Doit-on miser sur un gardien vedette pour gagner des matchs dans cette ligue? Pour les Flyers de Philadelphie, la réponse est assez claire: non, pas vraiment.

À peine remis de leur folle épopée jusqu'en grande finale de la Coupe Stanley, les Flyers ont amorcé 2010-11 avec Michael Leighton et Brian Boucher devant le filet. Total des salaires: 2,425 millions. Quand Leighton est tombé au combat, victime d'une blessure au dos, les Flyers ont fait appel à un inconnu du nom de Sergei Bobrovsky, Bob pour les intimes. Salaire de Bob cette saison: 900 000$.

Avec leurs gardiens aux revenus modestes, les Flyers semblaient destinés à une saison difficile, mais les voici qui sont là, toujours aussi dangereux, bien installés aux sommets de l'Association de l'Est.

Paul Holmgren, le directeur général de l'équipe, pourrait presque passer pour un génie, mais il préfère jouer la carte de la modestie.

«On n'avait pas le choix, explique-t-il en entrevue téléphonique avec La Presse. Ce n'est pas comme si on avait un Patrick Roy, un Martin Brodeur ou un Ryan Miller avec nous. Si c'était le cas, on travaillerait d'une manière différente en fonction du plafond salarial. En même temps, les Red Wings de Detroit ont déjà prouvé qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un gardien à six millions de dollars pour gagner dans cette ligue. Nous n'avons pas eu de véritable gardien numéro un récemment, à part peut-être Ray Emery. Est-ce que notre façon de faire est la bonne? Je ne sais pas, mais je sais que notre défense a été solide.»

Le cas Sergei Bobrovsky est intéressant. Quand Michael Leighton a déclaré forfait lors du camp d'entraînement, les Flyers, déjà coincés par le plafond salarial, n'ont pu se lancer à la poursuite d'un gardien de renom. C'est là que Bob est arrivé. «Il devait aller dans la Ligue américaine, reconnaît Paul Holmgren. C'était le plan. Ce qu'il a fait depuis qu'il est avec nous, personne ne s'attendait à ça.»

Celui que l'on surnomme Bob le gardien était peut-être un inconnu pour le reste de la LNH, mais pas pour les Flyers, qui l'ont suivi de près au cours des dernières années.

Avant de débarquer dans la ville de Rocky, Bob le gardien avait passé les trois dernières années à arrêter des rondelles par chez lui, dans la KHL de Russie. Un dépisteur des Flyers en Russie l'avait en haute estime, et deux autres dépisteurs européens du club avaient été le voir jouer, confirmant les rapports élogieux à son endroit.

Reste que Paul Holmgren avait des doutes.

«J'imagine que nous avons toujours été méfiants envers les joueurs russes, avoue-t-il. Ce n'est pas un secret; souvent, on repêche ces gars-là, et ils préfèrent jouer chez eux parce qu'ils font plus d'argent là-bas à ce moment-là. Si on n'a pas assez d'informations sur eux, on préfère regarder ailleurs. Je me souviens qu'en 2006, on voulait repêcher Semyon Varlamov, mais on avait finalement opté pour Claude Giroux. Les Capitals ont pris Varlamov juste après nous.»

Même si Bob le gardien se porte très bien, le DG des Flyers préfère attendre encore un peu avant d'ouvrir les bouteilles de champagne et de célébrer ce bon coup.

«Le hockey est un sport étrange maintenant, et ça aide quand un gardien est plus grand et plus gros... Peut-on gagner avec un gars comme lui? Bien sûr, pourquoi pas. Mais il est encore tôt avant de s'emballer. Ce que je retiens, c'est qu'il a rallié ses coéquipiers à sa cause, les gars croient en lui, et ça, c'est toujours très important.»

Quelques détails, maintenant. Un, Sergei Bobrovsky parle très peu l'anglais, et Holmgren reconnaît que c'est là un problème sur la patinoire. Et puis deux, Michael Leighton se prépare à revenir au jeu. Qui va écoper?

