Les Blackhawks de Chicago ont connu une progression fulgurante depuis l'an dernier, après neuf exclusions des séries éliminatoires au cours des 10 dernières saisons.

Pour plusieurs, cette ascension coïncide avec le décès du propriétaire, Bill Wirtz, qui menait cette équipe de manière artisanale, mais aussi avec l'arrivée du légendaire Scotty Bowman.

Mais les Blackhawks ne seraient pas en finale de la Coupe Stanley contre les Flyers de Philadelphie sans le travail des dépisteurs de l'équipe, dont fait partie entre autres le Québécois Michel Dumas, en poste depuis 1977.

La première pierre a été posée en 2002 lorsque l'équipe a repêché en deuxième ronde un certain Duncan Keith, désormais considéré par plusieurs comme le meilleur défenseur de la LNH.

«Duncan Keith mesurait 5'10 1/2 et pesait 160 livres à son année d'admissibilité à l'Université Michigan State, rappelle Dumas, qui est aujourd'hui le chef du recrutement à Chicago. C'était avant le lock-out et la nouvelle interprétation des règlements. Les joueurs qui sont moins imposants mais talentueux sont capables de jouer.»

Keith a eu le temps de se développer et il mesure désormais 6'1 et pèse 187 livres. Il connaissait des succès modestes à l'attaque en début de carrière mais il a explosé depuis deux ans avec des saisons de 44 et 69 points. «Pour les défenseurs, ça peut prendre un peu plus de temps à s'épanouir parce que c'est une position plus difficile», note Dumas.

L'année suivante, en 2003, Chicago a repêché au 14e rang de la première ronde Brent Seabrook, l'actuel défenseur numéro deux de l'équipe, puis Dustin Byfuglien en huitième ronde, 245e au total. Byfuglien terrorise les gardiens adverses en se plantant devant eux du haut de ses 6'3 et 246 livres et il a déjà huit buts en séries.

«Byfuglien pesait 285 livres chez les juniors à Prince-George, dit Dumas, mais il a toujours eu de bonnes mains et ce n'est pas un mauvais patineur. Il avait un bon sens du jeu. Il a perdu 30 livres depuis son passage chez les professionnels et il est plus mobile.»

Mais les Blackhawks ont véritablement décollé depuis l'arrivée de Jonathan Toews, premier choix de l'équipe, troisième au total, en 2006, et Patrick Kane, premier choix au total l'année suivante.

«On devait repêcher au cinquième rang en 2007 et on a gagné la loterie pour passer au premier rang, mentionne Dumas. C'est évident que Patrick Kane était le meilleur joueur disponible au repêchage. Jonathan Toews, lui, a toujours été un leader et un gagnant depuis que je l'ai vu jouer à l'école secondaire au Minnesota. On ne savait pas comment se déroulerait le repêchage cette année-là. Je ne dis pas qu'on l'aurait pris si on avait eu le premier choix, parce qu'Erik Johnson, c'est un gros gabarit à la défense et c'est un défenseur numéro un même s'il a été été ralenti par une grave blessure, mais on repêchait troisièmes et on a eu le joueur qu'on voulait. Les quatre ou cinq autres qui ont suivi sont d'excellents joueurs. Nicklas Backstrom est excellent. Phil Kessel aussi.»

Ce sont d'ailleurs les choix au repêchage des Blackhawks, et non les joueurs autonomes de renom, qui tirent l'équipe à l'heure actuelle. Le gardien Cristobal Huet est sur le banc. Brian Campbell joue moins que les défenseurs Duncan Keith, Brent Seabrook et Niklas Hjalmarsson, un choix de quatrième ronde en 2005. Même Marian Hossa vient au neuvième rang de l'équipe en termes de temps d'utilisation, derrière entre autres le joueur de centre David Bolland, choix de deuxième ronde en 2004 qui compte 12 points en séries, en plus de briller en défense.

Le DG déchu Dale Tallon, depuis embauché par les Panthers de la Floride, a fait des gaffes au cours de son court règne de quatre ans, mais aussi de bons coups. Comme l'acquisition de Patrick Sharp des Flyers en retour de Matt Ellison et d'un choix de troisième ronde. Ou celle de Kris Versteeg des Bruins de Boston en retour de Brandon Bochenski. Il a embauché Antti Niemi, qui lui avait été chaudement recommandé par le dépisteur suédois Mats Hallin.

En fin de compte, les partisans des Hawks doivent un gros merci aux recruteurs, qui travaillent malheureusement trop souvent dans l'ombre mais dont l'efficacité peut relancer une organisation.