Aaron Ward a joué pour Claude Julien pendant deux saisons, et samedi soir, il n'a pas du tout reconnu son ancien coach.

«Je le voyais derrière le banc à gesticuler avec ses mains, à crier, et ce n'est pas le Claude Julien que je connais, a expliqué l'ancien défenseur lors d'une conversation téléphonique, dimanche. Claude n'a pas l'habitude de crier comme ça devant tout le monde et devant les caméras. Normalement, il garde ça pour le vestiaire, quand les portes sont fermées.»

Non, nous n'avions pas halluciné samedi soir, lors du deuxième match de la série entre le Canadien et les Bruins; Claude Julien semblait effectivement dépassé par les événements. En furie contre les arbitres, en furie aussi contre ses joueurs, Julien n'a certes pas affiché le calme et le flegme dignes d'un entraîneur de la LNH.

Ward, qui a disputé 839 matchs dans la LNH avant de devenir analyste sur les ondes de TSN cette saison, reconnaît que son ancien entraîneur a pété les plombs à un bien mauvais moment.

«C'est le genre de chose qui affecte les joueurs si c'est inhabituel, a-t-il ajouté. Et dans le cas de Claude, c'est inhabituel. D'ordinaire, il garde tout en dedans, il affiche rarement ses émotions. Et il est toujours de glace derrière le banc, droit comme un chêne. Mais samedi soir, à chaque fois que la caméra le montrait, on le voyait les bras en l'air. Ça me disait qu'il était très frustré.»

L'ancien joueur refuse d'aller jusqu'à dire que les Bruins ont perdu à cause des crises de leur coach («ce sont les joueurs qui ont les bâtons dans les mains», précise-t-il), mais il reconnaît que les patineurs montréalais ont dû ressentir un brin de fierté en voyant l'entraîneur adverse perdre les pédales de cette façon.

«Quand tu es sur le banc et que tu vois l'entraîneur de l'autre équipe qui réagit comme ça, tu te sens bien... Ça veut dire que tu es en train d'accomplir ton travail, surtout à l'étranger comme ça. Ça veut dire que ton club joue de manière très efficace. Les gars du Canadien voient ça, et ils se sentent bien, ils se disent qu'ils doivent continuer à jouer de cette manière.»

C'est loin d'être fini...

Aaron Ward tient toutefois à rappeler un truc: même quand c'est 2-0, souvent, c'est loin d'être terminé.

Il a l'exemple parfait en tête. C'était en 2006, et Ward, alors un membre des Hurricanes de la Caroline, affrontait justement le Canadien.

Les partisans montréalais se souviennent sans doute de l'histoire: le club en bleu, blanc et rouge s'était permis de gagner les deux premiers matchs de la série en Caroline. Avec une avance de 2-0, on croyait bien que c'était la fin des Hurricanes.

Mais les Canes avaient ensuite gagné les quatre matchs suivants... avant de remporter la Coupe Stanley quelques semaines plus tard.

«Nous avions perdu les deux premiers matchs en partie parce qu'on s'était battus nous-mêmes, se souvient Ward. Notre jeu n'était pas très efficace au départ, et nous avions eu aussi quelques ennuis devant le filet.»

C'est d'ailleurs devant le filet que cette série avait basculé. Aux prises avec un virus, Martin Gerber avait dû laisser sa place à un inconnu du nom de Cam Ward... on connaît la suite, n'est-ce pas? Ward a médusé les membres du CH, qui ont perdu les quatre matchs suivants.

Mais Aaron Ward ne croit pas qu'un changement de gardien s'impose chez les Bruins.

«Si Claude Julien retirait Tim Thomas, ce serait perçu comme un geste de panique, estime-t-il. C'est Tim Thomas qui a permis à cette équipe d'obtenir de bons résultats cette saison. En 2006, les Hurricanes ont donné le filet à Cam Ward seulement parce que Martin Gerber était malade et incapable de continuer.»

En attendant, on a un peu l'impression que Claude Julien joue son poste à Boston. Ne l'oublions pas, c'est lui qui était derrière le banc il y a un an, quand le club s'est effondré de spectaculaire façon en séries face aux Flyers de Philadelphie, au point de bousiller une avance de 3 matchs à 0.

Il y a une semaine à peine, lors d'un appel-conférence avec les médias, Peter Chiarelli, le DG des Bruins, disait s'attendre à un printemps couronné de succès. Il a même ajouté ceci: «La réponse évidente est de se rendre plus loin que le deuxième tour.»

Chiarelli a d'ailleurs acquis quelques joueurs avant la date limite des échanges, sans doute pour aller plus loin que le deuxième tour: Kaberle, Peverley, Kelly...

Cette saison devait être celle des Bruins. Ce n'est certes pas terminé, mais en attendant, la dernière chose dont ce club a besoin, c'est d'un entraîneur qui semble dépassé.



Coyotes en voie d'extinction

Le lourd silence qui enveloppe l'épineux dossier des Coyotes n'augure rien de bon pour les fans de hockey en Arizona. Rappelons ici que le commissaire Gary Bettman avait promis de confirmer la vente du club à l'homme d'affaires Matthew Hulsizer avant le 31 décembre... Quatre mois plus tard, est-ce que ce dossier a évolué? La réponse est un gros non.

Bien sûr, tout cela semble indiquer que les Coyotes ne seront plus en Arizona en octobre. C'est au tour du Hockey News, qui cite une source anonyme, d'avancer que le club s'en retourne à Winnipeg. Selon le magazine, la ligue en ferait l'annonce entre la fin de la grande finale et le prochain repêchage, présenté au Minnesota à la fin juin.

Personne (ou presque) ne pleurera la mort des Coyotes. Mais la tentative de vendre le club à Hulsizer aura été un long feuilleton désastreux. L'idée de faire bâtir un aréna dans le désert à Glendale n'aura pas été très brillante non plus.

