Parfois, la vie d'un entraîneur de la LNH est bien cruelle. Il y a trois ans à peine, Michel Therrien menait ses Penguins de Pittsburgh en grande finale de la Coupe Stanley. Les Penguins ont perdu, mais ils étaient talentueux, jeunes, et on se doutait bien qu'un de ces jours, le joli trophée de Lord Stanley allait être à eux.

Les Penguins ont bien fini par la gagner, leur Coupe, mais pas avec Michel Therrien derrière le banc. Le coach a été congédié en février 2009, principalement en raison des mauvaises performances du club. Et il n'a pas remis les pieds derrière un banc de la LNH depuis ce jour-là.

Que fait Michel Therrien aujourd'hui? Il attend. Il attend une autre chance. Son contrat avec les Penguins prend fin le 30 juin, et en attendant, il fait du dépistage pour le Wild du Minnesota.

On aura compris qu'il ne veut pas faire du dépistage toute sa vie.

«C'est sûr que je veux retourner derrière le banc, et je veux le faire dans la Ligue nationale, commence-t-il par dire en entrevue téléphonique depuis Pittsburgh. C'est mon but. On va voir ce qui va arriver cet été.»

Sur le coup, quand Michel Therrien a dit oui à cette proposition du Wild en début de saison, on a rapidement supposé qu'il allait être le premier en lice pour remplacer l'entraîneur Todd Richards. Mais Todd Richards est encore là... «Je connais bien (le DG) Chuck Fletcher, mais on ne s'est rien promis», insiste pour dire le principal intéressé.

Michel Therrien ne s'en cache pas: il a hâte que le téléphone sonne. «J'étais à deux matchs de gagner la Coupe Stanley, et mon but, c'est d'avoir une autre occasion de la gagner... mais je n'ai pas eu d'offres. Il faut dire qu'il n'y a pas eu beaucoup de changements chez les entraîneurs au cours des deux dernières saisons. C'est pour ça que j'ai accepté d'être dépisteur pour le moment; afin de rester bien informé dans le milieu de la LNH, pour bien connaître les joueurs et les équipes. Si jamais je reçois enfin ce fameux coup de fil, au moins, je vais être prêt.»

Toujours posté à Pittsburgh, Therrien a donc passé la majorité de la saison à voir des matchs, surtout à Pittsburgh, mais aussi à Columbus, à Buffalo, en Floride et au Centre Bell. Il n'a pas songé à l'idée de faire un pas en arrière comme Guy Carbonneau ou encore Alain Vigneault, qui avait dû repasser par le hockey junior puis la Ligue américaine avant de revenir dans la LNH, en 2006.

Un saut en Europe comme Bob Hartley, d'abord? Ça non plus, il n'y a pas vraiment pensé.

«Je n'ai pas fait de démarches pour ça. On verra. Si jamais les portes de la LNH ne s'ouvrent pas à moi cet été, l'Europe, ce sera peut-être une avenue. Mais je ne pense pas à ça pour le moment. En même temps, c'est important de demeurer actif derrière un banc. Je trouve que Guy Carbonneau a pris la bonne décision en allant dans le hockey junior.»

L'histoire de Michel Therrien vient nous rappeler combien ça change vite dans cette ligue. Carbonneau attend son tour chez les juniors après une saison de 104 points chez le Canadien en 2007-08. Les Oilers croyaient avoir trouvé une perle en Craig MacTavish, qui avait mené ce club étonnant en grande finale il y a cinq ans. Mais les Oilers de McTavish ont ensuite raté les séries lors des trois saisons suivantes... Bob Hartley a quand même remporté une Coupe Stanley avec l'Avalanche du Colorado en 2001, mais il est incapable de se trouver du boulot dans cette ligue 10 ans plus tard.

On pourrait aussi ajouter à cette liste Ken Hitchcock, qui a goûté à deux grandes finales depuis 1999, incluant une conquête du fameux trophée avec les Stars de Dallas. Il doit aujourd'hui se contenter d'un job de dépisteur lui aussi...

