En 1997, lorsque Dean Lombardi a été promu directeur général des Sharks de San Jose, il a hérité d'un club en plein marasme. «C'était le chaos sur la glace et ce l'était aussi dans les opérations hockey», a convenu Lombardi à l'aube de la finale de la Coupe Stanley qui opposera les Kings de Los Angeles aux Devils du New Jersey dès mercredi soir au Prudential Center.

Une finale qui opposera un élève reconnaissant à son maître qui l'a sauvé de la noyade il y a près de 15 ans. Pris d'une soudaine frousse face au défi qui s'offrait à lui, Lombardi a saisi le téléphone et a contacté son homologue des Devils au New Jersey.

«Ça faisait un mois que le saison était commencée et je m'en allais droit sur un échec. J'ai demandé à Lou s'il m'accorderait le privilège de me recevoir et de me donner quelques conseils. Ce fut la journée la plus importante de ma carrière», racontait Lombardi mardi.

Une journée qu'il n'a jamais oubliée. «Il m'a reçu dans son bureau. Il m'a parlé pendant trois heures. Pendant ces trois heures, il ne m'a jamais parlé des joueurs. Il m'a parlé des structures à établir et à respecter. Il m'a parlé d'une identité d'équipe à adopter et à respecter. Il m'a donné une liste de citations à consulter lorsque je traverserais des moments difficiles. Depuis ce jour, je suis les principes qu'il m'a inculqués.»

Encore à la rescousse

Dean Lombardi a lu et relu plusieurs fois les citations rassurantes offertes par Lamoriello il y a 15 ans. Citations sur lesquelles il n'a pas voulu lever le voile. Il respecte aussi la commande de son maître et identifie cinq erreurs à la fin de chaque saison afin d'éviter de les répéter dans le futur. «Je n'ai jamais pu m'arrêter à cinq», a ajouté Lombardi en riant.

S'il rit à l'aube de la grande finale, Lombardi n'a pas ri tous les jours cette année. Que non. Alors que ses Kings faisaient du sur place et que sa tête était mise à prix à Los Angeles, Lombardi s'est permis de rappeler Lamoriello afin d'être rassuré. Guidé.

«Lou Lamoriello est sur la liste des cinq personnes les plus influentes de ma vie. Il doit l'être sur plusieurs listes. Et me voici avec comme objectif de le battre en grande finale», a poursuivi Lombardi en esquissant une petite grimace face à ce manque de reconnaissance.

Tournants

Contrairement aux Devils qui ont surmonté vents en marées pour se rendre en finale, les Kings n'ont jamais tiré de l'arrière depuis le début des séries. Cette absence d'adversité pourrait-elle nuire aux Kings s'ils encaissent leurs deux premiers revers des séries sur la route mercredi soir et samedi?

«J'espère que vous ne prétendez pas que nous avons connu des séries faciles. Les résultats tendent à le laisser croire, mais nous avons battu de très grosses et très fortes machines de hockey en battant les Canucks, les Blues et les Coyotes.»

Lombardi soutient que l'adversité, c'est en saison régulière que les Kings l'ont affrontée. Et qu'ils sont loin d'avoir été épargnés.

«Nous avons dû effectuer un changement d'entraîneur - Darryl Sutter a remplacé Terry Murray - et nous avons dû trouver le moyen de marquer des buts. L'arrivée de Darryl a été un point tournant important. Mais notre saison a basculé le 9 mars. Nous avons laissé filer une avance de 3-2 en troisième période à Detroit pour perdre 4-3. Notre jeune équipe aurait pu s'écraser. Le contraire est arrivé. Nous avons rebondi en battant Chicago, Detroit, Anaheim, Nashville. Nous avons gagné six matchs de suite et cela nous a servi de tremplin vers les séries», se souvenait Lombardi.

Après cette défaite aux mains des Wings, les Kings ont complété la saison avec une séquence de neuf gains, deux revers, une défaite en prolongation et deux en tirs de barrage. Ils se sont aussi mis à marquer comme le confirment les 61 buts inscrits lors des 20 derniers matchs de la saison. Les voici en grande finale!