La dernière fois qu'un club canadien de la LNH a remporté la Coupe Stanley, soit le Tricolore en 1993, ce n'était pas vraiment exceptionnel.

Ça l'était dans le sens où le CH a surpris en atteignant la finale pour ensuite battre les Kings de Los Angeles de Wayne Gretzky, en cinq matches, pour mériter un 24e titre. Mais à cette époque, voir une équipe canadienne soulever le trophée était la norme et non l'exception.

Si les Canucks battaient les Bruins en finale, lundi ou mercredi, cela mettrait fin à 18 ans sans coupe Stanley dans un pays où le hockey attise tellement les passions. Il y a aurait enfin un vainqueur canadien après des échecs en finale en 1994 (Canucks), en 2004 (Flames), en 2006 (Oilers), et en 2007 (Sénateurs).

Quand le Canadien a vaincu les Kings, il a mis fin au règne de deux ans des Penguins de Mario Lemieux. Mais lors des sept années précédentes, la coupe a été remportée par une équipe canadienne: cinq fois par les Oilers, une fois par le CH, en 1986, et une fois par les Flames, en 1989.

«Avec 30 équipes dans la ligue, c'est devenu très compétitif à chaque année, a dit Vincent Damphousse, meilleur marqueur du Canadien lors de la saison 1992-93. Ce n'est plus comme dans les années 1950 ou 1960, quand vous pouviez vous construire une dynastie. Je pense que de nos jours, il va y avoir plusieurs équipes qui vont passer 20, 30 ou 40 ans sans gagner la coupe.»

Le Canadien de 1992-93 a tiré profit du jeu spectaculaire de Patrick Roy et de 10 gains d'affilée en prolongation pour tout rafler. C'était là un dénouement peu espéré après une troisième place en saison régulière dans ce qui était à l'époque la section Adams, derrière Boston et les grands rivaux québécois, les Nordiques.

Le D.G. Serge Savard avait fait deux acquisitions importantes avant le début de la saison, Damphousse et Brian Bellows, pour amener du punch offensif à un groupe qui incluait Kirk Muller, Guy Carbonneau, Mike Keane et John LeClair, notamment.

La meilleure unité défensive était composée de Mathieu Schneider et Lyle Odelein, suivie de celle d'Éric Desjardins et Jean-Jacques Daigneault.

Sous la tutelle de l'entraîneur Jacques Demers, le club a développé au fil de la saison sa cohésion en défense, en plus de miser sur les exploits de Roy et sur des frappes opportunistes à l'attaque. En éliminatoires, l'élan qu'a pris la formation allait s'avérer imparable.

«Nous avions de bons vétérans et de bons jeunes joueurs comme Éric Desjardins et John LeClair, qui étaient peu connus avant ces séries-là, a dit Damphousse. Leurs carrières ont pris leur envol après coup. Nous avions une bonne équipe, mais nous ne savions pas à quel point.»