L'annonce a laissé pantois les membres de l'organisation du Junior de Montréal. Leur match crucial de vendredi soir, qui devait être suivi par quelque 200 000 téléspectateurs et attirer 3500 spectateurs, a été annulé le 3 février dernier par la Ville... faute de chauffeur de Zamboni.

Le club de la Ligue de hockey junior majeur du Québec déposera ce matin une demande d'injonction en Cour supérieure pour forcer le remplacement de cet employé indispensable par un cadre de la Ville, a appris La Presse. Informé hier soir de ce rebondissement, le syndicat des cols bleus de Montréal s'est quant à lui montré «ouvert» à trouver un compromis.

Le Junior est en fait victime des moyens de pression des cols bleus, qui tiennent des grèves rotatives de 24h depuis le 25 janvier. Le 12 février prochain, ce sera au tour de l'arrondissement de Verdun, où joue le Junior, d'être touché par la grève. La Ville a donc prévenu le club de hockey la semaine dernière de son intention d'annuler la rencontre prévue vendredi à l'aréna Denis-Savard contre les Foreurs de Val-d'Or.

L'insolite de la situation, c'est qu'il n'y a que trois cols bleus à l'aréna touchés par cette grève: deux sont responsables de l'entretien et le troisième conduit la surfaceuse. «On s'entend que pour les deux premiers, on va pouvoir survivre vendredi si les toilettes ne sont pas nettoyées, dit Martin Routhier, président du Junior. On a plus de 60 employés qui seront à l'oeuvre ce soir-là, plus les joueurs de hockey, plus 3500 spectateurs et des centaines de milliers de téléspectateurs. Mais il n'y aura pas de match si on n'a pas de chauffeur de Zamboni.»

L'annulation fait d'autant plus mal qu'un «gros show» était prévu vendredi, précise le président. Outre la télédiffusion sur Vox, qui n'arrive qu'une fois tous les 10 matchs du Junior, des cérémonies spéciales en hommage aux enfants atteints de la maladie de Lou Gehrig et de la leucémie ont été organisées.

À la Ville de Montréal, on rappelle que tous les arrondissements qui ont été touchés par les grèves rotatives ont dû fermer leurs patinoires ce jour-là. «La Ville n'a pas le choix, une Zamboni, c'est assez délicat à manoeuvrer», dit Jean-Yves Hinse, directeur des services professionnels. Quant à la possibilité d'envoyer un cadre capable de remplacer le chauffeur, elle semble hors de question. M. Hinse renvoie plutôt la balle au syndicat des cols bleus, le seul qui pourrait, selon lui, permettre la tenue du match.

Le président du syndicat des cols bleus, Michel Parent, est quant à lui étonné de cette sortie. «La Ville ne m'a jamais parlé de ce dossier, elle ne nous a jamais joints, je n'ai eu aucune demande», dénonce-t-il.

Serait-il ouvert à un compromis qui permettrait la présentation du match? «Certain que je serais ouvert, répond M. Parent. Le syndicat se dit prêt à offrir les services d'un chauffeur de surfaceuse «si la Ville fait une contribution équivalente « à son salaire à un organisme qui vient en aide aux enfants malades.