C'est la réalité du hockey professionnel en Amérique du Nord: des fois, les succès du passé sont vite oubliés.

«Faire du dépistage, c'est un pas en arrière, avoue Michel Therrien sans détour. Mais si le défi se représente, au moins, je sais que je vais être prêt.»



Grosse course au trophée Hart

Le collègue Mathias Brunet posait la question en fin de semaine sur son blogue: Carey Price peut-il rêver au trophée Hart, remis au joueur le plus utile de la ligue?

Excellente question. L'affaire, c'est qu'on remet rarement ce fabuleux trophée à un gardien. Au cours des dernières saisons, on l'a remis à un attaquant vedette (Henrik Sedin, Ovechkin, Crosby), mais pas souvent à un gardien. Au cours des 40 dernières années, en fait, seulement deux gardiens ont mis la main sur ce titre prestigieux. Deux!

Malgré tout, Michel Therrien pense que Price a une chance.

«Ce qui m'impressionne chez lui cette saison, c'est sa maturité, d'expliquer l'ancien coach. Il a dû laisser sa place à Halak la saison passée, et ça je crois qu'il a gagné en maturité à cause de ça.»

Ça se tient comme théorie. J'ai longtemps trouvé que Price avait été un privilégié avec le Canadien, longtemps trouvé qu'on lui avait remis les clefs du royaume un peu vite. Mais les séries 2010 sur le banc, ça l'a fait réfléchir, de toute évidence. Enfin, Carey Price a pigé qu'il fallait bosser pour avancer dans cette ligue. Ça paraît cette saison.

«Il ne faudrait pas oublier non plus l'impact de Pierre Groulx, a ajouté Michel Therrien. Je pense qu'il a fait tout un travail avec Carey Price cette année.»

(Pause ici: vous ne connaissez pas Pierre Groulx, entraîneur des gardiens chez le CH? Normal, il n'a pas le droit de parler aux médias, comme les autres assistants du club, d'ailleurs. Ainsi en a décidé Pierre Gauthier. Fin de la pause)

À mon humble avis, Price mérite d'être considéré dans la course au trophée Hart. Je le rappelle, le Hart va au joueur le plus utile. Celui dont son club ne peut se passer. Il mérite au moins de faire partie de ceux qui seront pris en considération.

Le dernier gardien à avoir gagné le Hart était aussi un gardien du CH. Son nom? José Théodore. C'était en 2002.



Photo Reuters

Carey Price

Et le Jack Adams?

Puisqu'on jase de trophées, j'ai bien hâte de voir ce qu'on va faire du Jack Adams, remis à l'entraîneur de l'année. Si les Devils sont des séries, la question ne se pose même pas: ce sera Jacques Lemaire. Difficile de miser contre un coach qui a pris un club de dernière place fin décembre... et qui lui a permis de revenir dans la course aux séries. Ce que Lemaire a fait au New Jersey est peut-être du jamais vu. Qui se souvient d'une telle métamorphose? Voyez un peu comment joue monsieur Kovalchuk depuis que c'est Lemaire qui décide...

Doit-on aussi ramener le nom d'Alain Vigneault dans cette conversation? D'habitude, il est vrai, on remet ce prix à l'entraîneur ayant obtenu les résultats les plus surprenants, et les Canucks faisaient certes partie des favoris dans l'Ouest début octobre. Quand même, ce club connaît toute une saison. Et seulement huit défaites à domicile...

Guy Boucher aura lui aussi des votes. Normal, le Lightning a terminé la saison précédente au 12e rang dans l'Est... En moins d'un an, Boucher a remis ce club sur la bonne voie.

Et pourquoi pas Dave Tippett des Coyotes? Voici un club qui n'a toujours pas de proprio, un club qui a besoin de demander la permission à la ligue avant même de pouvoir faire un échange... Bref, les distractions sont nombreuses en Arizona, mais Dave Tippett a su garder ses gars «focus», comme on le dit avec éloquence dans le milieu.



