Les hockeyeurs bagarreurs pourraient devoir modifier sérieusement leur comportement s'ils ne veulent pas passer la prochaine saison dans le vestiaire.

Le comité, coprésidé par Jacques Letellier et Danielle Sauvageau, «tente d'être clair et sans nuance»: «une évolution des mentalités à propos de la violence est devenue indispensable de la part des amateurs, des observateurs, des spectateurs et des dirigeants».La Ligue de hockey junior majeur du Québec a dévoilé hier les 31 recommandations de son comité mis sur pied pour limiter la violence sur la glace. Les sanctions deviendraient plus sévères aussi bien envers les joueurs que les entraîneurs. La politique de la «tolérance zéro» serait de rigueur pour la «très grande majorité des situations de bagarres».

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Estimant que «des changements importants s'imposent dans la culture du hockey junior majeur», les 14 auteurs du rapport demandent à la Ligue de se doter de nouvelles règles de conduite et d'éthique qui devront être «rigoureusement appliquées à chaque fois que seront confondues la robustesse propre à ce sport et la violence délibérée».

«La tolérance de la violence n'a pas sa place dans le hockey et ne l'a jamais eue», écrivent-ils.

Un exemple concret du durcissement proposé : la sanction flanquée à un gardien de but qui s'en prend volontairement à son rival dans le filet opposé passerait de la «punition majeure» à la punition «d'extrême inconduite» et serait dorénavant doublée de cinq matchs de suspension.

Le comité suggère aussi à la Ligue d'assurer un meilleur suivi des récidivistes en dressant pour chaque joueur un dossier dans lequel seront colligées toutes ses infractions les plus sérieuses - dites de code 4 ou 5 sur une échelle de 5. Un joueur qui accumulerait quatre fautes graves pendant la saison serait suspendu derechef pour un match.

Les entraîneurs devraient aussi montrer patte blanche puisque le comité suggère de réunir dans un même dossier toutes les infractions commises par les joueurs de leur équipe. L'entraîneur serait convoqué devant un préfet de discipline advenant un quatrième match terni par plus de trois infractions graves et il serait suspendu après trois comparution devant le préfet.

Le comité réclame de plus que deux arbitres soient systématiquement présents lors des parties, une norme qui n'est appliquée qu'un match sur deux à l'heure actuelle.

De la latitude pour les bagarres

Chacune des recommandations du rapport sera débattue lors de la prochaine rencontre des propriétaires de club de hockey junior majeur, le 8 septembre prochain à Montréal. Un plan d'action sera alors adopté, et mis en vigueur dès le début de la saison 2008-2009.

Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a refusé de commenter la teneur du document, mais il a indiqué que le «statu quo n'existera pas» et s'est dit «fier du travail accompli» par le comité.

Mais la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, a semblé déçue que le rapport n'interdise pas formellement toutes les bagarres et ne préconise pas que deux joueurs qui engagent un combat de façon volontaire en début de match soient automatiquement expulsés. «Il est important de s'assurer que les changements à la réglementation qui seront apportés répondront à l'objectif que nous nous sommes fixé, qui est d'enrayer la bagarre et la violence dans le hockey amateur», a-t-elle réagi dans un communiqué de presse diffusé en fin de soirée.

La ministre Courchesne rencontrera cette semaine, à son retour des Jeux olympiques de Pékin, le Commissaire de la LHJMQ ainsi que les coprésidents du comité consultatif de la Ligue afin de discuter des recommandations contenues dans le rapport.

Rappelons que c'est à la demande de la ministre Courchesne que les associations de hockeyeurs ont procédé à cet examen de conscience. Mme Courchesne avait été choquée par une bagarre générale qui avait éclaté lors d'un match entre les Remparts de Québec et les Saguenéens de Chicoutimi de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Jonathan Roy, gardien des Remparts et fils de l'entraîneur Patrick Roy, avait jeté ses gants pour tabasser le gardien de l'équipe adverse.

Hier, M. Courteau n'a pas été en mesure de garantir qu'il n'y aurait pas de bataille dans sa ligue en 2008-2009, tandis que le coprésident du comité, Jacques Letellier, a laissé entendre que la question avait très difficile à trancher et qu'une décision n'avait pu être prise qu'après «de multiples analyses et discussions». «Il a été décidé qu'il valait mieux punir plus sévèrement les joueurs fautifs qui se battent intentionnellement plutôt que de les expulser du match lorsqu'ils sont impliqués dans une bagarre.»

Le porte parole de l'Action démocratique du Québec en matière de sport, Sylvain Légaré, a estimé que l'interdiction complète des bagarres n'est pas une condition sine qua non à l'assainissement du climat dans les arénas du Québec. «On n'a peut-être pas besoin de se rendre jusque-là. Si on augmente les sanctions, les comportements abusifs vont nécessairement diminuer.»

Plusieurs recommandations impliquent aussi des changements au plan de l'éducation et de l'encadrement des hockeyeurs. Le comité suggère la création d'une ligne téléphonique où les jeunes pourraient se confier anonymement auprès d'un expert, tandis qu'un « coach pour les coachs » conseillerait les entraîneurs sur leur rôle d'éducateurs.