Avec sa ribambelle de joueurs représentant huit pays du Vieux Continent, l'Europe joue à merveille le rôle de négligée dans cette Coupe du monde de hockey à huit équipes. C'est vrai collectivement, mais ce l'est aussi individuellement pour ces patineurs qui viennent de l'Allemagne, de la Suisse, du Danemark, de la Slovaquie et d'autres pays qui sont tout sauf des puissances du hockey.

Avec sa ribambelle de joueurs représentant huit pays du Vieux Continent, l'Europe joue à merveille le rôle de négligée dans cette Coupe du monde de hockey à huit équipes. C'est vrai collectivement, mais ce l'est aussi individuellement pour ces patineurs qui viennent de l'Allemagne, de la Suisse, du Danemark, de la Slovaquie et d'autres pays qui sont tout sauf des puissances du hockey.

«Je prends l'équipe qu'on a ici et si on nous identifie comme les négligés, ça ne me dérange pas du tout. Je viens de la France, et les joueurs ici, on a tous joué dans des équipes nationales où on était les négligés», a admis l'attaquant Pierre-Édouard Bellemare, rencontré hier matin après l'entraînement des siens.

Anze Kopitar en sait quelque chose. Capitaine des Européens, il a dans son bagage l'expérience des Jeux de Sotchi, où il a mené la Slovénie à une modeste victoire contre la Slovaquie en phase de groupe. Les Slovènes avaient célébré cette victoire comme s'ils avaient gagné la Coupe Stanley, celle-ci allait leur permettre d'accéder aux quarts de finale.

«On est toujours les négligés, ce n'est pas un secret. On peut se fier à nos expériences passées et s'en servir comme motivation, a fait valoir Kopitar. On n'est pas venus ici pour se faire ridiculiser. On a tous notre fierté et c'est ce qui va nous motiver.»

Les aînés du tournoi

Le principal handicap de ce groupe est son âge. À quelques exceptions près, les plus grands noms de l'Europe n'en ont plus pour très longtemps à jouer au hockey.

C'est le cas de Zdeno Chara et de Mark Streit, les deux doyens de ce tournoi, à respectivement 39 et 38 ans. Marian Hossa et Marian Gaborik totalisent 499 et 386 buts dans la LNH, preuve qu'ils pratiquent leur sport depuis belle lurette. Les deux Slovaques avaient d'ailleurs participé à la dernière édition de la Coupe du monde, en 2004, tout comme Chara et les Allemands Dennis Seidenberg et Christian Ehrhoff.

L'attaquant Kopitar et le défenseur Roman Josi sont donc les seules véritables vedettes de cette équipe. Il y a aussi le talentueux Allemand de 20 ans Leon Draisaitl, troisième choix au total en 2014, qui avait connu un début de saison du tonnerre l'an passé avec 31 points en 29 matchs, avant de ralentir en deuxième moitié (20 points en 43 sorties).

Dans un monde de hockey où la jeunesse est de plus en plus valorisée, où la vitesse fait foi de tout, cette équipe semble bien mal outillée pour rivaliser avec les puissances sur place.



Le défi logistique

En plus de devoir piger dans un bassin de joueurs limité, le directeur général Miroslav Satan et l'entraîneur-chef Ralph Krueger ont dû faire face à un formidable défi logistique.

«On devait faire une équipe avec huit pays négligés et le processus était très difficile, a admis Krueger, ancien entraîneur-chef des Oilers d'Edmonton. Nous n'avions pas de fédération nationale pour nous soutenir. On était les seuls à ne pas en avoir une, car même l'équipe de l'Amérique du Nord avait le soutien des fédérations canadienne et américaine. Le fait de ne pas avoir de personnel nous forçait à vraiment trouver les meilleures personnes, que ce soit notre gérant de l'équipement, notre personnel médical ou l'équipe médiatique.»

Par contre, Krueger y a aussi vu un avantage. «Je n'ai pas dû souvent expliquer mes choix de joueurs à qui que ce soit! Il n'y a rien de politique dans notre démarche. La ligne de décision était assez directe.»

Pour Bellemare, c'est toutefois dans cette adversité que son équipe s'est soudée.

« On a tous grandi dans des pays où il n'y avait pas de hockey, où on a dû se battre pour y arriver. On a ça en commun, croit le Français. Ce n'est pas plus facile quand tu viens du Canada, mais les entraîneurs sont meilleurs, tu as plus de matchs, plus de patinoires. Quand tu viens de la France, de l'Allemagne, de la Slovénie, de ces pays où le hockey est moins intéressant pour le public, c'est plus compliqué de devenir un joueur important. »

L'Europe jouera dans le groupe A avec le Canada, les États-Unis et la République tchèque. Seules les deux meilleures équipes de chaque groupe poursuivront leur tournoi en accédant directement aux demi-finales. Si le duel contre les Tchèques est à leur portée, on voit mal comment les Européens pourraient arracher la victoire aux Canadiens et aux Américains.

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Photo Dan Hamilton, USA TODAY Sports

Le directeur général de l'équipe européenne, Miroslav Satan.

Grâce à la fédération internationale

Qu'elle connaisse du succès ou non, cette équipe européenne est le reflet d'une LNH qui s'internationalise, accueillant de plus en plus de joueurs de pays non traditionnels. Selon Krueger, qui a été entraîneur-chef de la Suisse dans 12 éditions du Championnat du monde, c'est là le produit des démarches de la Fédération internationale de hockey sur glace, qui a fait passer le Championnat du monde à 16 équipes en 1998. 

«Des Mats Zuccarello [Norvège] et des Kopitar, ça n'existait pas à l'époque. Ça démontre la croissance du hockey. En 1998, quand le Championnat du monde a commencé à accueillir plus de pays, ça a permis aux programmes du Danemark, de la Slovénie, de la Norvège de grandir. L'éclatement du bloc de l'Est a aussi aidé, mais le hockey a vraiment grandi avec le Championnat du monde.»