La dernière équipe championne de la Coupe Stanley à Philadelphie avait dans ses rangs des joueurs surnommés «The Hammer» (le marteau) et «Mad Dog» (chien méchant). Une équipe composée entièrement de joueurs canadiens.

L'entraîneur était tellement dur à suivre par moments que des journalistes l'avaient surnommé Freddie The Fog (Freddie «le brouillard»), ce qui n'est pas sans évoquer la soirée de 1975 que les Flyers ont disputé un match de séries dans un brouillard si épais que les spectateurs ne pouvaient même plus suivre la rondelle.

Ah oui, et un joueur a tué un animal durant un match de la finale.

Vous croyez que les Flyers de 2010 sont colorés? Ils font bailler aux corneilles en comparaison avec les «Broad Street Bullies» d'il y a 35 ans. En 1975, ils étaient à la recherche d'un deuxième championnat d'affilée avec comme chef de file l'édenté capitaine Bobby Clarke; ils misaient sur un gardien de premier plan en Bernard Parent; et ils demeurent à ce jour les derniers champions de la Coupe Stanley formés exclusivement de Canadiens.

Dave (The Hammer) Schultz a été le roi des brutes au cours d'une saison régulière de 51 victoires de l'équipe, en amassant 472 minutes de pénalités -un record inégalé- et les séries éliminatoires ont pris fin avec un but gagnant inattendu de Bob (Mad Dog) Kelly, qui a démontré ce faisant qu'il était davantage qu'un bagarreur.

Les Flyers, avec le directeur général Keith Allen bien en selle, ont tout bousculé sur leur passage en route vers le sommet. Si les amateurs voulaient voir d'élégants patineurs à l'oeuvre, ils n'avaient qu'à se procurer des billets pour les Ice Capades, suggérait Fred Shero.

Le vétéran défenseur Chris Pronger aurait été un enfant de coeur s'il était venu au monde à l'époque du défenseur André (Moose) Dupont.

Les Flyers avaient amorcé la finale de 1975 par un gain à domicile de 4-1 face aux Sabres de Buffalo. Bill Barber a déjoué le gardien Gerry Desjardins deux fois.

«Trop de Parent et de Clarke», avait lancé le directeur général Punch Imlach en commentant la défaite des Sabres.

Clarke a préparé le but de Reggie (The Rifle) Leach et il en a marqué un lui-même dans la victoire de 2-1 dans le match numéro deux. Le trio de la «French Connection» formé des Gilbert Perreault, René Robert et Richard Martin avait été maîtrisé de nouveau.

Dans le brouillard

La série se transportait maintenant à Buffalo où des choses étranges allaient se produire.

Une chauve-souris s'est infiltrée à l'intérieur de l'Auditorium et au moment où on s'apprêtait à remettre la rondelle en jeu, l'attaquant Jim Lorentz l'a frappée au vol avec son bâton. Rick MacLeaish, des Flyers, l'a ramassée et l'a envoyée hors de la surface de jeu.

Les Flyers menaient 3-2 après une période et Roger Crozier a été appelé en relève de Desjardins. Le changement a relancé les Sabres, surtout parce que c'était difficile de les voir! Le brouillard a envahi l'amphithéâtre et la rondelle est devenue invisible. On a dû interrompre le jeu à une dizaine de reprises et demander aux joueurs de patiner afin de le dissiper.

Avec le score égal 4-4 en prolongation, Perreault décocha un dur lancer que Parent n'a pas vu en raison du brouillard. S'amenant à vive allure, Robert a récupéré le retour sur la bande avant de déjouer le gardien d'un angle restreint.

Après avoir égalé la série grâce à une victoire de 4-2, encore dans la brume, les Sabres ont subi la défaite 5-1 à leur retour à l'intimidant Spectrum.

Le 27 mai, un mardi, c'était l'égalité 0-0 avant la troisième période quand Shero a décidé de jumeler Kelly en compagnie de Clarke et de Leach. À 11 secondes du début, Kelly a pris de court Crozier en contournant vivement le filet. Bill Clement a ajouté le but d'assurance dans le gain de 2-0 des Flyers.

Parent, avec quatre jeux blancs en 15 rencontres, a été choisi le joueur par excellence des séries pour la deuxième année consécutive. MacLeish a dominé les marqueurs avec 20 points et 11 buts.

L'attaquant des Flyers, Ross Lonsberry, a louangé le travail de Shero.

«Freddy a le don de garder tout le monde motivé et heureux, même ceux qui ne sont pas utilisés sur une base régulière, avait-il affirmé. Il traite tout le monde équitablement.»

«Nous avons des joueurs-étoiles, mais pas aux yeux de Freddy. Il est exigeant à l'endroit de tout le monde et tous savent qu'ils auront leur chance à un moment donné, s'ils fournissent l'effort.»

Shero est décédé du cancer de l'estomac en 1990, à l'âge de 65 ans.

Seuls Parent, Clarke et Barber du groupe de 1975 ont été admis au Temple de la renommée du hockey.