«On dit parfois qu'un gars ne peut perdre son poste à cause d'une blessure, et ce n'est pas faux... Michael est près d'un retour, peut-être d'ici deux semaines. On l'a embauché pour qu'il soit notre gardien numéro un. Mais je ne sais pas ce qui va arriver. On verra à ce moment-là.»

En attendant, les Flyers gagnent avec Bob. Au fait, qui l'a dans son pool?

Subban fait jaser

Le petit monde de la LNH est décidément très conservateur. J'ai bien ri la semaine passée en entendant tous ces commentaires sur P.K. Subban. Parce qu'il est une simple recrue, Subban devrait se la fermer et s'assurer de ne pas trop faire de bruit. Voilà en gros ce qu'on pense de lui.

C'est tout un contraste avec le monde du football américain. J'ai couvert les activités de la NFL pendant 11 saisons, et des recrues qui jacassent et qui dansent après avoir marqué, j'ai dû en voir des dizaines et des dizaines. C'est accepté dans la NFL. Mais pas dans la LNH, de toute évidence. Deux mondes, deux cultures.

Dans la LNH, voyez-vous, on aime les gars un peu timides, modestes, les «good old boys» qui se contentent de rentrer au banc sagement après un but. Les gars qui dérangent? On aime ça pas mal moins. Et P.K. Subban dérange. Beaucoup. Parce qu'il aime parler, parce qu'il est spectaculaire, parce qu'il est démonstratif. S'il était dans la NFL, Subban serait juste un autre joueur, ou presque. Mais dans la LNH, il y a ce genre de «code» à suivre pour les recrues, et le style Subban ne passe pas.

Paul Holmgren me racontait qu'à ses premières années chez les Flyers, il se tenait pas mal tranquille, et il ne voulait pas se faire remarquer. «Je crois que je n'ai pas dit un seul mot à mes deux premières saisons», m'a-t-il dit.

Ce que j'en pense? J'en pense que ce «code» est ridicule. Et j'en pense que la LNH devrait avoir plus de joueurs comme P.K. Subban. Pour une ligue qui a du mal à faire parler d'elle, Subban, c'est un cadeau du ciel. À la télé américaine, on voit des pubs avec LeBron, Peyton Manning, Ray Lewis et plusieurs autres joueurs de la NBA ou de la NFL. Mais combien de joueurs de la LNH ont leurs propres pubs sur le marché américain? Je suis pas mal sûr que c'est zéro.

Remarquez, c'est dur d'évoluer quand la plupart de vos dirigeants sont bien installés dans leurs vieilles pantoufles depuis trop longtemps. Je dis ça comme ça.

Photo: Bernard Brault, La Presse

S'il était dans la NFL, P.K. Subban serait juste un autre joueur, ou presque. Mais dans la LNH, il y a ce genre de «code» à suivre pour les recrues, et le style Subban ne passe pas.

Un autre appui pour Québec

Oui, un autre. Sauf que dans ce cas-ci, il ne s'agit pas d'un joueur ou d'un dirigeant, mais plutôt... d'un commentateur sportif de la télé à Boston.

Son nom est Jack Edwards, et lors d'un récent match des Bruins face aux Panthers de la Floride, il s'est permis de dire que les Panthers devraient tout simplement mettre la clé dans la porte et déménager leurs affaires à Québec.

Bien sûr, ce petit commentaire n'a pas plu à Dale Tallon, le DG des Panthers. Tallon se tue à répéter que les Panthers ne vont pas sortir de la Floride, et on raconte que les deux hommes ont échangé quelques politesses sur la galerie de presse à Boston.

Moi, j'ai hâte à la prochaine conférence téléphonique de Gary Bettman. Le commissaire aime être plus positif que Jacques Demers, mais il voit sûrement tous ces bancs vides à Dallas, à Atlanta, à Colombus, à Uniondale.

