La santé de Carey Price inquiète toujours nombre de partisans du Canadien, mais visiblement pas l'entraîneur de l'équipe du Canada, Mike Babcock.

À l'entendre mercredi midi lors de son point de presse dans l'exiguë salle de conférence de presse du centre Canadian Tire, à Ottawa, la longue période d'inactivité de Carey Price n'a pas abimé d'un iota son immense confiance envers le gardien du Canadien.

D'un air presque nonchalant, il a confirmé que Price allait être devant le filet du Canada pour le premier match préparatoire de l'équipe, vendredi à Columbus, un secret de polichinelle à l'interne tellement le DG Doug Armstrong était dithyrambique à l'endroit du gardien du Canadien depuis deux semaines, le qualifiant entre autres du meilleur gardien de la planète.

«Je n'y ai pas vraiment pensé», a d'abord répondu Babcock à un collègue qui lui demandait s'il envoyait Price dans la mêlée dès le premier match pour lui permettre de retrouver vite ses repères après presque 10 mois d'inactivité.

«C'est un gardien d'élite qui te donne une chance de gagner chaque fois qu'il est devant le filet, a résumé Babcock. Il rassure les joueurs, il rassure les entraîneurs quand il est devant son but. Il n'a pas joué depuis un moment, mais on lui donnera une chance de retrouver ses repères.»

Le gardien du Canadien affichait son calme légendaire dans ce vestiaire bourré de vedettes, tout aussi affables et détendues les unes que les autres, malgré la rigueur affichée lors de l'entraînement quelques instants plus tôt.

«Il y a un peu de nervosité, mais pas plus que d'habitude, a-t-il mentionné aux nombreux journalistes le ceinturant. Je suis plus excité que stressé. Je suis heureux d'obtenir un départ rapidement. Ça sera un test de qualité. J'ai aussi connu trois bons entraînements ici à Ottawa à un rythme très élevé. Ma préparation est adéquate.»

Price n'a pourtant pas joué depuis 10 mois, Braden Holtby a un trophée Vézina fraîchement gagné sur son manteau de cheminée et Corey Crawford a remporté trois Coupes Stanley avec les Blackhawks de Chicago, mais Holtby et Crawford devront se contenter de se partager le second match préparatoire, le lendemain.

Babcock n'a même pas senti le besoin de flatter l'égo de Holtby et Crawford malgré leur réputation. Price, il faut le rappeler, a accordé seulement trois buts en cinq matchs pour Babcock et l'équipe canadienne aux Jeux de Sotchi en 2014.

«Je ne leur ai pas parlé. C'est l'avantage d'avoir Stef (l'entraîneur des gardiens Stéphane Waite) aux alentours. Ils ont quelqu'un pour leur parler à chaque jour. Je prends des nouvelles de leur journée ou de leur soirée, mais on ne parle pas de hockey. Je ne peux croire que j'ai participé à tous ces grands événements internationaux et que je n'avais jamais compté sur un entraîneur des gardiens auparavant...»

Révélation étonnante d'un entraîneur qui pourtant ne laisse jamais aucun détail au hasard. Pourquoi ne pas y avoir songé avant?

«Excellente question. Je ne sais pas. Steve Brière nous donnait un coup de main auparavant en nous soumettant des rapports sur les autres gardiens, mais nous n'avions personne pour s'occuper des nôtres. "Armie" (Doug Armstrong) est arrivé avec cette proposition cette année. Il faut rappeler qu'un de nos trois gardiens ne jouera pas alors qu'il doit se préparer pour la saison de la LNH, alors c'est important pour lui de se préparer en conséquence avec notre entraîneur des gardiens.»

Avant de devenir le mentor de Price à Montréal, Stéphane Waite avait travaillé pendant plusieurs saisons avec Crawford à Chicago.

Price se dit heureux d'avoir l'occasion de disputer un match complet vendredi.

«Je préfère disputer les 60 minutes. Je n'ai pas joué depuis un long moment. Je retrouverai ma routine plus rapidement en ayant un départ complet. Avec cette équipe, je n'aurai pas besoin de trop en faire. Le nombre de tirs m'importe peu. Je tenterai de bloquer les tirs que je recevrai.»

Il dit ne plus se préoccuper de son genou. « Je patine depuis longtemps, alors mon état de santé ne m'inquiète pas. J'ai passé tous les tests possibles. Je n'ai aucun souci.»

Son seul souci, pour vendredi, serait en fait d'accorder un but à son coéquipier Max Pacioretty. «Je ne veux pas l'entendre scander toute l'année USA! USA! USA! dans notre vestiaire», a-t-il lâché en souriant.

À moins d'une catastrophe, Price sera le gardien partant lors du match d'ouverture contre la République tchèque le 17 septembre.

«Je ne tiens rien pour acquis, précise cependant Price, prudent. Ils ne me feront pas de cadeau. Je dois mériter mon poste.»

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Le Canada n'est pas les États-Unis...

L'entraîneur de l'équipe américaine, John Tortorella, a encore fait parler de lui en affirmant qu'il clouerait au banc tout joueur de son club qui ne daignerait pas se lever pendant les hymnes nationaux, comme le fait le quart des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick. Son homologue Mike Babcock a esquivé la pelure de banane lancée par confrère, mercredi, en évitant ce terrain glissant.

«Je n'aurai pas à prendre une telle décision car ça n'arrivera pas. Notre contexte (au Canada) est différent. La plupart d'entre nous pouvons représenter notre pays, un événement unique dans une vie. Le faire en sol canadien rend l'événement encore plus unique. Nous vivons dans de belles conditions de vie et jouissons d'une belle liberté, et ceux qui nous ont précédés nous ont permis d'avoir ces conditions de vie. Il faut respecter ça, c'est le gros bon sens à mon avis. Je ne sais même pas pourquoi on parle de ça aujourd'hui...»

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Un vestiaire de bien bonne humeur!

Quand Sidney Crosby vous accueille en vous saluant, seul devant son casier, sans l'ombre d'un autre journaliste, quand John Tavares multiplie les interviews individuelles, quand Drew Doughty et Ryan Getzlaf sont à peine sollicités, quand Carey Price traîne dans la pièce après les entrevues, bref, scène presque irréaliste mercredi midi à Ottawa dans le vestiaire de l'équipe canadienne.

Vrai que le tournoi n'est pas encore commencé, mais il n'empêche, la plupart des collègues sondés, dont plusieurs vétérans, n'avaient jamais été témoins de pareille ambiance lors d'un tournoi international. Un peu plus et Jonathan Toews offrait le café! C'est sans compter la bonne humeur de Mike Babcock en conférence de presse, en taquinant l'un à propos de son veston, en multipliant les «great questions» et en versant dans l'anecdote, malgré l'intensité et la rigueur affichées pendant l'entraînement.

Les mines devraient être plus sérieuse à compter de vendredi.