Les Thrashers d'Atlanta sont dans le trouble. Les Coyotes de Phoenix aussi. À la télé, les images en provenance de Dallas ou Sunrise nous permettent souvent de voir des rangées et des rangées de bancs vides. Plus que jamais, la question se pose: la LNH dans le sud, est-ce vraiment une bonne idée?

Ça dépend à qui on parle. Les joueurs adorent le concept, bien évidemment. Les dirigeants de la ligue aussi. Mais les fans? À ce chapitre, le débat reste entier. Parmi les 10 pires moyennes au chapitre des assistances de la LNH cette saison, on retrouve Nashville, la Caroline, la Floride, Dallas, ainsi qu'Atlanta et Phoenix.

Le plus récent classement de Forbes sur la valeur des équipes du circuit a aussi de quoi faire réfléchir. Dans le dernier tiers de la liste de Forbes, il y a six équipes du Sud, incluant bien sûr les Coyotes (30e) et les Thrashers (29e) mais aussi le Lightning de Tampa Bay (28e), les Predators de Nashville (27e), les Hurricanes de la Caroline (24e) et les Panthers de la Floride (22e).

La migration du hockey vers le sud, amorcée il y a 19 ans avec la naissance du Lightning, demeure donc un concept fragile aux yeux de plusieurs observateurs... mais pas aux yeux de Gary Bettman.

Le commissaire le répète depuis des semaines: il n'y a aucun déménagement en vue, et les clubs du sud ne sont pas sur le point de se pousser vers le nord. D'ailleurs, Bettman a dressé un portrait plus que favorable du hockey dans le sud lors d'une conférence téléphonique, la semaine dernière.

«Il y a eu des conquêtes de la Coupe Stanley à Dallas, Tampa Bay et en Caroline, a répondu le commissaire. Certaines équipes ont connu des ennuis sur la glace, et cela a eu des répercussions aux guichets. Mais même quand ça va mal, nos équipes peuvent s'en sortir. Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, on racontait que les équipes canadiennes étaient en si mauvaise position qu'une seule allait pouvoir survivre. Et maintenant, toutes ces équipes se portent merveilleusement bien.»

Gary Bettman ne s'inquiète pas plus lorsqu'on lui parle de billets vendus... ou plutôt, de billets invendus. «Je sais que les gens aiment regarder le chiffre des assistances et en tirer de grandes conclusions, répond-il. Mais si je me souviens bien, il y a quatre ans, les Blackhawks de Chicago arrivaient au 29e ou au 30e rang du circuit à ce chapitre. Maintenant, ils sont au premier rang.»

Un travail de longue haleine

Vendre le hockey dans des villes où les fans se pointent en sandales, ça demeure un travail de longue haleine. Geoff Moore en sait quelque chose. Vice-président exécutif au département des ventes et du marketing chez les Stars de Dallas, Moore affirme que la clientèle des Stars doit encore être courtisée à l'année longue.

«Quand on a gagné la Coupe Stanley en 1999 et que l'aréna était plein, on se pensait pas mal intelligents, souligne-t-il en entrevue téléphonique. On croyait avoir tout compris, et on a pris nos fans pour acquis. Par ici, il ne faut jamais lâcher. Il faut toujours travailler à vendre le hockey.»

Cette saison, les Stars attirent 14 916 fans par match, la 24e moyenne de la LNH. L'équipe a raté les séries lors des deux dernières saisons, et cela n'a certes pas aidé aux guichets, selon Geoff Moore. «Ici, les gens ne vont pas venir à l'aréna pour huer le club, explique-t-il. Ils ont tendance à décrocher si l'équipe ne gagne pas. Ce ne sont pas des fanatiques comme à Montréal, par exemple.»

À Nashville, il faut aussi trouver des façons originales pour vendre le hockey. Il y a des concours-par exemple, on remplit de rondelles l'arrière d'un camion au centre-ville, et on demande ensuite aux fans de deviner le nombre de rondelles-et il y a les nombreux produits dérivés qui servent à mieux faire connaître les joueurs.

«Nous avons 150 employés qui passent 30 heures par semaine dans la communauté, explique au bout du fil Sean Henry, le président des Predators. Nous avons une approche proactive, nous allons vers les fans. Nous avons à travailler plus fort dans ce marché que dans certains autres marchés.»

Bernie Mullin, ancien président des Thrashers devenu consultant sportif pour la firme Aspire Group d'Atlanta, affirme que le hockey dans le sud se porte très bien merci. «Les gens ont tendance à analyser ce qui fait leur affaire, dit-il. Ils s'attardent à la situation des Coyotes et des Thrashers, et je peux comprendre. Mais les équipes de la LNH ne sont pas différentes des équipes des autres ligues. Pour attirer des gens, ça prend des victoires.»

Les joueurs de la LNH ont beau répéter qu'ils souhaitent le retour de Québec ou de Winnipeg, dans les faits, ils adorent patiner là où il fait chaud, selon Geoff Moore des Stars.

«Au Texas, les joueurs n'ont pas à payer d'impôt sur le revenu à l'État, le coût de la vie est bas, et ils peuvent jouer au golf en décembre ou janvier, explique-t-il. Et la pression n'est pas la même. Quand il était avec nous, Bob Gainey me disait qu'il adorait aller au resto, parce que les gens le laissaient tranquille...»



Les bagarres sont là pour rester

La question des bagarres n'est certes pas nouvelle. Il y a 30 ans, on se demandait déjà s'il fallait les bannir. On se le demande encore aujourd'hui.

Lors d'une conférence téléphonique la semaine passée, on a demandé à Gary Bettman de se prononcer sur la question des bagarres dans sa ligue.