Le blogue On Frozen Pond, qui couvre les Panthers depuis la Floride, affirme que Québec ne représente pas une menace pour les Panthers, en raison de l'absence d'une nouvelle bâtisse. Pour On Frozen Pond, c'est plutôt de Kansas City que vient la menace, en raison du tout nouveau Sprint Center qui trône au centre-ville par là-bas.

Au fait, à quand la première pelletée de terre à Québec?

Photo: AP

Le commentateur sportif de Boston Jack Edwards a déclaré que les Panthers devraient tout simplement mettre la clé dans la porte et déménager leurs affaires à Québec.

Le cas Colin Campbell

Commençons par mettre une chose au clair: dans n'importe quelle ligue sérieuse, Colin Campbell aurait été foutu à la porte pour ses courriels indiscrets. La question, ici, n'est pas de savoir si Campbell est un bon préfet de discipline ou non. Le problème, c'est qu'on se retrouve jusqu'au cou dans une affaire d'intégrité. Ces courriels tendent à démontrer que Colin Campbell se permet des «suggestions» au patron des arbitres, et qu'il n'aime pas certains joueurs, dont Marc Savard. J'insiste encore: on parle ici d'intégrité.

Mais la LNH préfère nous dire que Colin Campbell est un sacré bon gars, un type qui connaît son affaire et que bref, toute cette histoire n'est qu'une grosse tempête dans un verre d'eau.

Dans une entrevue accordée à TSN, Colin Campbell a affirmé que les courriels échangés avec Stephen Walkom-alors le patron des arbitres de la LNH-n'étaient pas déplacés. «Ces courriels étaient comme une conversation de vestiaire», a dit Campbell à TSN.

Très bien, mais cela n'excuse en rien les propos plutôt bizarres de celui qui est en charge de la discipline dans cette ligue. Et la Ligue, de toute évidence, n'a aucun problème avec un patron de la discipline qui voit son intégrité remise en question suite à cette affaire.

La LNH aimerait qu'on la prenne au sérieux, au même titre que la NFL ou la NBA. Mais ses dirigeants se comportent rarement comme les dirigeants d'une ligue sérieuse.

La citation de la semaine

«Je me souviens de cette fois-là lors de ma première saison, on jouait contre les Devils, je me promenais partout sur la glace et je n'arrêtais pas de parler à Patrik Elias. Elias est venu me voir avec Sergei Brylin, et ils m'ont dit, si tu continues à manquer de respect aux joueurs, tu vas te faire faire mal. J'avais bien compris le message.»

Le capitaine des Flyers, Mike Richards, en entrevue à TSN, à propos du «code» que doivent suivre les recrues de la ligue.

Le chiffre de la semaine: 9

Le nombre de buts récoltés par Saku Koivu avec les Ducks d'Anaheim cette saison. À Montréal, Koivu serait le meilleur buteur du Canadien...

La statistique de la semaine: 1,08

La moyenne de Mathieu Garon à Colombus. Avant les matchs de lundi soir, c'était la meilleure moyenne chez les gardiens de la LNH.

À l'extérieur de la patinoire...

> Après avoir rincé les Steelers à Pittsburgh, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ont battu Peyton Manning et les Colts à Foxboro dimanche. Pour le moment, en tout cas, il faut favoriser ces Patriots en vue du prochain Super Bowl. Sans Randy Moss, en plus, et avec une défense pleine d'inconnus. Faut le faire.

> On raconte que l'entraîneur Jeff Fisher et le quart Vince Young ont eu une solide prise de bec dans le vestiaire des Titans après la défaite face aux Redskins, dimanche. C'est clair, un de ces deux hommes ne sera pas de retour avec les Titans la saison prochaine. Lequel?

Photo: archives La Presse

Le préfet de discipline de la LNH, Colin Campbell