Bref, l'aventure de la LNH en Arizona est un échec, et le grand responsable a un nom: Gary Bettman.

C'est lui qui s'entête depuis trop longtemps à maintenir ce club en vie, dans un endroit où le hockey est à peine plus populaire que les courses de tortues. C'est lui qui a maintes fois insisté pour nous dire que le hockey en Arizona était une réussite, malgré ces rangées de bancs vides que l'on pouvait voir à la télé.

J'imagine que Gary est déjà prêt à se défendre, et j'imagine qu'il a déjà identifié des coupables pour expliquer cet échec: les gens de l'institut Goldwater. Ce sont eux qui affirment haut et fort que le marché avec Hulsizer est désastreux pour les contribuables de Glendale. Les gens de Goldwater représentent une cible de choix pour Bettman et la LNH, une cible facile aussi. Si les Coyotes périssent, la LNH va affirmer que Goldwater est directement responsable.

Ce qui évitera à Gary et à ses alliés de reconnaître l'essentiel: le hockey en Arizona était en partant une très mauvaise idée. Comme c'était une mauvaise idée de s'entêter à croire qu'un jour, ce marché allait devenir un marché de hockey comme par magie.



Photo: AP

L'aventure de la LNH en Arizona est un échec, et le grand responsable a un nom: Gary Bettman.

La formule des Flyers

On ne change pas une formule gagnante, n'est-ce pas? Il y a un an, les Flyers ont atteint la grande finale avec un inconnu du nom de Michael Leighton devant le filet. Ils veulent maintenant réussir le même exploit avec un autre inconnu... ou avec un réserviste de carrière.

Cette fois, les Flyers tentent leur chance avec Brian Boucher, éternel numéro deux de 34 ans, dont la qualité principale est de travailler pour pas cher: 925 000 $ cette saison, pour être plus précis. Sergei Bobrovsky, un gars de 23 ans qui en est à ses premiers pas, est l'autre option devant le filet des Flyers. À moins de compter aussi sur Leighton, qui a passé la saison dans la Ligue américaine, et qui n'a pas été réclamé au ballottage...

Les Flyers aimeraient sans doute pouvoir miser sur un Luongo ou un Lundqvist, mais ils ont décidé d'accorder leurs gros salaires à d'autres joueurs. Alors ils doivent se débrouiller avec les moyens du bord devant le filet, puisqu'ils n'ont plus le fric nécessaire pour se payer un gardien de premier plan.

Le plafond salarial force les DG de la ligue à faire des choix. Les attaquants vedettes se font rares et ils coûtent cher. Dans ce périlleux contexte, peut-être que l'approche des Flyers va faire école. Après tout, les Hawks ont bien gagné une Coupe Stanley avec un gardien finlandais que personne ne connaissait (à part sa famille et son livreur de dépanneur). Et le Canadien a atteint la finale d'Association il y a un an avec un gardien qui a été un choix de neuvième ronde.

Mon ami Jean Perron se plaît souvent à répéter que des bons gardiens, il en pousse partout. Autrement dit, il n'est pas nécessaire de dépenser une fortune pour un gardien de pointe, quand un gardien juste «correct» peut très bien faire l'affaire. L'été dernier, de bons gardiens ont d'ailleurs dû patienter longtemps sur le marché de l'autonomie avant de se trouver du boulot...

Si jamais les Flyers gagnent la Coupe avec leurs gardiens de deuxième ordre, la tendance pourrait devenir encore plus prononcée.

Et Brian Boucher pourrait jouer jusqu'à 45 ans.



Photo: Reuters

Brian Boucher

La renaissance d'Alex Tanguay

À Montréal, Alex Tanguay n'aura pas fait bonne impression. On a remis en doute sa capacité à jouer malgré la douleur, on lui a trouvé des défauts à la pelle, et au bout du compte, son mariage avec le Canadien n'a duré que le temps de 50 petits matchs, en 2008-09.

Tanguay a ensuite connu une saison de 37 points avec Tampa il y a un an, et on a tous conclu la même chose: ce joueur-là est fini.

Sauf que le vétéran est retourné à Calgary cette saison, et il s'est offert une saison de 69 points! Il n'a pas de contrat en vue de la prochaine saison, mais Jay Feaster, le DG par intérim des Flames, a récemment fait savoir au Calgary Herald qu'il pourrait offrir un nouveau contrat au joueur québécois. Ça se parle, en tout cas. Cette saison, Tanguay a touché un salaire de 1,7 million.

Bien sûr, Tanguay a eu la chance de jouer avec un certain Jarome Iginla cette saison, le genre de petit détail qu'il ne faut pas négliger. Mais on raconte qu'Iginla a bien aimé son nouveau compagnon de trio, et qu'il va fortement recommander à la direction des Flames de lui offrir un nouveau contrat.

Pas si mal pour un gars que l'on croyait fini.

Le chiffre

4

Le nombre de buts de Teemu Selanne depuis l'ouverture des séries.

La citation

«Je sais qu'il s'est fait taper dessus par certains de vous, membres des médias qui pensez tout savoir, mais il n'y avait aucune chance qu'il puisse jouer.»

L'entraîneur des Bruins, Claude Julien, en réponse aux journalistes qui croyaient que Zdeno Chara aurait pu jouer samedi soir à Boston.

Une autre citation

«À cause de sa taille»

L'entraîneur des Hawks, Joel Quenneville, en réponse à un journaliste qui lui a demandé pourquoi il avait inséré le défenseur John Scott (6'8, 258 livres) dans sa formation dimanche soir.

Et moi qui croyais que c'était en raison de sa bonne vision du jeu...

Photo: Reuters

Alex Tanguay