Photo Reuters

Jacques Lemaire

Minuit moins une en Arizona

Pendant qu'on parlait (encore) des coups à la tête la semaine passée, une petite nouvelle digne d'intérêt est passée sous le radar: Elaine Scruggs, la mairesse de Glendale, a laissé entendre que la ville allait devoir songer à un Plan B si jamais le dossier des Coyotes n'est pas réglé d'ici la semaine prochaine. Ce Plan B, c'est un club de hockey mineur.

Intéressant.

Mais le bout vraiment intéressant, c'est cette citation de la mairesse, rapportée par TSN : «On ne peut pas s'obstiner pour toujours... (si ça ne fonctionne pas), le club va déménager au Canada.»

Ça aussi, c'est intéressant.

Pendant que Gary Bettman répète qu'aucun club ne va déménager, la mairesse de Glendale évoque elle-même un déménagement des Coyotes au Canada. De toute évidence, la mairesse sait des choses que Gary préfère nous cacher.

C'est clair, les Coyotes sont sur le bord de retourner à Winnipeg. Tout est en place. Et le silence des décideurs de Winnipeg dans ce dossier est de plus en plus éloquent. La LNH aime ses proprios discrets. Il se trouve que ceux qui veulent ramener le hockey à Winnipeg sont très, très discrets. Eux aussi savent sans doute des choses que Gary nous cache...

Enfin, sachez que deux mystérieux investisseurs se sont manifestés dans le dossier des Thrashers, deux types qui veulent que le club reste à Atlanta. Les propriétaires actuels affirment avoir perdu plus de 130 millions US depuis 2005...

En attendant, les Thrashers arrivent toujours au 28e rang du circuit au chapitre des assistances, avec une moyenne de 13 212.



Photo: PC

Tout est en place pour que les Coyotes retournent à Winnipeg.

Matt Cooke remet ça

Dimanche à Pittsburgh, Matt Cooke a ajouté un autre coup illégal à sa grande collection. Cette fois, ce fut un coude bien en évidence à la tête du défenseur Ryan McDonagh, des Rangers de New York.

Quelques petits détails à rappeler ici.

*Ce n'est pas la première fois que Cooke se permet une singerie du genre. C'est la 234e fois environ.

*Ce type est dangereux

*Mario Lemieux et Ray Shero, les grands patrons des Penguins, ne viennent-ils pas de se prononcer publiquement en faveur de l'abolition des coups à la tête? Au fait, pourquoi les Penguins ont-ils donné un «A» à Cooke?

Tout ça pour dire que la LNH a (une autre) occasion de lancer un message clair et précis. Dans une ligue sérieuse, Matt Cooke serait suspendu pour le reste de la saison.

Mais la LNH est-elle une ligue sérieuse? Ça, c'est la véritable question...

Le chiffre de la semaine

1

Le nombre de victoires de l'Avalanche du Colorado à ses 10 derniers matchs

La statistique de la semaine

80%

Selon un sondage Angus-Reid pour le magazine canadien Maclean's, 80% des Canadiens estiment que les coups à la tête devraient être bannis au hockey. Au fait, est-ce que Gary Bettman et Colin Campbell lisent Maclean's?

Le gars qui ne veut pas arrêter

Dominik Hasek

Le Dominator, 46 ans, vient de conclure une saison en Russie... et il prévoit jouer la prochaine saison aussi, toujours en Russie.

La citation de la semaine

«Ah, je croyais que vous parliez du coup de Pacioretty sur Mark Eaton?»

Colin Campbell, lors de la réunion des DG en Floride. Monsieur le préfet n'était pas content que j'insiste avec l'incident Chara-Pacioretty. Mais monsieur le préfet ne devrait-il pas se garder une petite gêne?

Photo: AP

Matt Cooke