On a beaucoup fait état, il y a quelques mois, du fait qu'aucun Québécois de la LHJMQ n'a été repêché en première ronde.

On a remis en question le développement de nos hockeyeurs, critiqué le système du haut au bas de la pyramide, bref, il y a eu une petite panique dans les médias et chez nombre d'amateurs.Le système en place n'est pas parfait, évidemment, mais les mannes, bonnes comme mauvaises, sont souvent cycliques. Si la tendance se maintient, d'ailleurs, la cuvée québécoise pour le repêchage de 2009 pourrait être la plus faste depuis 1998.

Il y a 10 ans, six Québécois de la LHJMQ, Vincent Lecavalier (1er), Alex Tanguay (12e), Mathieu Chouinard (15e), Éric Chouinard (16e), Mathieu Biron (21e) et Simon Gagné (22e) avaient été repêchés en première ronde. D'autres joueurs repêchés dans les tours subséquents, Mike Ribeiro, François Beauchemin et aussi Brad Richards et Michael Ryder (216e), deux joueurs des Maritimes qui jouaient respectivement à Rimouski et Hull, ont connu une belle carrière par la suite.

Depuis, jamais plus de deux Québécois de la LHJMQ n'ont été repêchés dans la première ronde (trois en 2006 si on inclut le Franco-Ontarien Claude Giroux, des Olympiques de Gatineau).

Le déménagement des Fog Devils de St. John's à Montréal facilitera la visibilité pour les prochains Tanguay, Gagné et compagnie.

Les noms de Jordan Caron, Simon Després-Bellavance, Olivier Bellavance-Roy, Hubert Labrie et Gleason Fournier ne vous disent peut-être rien pour l'instant, mais l'histoire pourrait être bien différente d'ici quelques années.

À cette liste peut s'ajouter Louis Leblanc, qui a dominé la Ligue midget AAA l'hiver dernier avant de s'expatrier aux États-Unis.

Caron et Fournier jouent tous les deux pour l'Océanic de Rimouski de l'excellent entraîneur Clément Jodoin. Caron, bâti comme un tank - il mesure déjà 6'2 et pèse 201 livres à 17 ans - a amassé 43 points en 46 matchs à sa deuxième saison à Rimouski, l'an dernier. Fournier est un défenseur, un peu moins costaud, un peu plus jeune aussi, qui montre un beau talent offensif.

«Les deux ont beaucoup de potentiel, il leur reste à acquérir la maturité, a noté Jodoin. Gleason s'est amélioré beaucoup depuis l'an passé, alors qu'il était relégué assez souvent aux estrades. Cette année, il se donne à fond, c'est une fusée sur la glace. Dans le hockey moderne, un gars qui patine, c'est toujours intéressant. Caron, c'est un train, le prototype parfait de l'attaquant de puissance. C'est à lui d'éviter les blessures et d'être constant.»

Olivier Bellavance-Roy a établi un record de la LHJMQ l'an dernier avec les Screaming Eagles du Cap-Breton en obtenant 27 victoires, ce qui ne s'était jamais vu pour un gardien de 16 ans.

Després-Bellavance est peut-être le plus prometteur du groupe. Ce défenseur de 6'4 originaire de Laval a bien fait avec l'équipe canadienne des moins de 18 ans au tournoi international Ivan-Hlinka récemment et on s'attend à une belle saison de sa part avec les Sea Dogs de Saint John.

Labrie, un défenseur lui aussi, a remporté la Coupe du président avec les Olympiques de Gatineau puis le tournoi Ivan-Hlinka en compagnie de Després-Bellavance et Leblanc.

Il est évidemment très tôt pour prédire avec certitude que ces joueurs en question seront repêchés en première ronde, ou tôt en deuxième. Certains pourraient s'effacer en cours d'hiver, d'autres apparaître.

L'analyste du hockey junior à RDS, Stéphane Leroux, note d'ailleurs que des joueurs comme Nicholas Deschamps et Jacob Lagacé, des Saguenéens, n'étaient pas sur les radars en début de saison l'an dernier et qu'ils ont étonné, à un point tel que Deschamps a été le premier Québécois repêché en juin dernier.

«Ils ont le potentiel et tu dois reconnaître leur talent, a analysé Clément Jodoin, mais après, il te faut avoir les chiffres. Si tu n'a pas de chiffres, tu n'as pas de valeur.»

L'entraîneur du Junior de Montréal, Pascal Vincent, tente lui aussi de teinter son optimisme. «Il y a un potentiel pour voir trois, quatre ou cinq Québécois repêchés en première ronde, a-t-il mentionné. Mais il faut faire attention de ne pas trop placer d'attentes dans ces joueurs. Regardez Angelo Esposito. Il a connu une saison extraordinaire à 16 ans. Ça a provoqué des attentes très élevées par la suite. Ces jeunes dont on parle ont eu aussi eu de très bonnes saisons à 16 ans. Il faudra voir cette année comment ils répondront dans un rôle nettement plus important. En même temps, s'ils n'apprennent pas à vivre avec la pression, aussi bien ne pas faire carrière dans le hockey.»

Nous en saurons plus long dans les prochains mois...