«Si on veut être considéré parmi les meilleurs gardiens de l'histoire du hockey, on doit être encore meilleur quand ça compte. Les choses peuvent mal tourner au cours d'un match, mais le gardien doit être au mieux. L'an passé aux Jeux olympiques, sous une pression très intense, Roberto a augmenté la qualité de son jeu et nous espérons qu'il le fera de nouveau en séries.»

Ces sages mots ne sont pas ceux d'un journaliste ou d'un observateur. Ces mots sont ceux de Mike Gillis, directeur général des Canucks.

C'était en avril, lors d'une entrevue téléphonique juste, avant l'ouverture des séries éliminatoires. J'avais cru bon demander à Gillis s'il n'était pas injuste de juger Roberto Luongo au nombre de bagues de la Coupe Stanley à ses doigts. À l'aube du septième match de cette grande finale, c'est encore plus clair: ce soir à Vancouver, ce n'est pas seulement le beau trophée de Lord Stanley qui est en jeu. C'est aussi l'héritage de Luongo.

Injuste? Oui, sans doute. Le hockey, rappelons-le, est un sport d'équipe. Si on veut trouver des touristes dans l'autobus des Canucks, on peut regarder du côté des jumeaux Sedin (cinq points combinés depuis le début de la finale), du côté de Ryan Kesler aussi (un seul point). Si les puissants Canucks en sont là, c'est en partie parce que les gros canons n'ont pas fait beaucoup de bruit contre les Bruins.

Mais Luongo est la cible facile, et on peut comprendre. Quand un gardien obtient un immense contrat de 64 millions, c'est pour qu'il fasse les arrêts importants quand ça compte. En finale, par exemple.

«Je ne vais pas trouver des excuses, les trois matchs à Boston, ça ne marchait juste pas pour moi, a-t-il reconnu. Mais je vais tourner la page, et nous avons un match à la maison pour gagner la Coupe Stanley. Nous avons eu du succès chez nous, alors c'est à cela que l'on pense présentement.»

C'est d'ailleurs la grande question chez les Canucks: lequel des deux Luongo va se présenter? Le gardien québécois a certes joué comme un homme de 64 millions à Vancouver (deux blanchissages face aux Bruins, tout de même), mais à Boston? Affirmons poliment que ses 15 buts accordés en moins de 7 périodes l'ont sorti de la course au Conn-Smythe.

Tout ça mène à ce soir. À une septième rencontre que Luongo n'a pas le droit d'échapper.

«C'est la finale de la Coupe Stanley, c'est un seul match et c'est le gagnant qui se pousse avec le trophée, a-t-il fait remarquer. Je me suis retrouvé dans des situations semblables auparavant, je sais comment composer avec ça et je serai prêt.»

Lundi à Boston, Luongo n'avait surtout pas l'air d'un gardien qui était prêt. Le sera-t-il cette fois? Il le faut. La médaille d'or, les belles statistiques, tout cela est bien beau, mais sur la planète LNH, tout ce que l'on retient, ce sont les bagues de championnat.

Comme disait Gillis en avril: «Meilleur quand ça compte.» L'héritage de Roberto Luongo en dépend.