journalistes de Tampa qui l'entouraient lors de son point de presse d'avant-match hier après-midi.

«Je ne suis pas assez prétentieux pour affirmer que j'ai eu un impact, positif ou négatif, sur une ligue. Il a déclaré que certaines équipes tentaient d'imiter notre style de jeu défensif, mais ce qui est amusant, c'est que mes équipes ont toujours été parmi les meilleures au plan offensif. Nous étions au premier rang à ce chapitre chez les juniors, troisièmes dans la Ligue américaine l'an dernier et cette saison, nous avons la meilleure moyenne de buts par match. Et si vous assistez à nos entraînements, vous verrez, nous consacrons 80% de notre temps à améliorer notre attaque.»

L'adjoint de Guy Boucher chez le Lightning, Martin Raymond, aussi son auxiliaire chez les Bulldogs de Hamilton l'an dernier et son ami et complice depuis 20 ans, a tenu à remettre les pendules à l'heure.

«J'ai été très surpris, et Guy aussi, a-t-il confié à La Presse au bout du fil. Au contraire, Guy a la réputation d'être un entraîneur offensif et un génie pour les supériorités numériques. C'est pour cette raison qu'il a été embauché quatre fois par les équipes canadiennes juniors. Il demande toujours à ses joueurs d'attaquer le filet et d'obtenir le maximum de tirs. D'ailleurs, le journaliste Stéphane Leroux l'a bien noté dans son entrevue à CKAC, à sa dernière année avec les Voltigeurs de Drummondville, le club a obtenu 300 tirs de plus que la deuxième équipe à ce chapitre, et le meilleur taux de réussite en supériorité numérique.»

Une rigueur défensive

Martin Raymond précise cependant que les équipes championnes ne peuvent se fier uniquement sur leur attaque. «Guy est un entraîneur offensif qui a su imposer une rigueur défensive à ses clubs. Une équipe doit bien jouer défensivement pour espérer gagner. Guy développe le style de jeu de ses joueurs de façon à leur permettre de produire offensivement tout en étant efficaces défensivement. Et quand on parle de développement dans la LHJMQ, il est primordial pour l'entraîneur de faire de nos athlètes des joueurs complets de façon à ce qu'ils puissent se faire remarquer par les équipes professionnelles.»

L'entraîneur adjoint du Lightning dirigeait les Redmen de McGill lorsque Boucher était l'entraîneur des Voltigeurs. Mais les deux ont toujours partagé leurs idées et ils se sont retrouvés l'an dernier à Hamilton. «Si on avait joué uniquement défensivement chez les Bulldogs, nous n'aurions jamais atteint la finale d'Association et on n'aurait jamais battu le nombre de records qu'on a battus. Si c'est vrai que certains clubs de la LHJMQ appliquent certains éléments du système de jeu de Guy et se contentent de garrocher la rondelle en fond de zone, ce n'est pas de sa faute parce qu'il ne dirige pas de cette façon.»

Raymond craint-il que l'étiquette d'entraîneur défensif ne colle à Guy Boucher en raison des déclarations de Patrick Roy? «Ça ne m'inquiète pas parce que ce n'est pas conforme à la réalité. J'ai vu Guy développer son style. Il a évolué au fil des années. Et ce n'est pas un hasard. C'est le fruit d'un travail acharné, des heures et des heures à observer et à prendre des notes. C'est la vraie recette du succès.»

Une cible plus facile

Le complice de Guy Boucher savait que ce genre d'attaque surviendrait un jour ou l'autre. «Quand j'ai accepté de quitter McGill pour travailler avec lui dans la Ligue américaine, puis à Tampa Bay, je me doutais que ça arriverait éventuellement. Quand on approche du sommet de la pyramide, on devient une cible plus facile. Comme Guy a été un innovateur, ça le rend encore plus vulnérable parce que ce qu'il a fait a été vu et revu par tout le monde. Tout le monde veut avoir du succès et ils vont copier ses principes, mais ce n'est pas nécessairement bien copié.»

Un autre proche de l'entourage de Guy Boucher, qui ne veut pas qu'on dévoile son identité, affirme lire clair dans le jeu de Patrick Roy. «Que fait-il quand il veut gagner? Il déstabilise l'adversaire. Il l'a fait il y a plusieurs années à la Coupe Memorial en s'attaquant à un gardien de 19 ans, puis à Ted Nolan. Sa sortie d'hier est moins une attaque envers Guy Boucher qu'une façon de déranger les entraîneurs adverses de la LHJMQ et les inciter à modifier leur style de jeu.»