Voici sa réponse: «La plupart de nos fans comprennent le rôle des bagarres dans notre ligue, et ils ne veulent pas que les bagarres disparaissent. C'est ce que nos fans nous disent de façon régulière, autant les fans américains que les fans canadiens. Nos fans comprennent la façon dont le sport est joué.»

Bettman n'a pas offert plus de précisions, ajoutant que ces fans-là se sont prononcés via divers sondages au cours des années. Mais je crois le commissaire. Je crois, en effet, que la plupart des fans (la plupart, pas tous) adorent les bagarres. C'est vrai à Nashville, c'est vrai à Montréal, c'est vrai à Boston, c'est vrai à Toronto. Je me souviens encore de ces fans torontois il y a quelques années, qui se servaient des lignes ouvertes à Toronto pour mousser la candidature de Tie Domi à titre de capitaine des Leafs...

Un collègue du Globe & Mail évoquait récemment des raisons financières pour expliquer ce refus de bannir les bagarres, et je dois avouer que cette théorie fait tout plein de bon sens. Parce que pour la ligue, les bagarres, c'est payant. Quand la LNH fait parler d'elle aux États-Unis, c'est-à-dire trois fois par année, c'est à cause des bagarres. ESPN a récemment accordé plus d'espace aux foires CH-Bruins et Penguins-Islanders qu'à n'importe quel but signé Crosby ou Ovechkin cette année.

En d'autres mots, si la LNH décidait d'interdire les bagarres demain matin, plusieurs fans décrocheraient. Et c'est justement par peur de perdre ces fans (déjà pas si nombreux) que la LNH ne bouge pas.

Ceux qui rêvent encore d'une LNH sans bagarre peuvent oublier ça.

Un ultimatum pour Edmonton

Le moment était drôlement bien choisi. Voilà plusieurs mois déjà que les patrons des Oilers disent haut et fort qu'ils ont besoin d'un nouvel aréna, et comme par hasard, le commissaire Bettman se sert de la Classique Héritage, présentée en Alberta, pour faire passer le message.

Les patrons des Oilers n'en demandaient pas tant.

Question, tout de même: si jamais le dossier ne progresse pas assez vite, si jamais on se met à murmurer que les Oilers vont peut-être déménager, est-ce que Gary Bettman va se battre pour sauver le club avec la même énergie qu'il se bat pour sauver les Coyotes et les Thrashers?

Je ne fais que poser la question, juste de même.

Photo: AP

Quand la LNH fait parler d'elle aux États-Unis, c'est à cause des bagarres.

La Classique Héritage à Montréal?

Celle de dimanche soir à Calgary n'était que la deuxième; voyez-vous, il ne faut pas confondre Classique Héritage et Classique Hivernale. Ce sont deux choses complètement différentes, si j'ai bien compris.

Tout de même, en voyant les quelque 40 000 fans dans les gradins du stade McMahon dimanche soir, je me suis rappelé que Geoff Molson, en septembre, m'avait confié que le Canadien a signifié à la LNH son intention de présenter un match en plein air. Ce serait au stade Molson, le domicile des Alouettes.

Et ce serait aussi un formidable coup de marketing. C'est vrai, le stade Molson est plus petit que le stade de Calgary, mais pensez un peu aux retombées économiques d'un tel événement pour Montréal et le Canadien...

Prédiction (et je précise ici que ce n'est que ça, une prédiction): Montréal aura aussi sa propre Classique Héritage d'ici quelques années. La LNH doit maintenant décider si elle désire en faire un événement annuel, comme la Classique Hivernale.



Photo: Bernard Brault, La Presse

Le Canadien pourrait présenter un match en plein air au stade Molson, le domicile des Alouettes.

Les Devils sont en feu

Quelle histoire, tout de même. Au moment de mettre l'entraîneur John MacLean dehors, le 23 décembre, les Devils du New Jersey avaient une fiche de 9-22-2, et un gros total de 20 points.

La fiche des Devils depuis que Jacques Lemaire est en poste? Rien de moins que 16-8-2.

J'imagine que John MacLean, entre deux bouchées de nachos dans son sous-sol, doit regarder aller ses anciens joueurs en se demandant ce qui s'est passé. Vous connaissez l'expression «perdre son vestiaire»? Ça ressemble à ça.

Lemaire, lui, a réussi à ramener ce club dans la course aux séries. Je ne sais pas ce qu'il a mis dans le Gatorade, mais ça marche.

Bien sûr, Lemaire est arrivé sur le tard, mais si jamais les Devils sont des séries après tout ça, il mérite le titre d'entraîneur de l'année.

Et sans doute aussi un énorme contrat pour l'an prochain...

La statistique de la semaine

9-0-1

La fiche des Devils à leurs 10 derniers matchs. Leur dernière défaite en temps réglementaire remonte au 26 janvier...

Le chiffre de la semaine

7

Le nombre de victoires consécutives des Coyotes de Phoenix. Quand même incroyable; pendant que tout le monde ne parle que de leurs problèmes financiers, pendant que tout le monde évoque un scénario de déménagement, les Coyotes sont troisièmes dans l'Ouest.

La citation de la semaine

«Je crois qu'il devrait s'amuser, qu'il devrait jouer et que certaines de ces personnes devraient se la fermer.»

Bob Gainey, répondant aux critiques à l'endroit de P.K. Subban, en marge de la Classique Héritage.

La citation de la semaine, prise deux

«À long terme, nous avons besoin d'aide. Nous avons besoin d'investisseurs.»

Michael Gearon Jr, l'un des propriétaires des Thrashers d'Atlanta, en entrevue avec Associated Press vendredi.

Photo: AP

La fiche des Devils est de 16-8-2 depuis que Jacques Lemaire est en poste.