À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

L'adage s'applique bien aux Canucks de Vancouver, qui savourent doucement leur victoire chèrement acquise mardi soir en prolongation aux dépens des Blackhawks de Chicago.

Le gardien Roberto Luongo paraissait fragile avant le septième match. Les jumeaux Sedin n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes. Bref, tout était en place pour que les Blackhawks éliminent leurs adversaires pour la troisième saison consécutive.

Après avoir pris les devants trois matchs à zéro, les Canucks ont subi deux dégelées de 7-2 et 5-0, avant de perdre une troisième rencontre de suite en prolongation.

Luongo a été remplacé par la recrue Cory Schneider dans la sixième rencontre et seule une blessure subie par le jeune homme lui a permis de reprendre sa place.

Mais à la surprise générale, et au grand soulagement des fans des Canucks, l'équipe locale, menée par le Québécois Alex Burrows, auteur des deux buts, a offert une performance inspirée devant des Blackhawks plutôt essoufflés.

Il n'y aurait jamais eu de prolongation n'eut été des nombreux arrêts difficiles du gardien montréalais Corey Crawford, bombardé de 38 tirs. Libérés de leurs démons, les Canucks n'ont que quelques heures pour se remettre de leurs émotions en prévision de leur prochaine série contre les Predators de Nashville, vainqueurs au premier tour contre les Ducks d'Anaheim. La série commence ce soir.

S'ils parviennent à garder leur sang-froid, les Canucks ne devraient pas avoir de difficulté à vaincre les Predators. Ils ont trop de profondeur à toutes les positions.

Luongo doit jouer comme lors des trois premiers matchs de la première ronde et non comme lors des deux qui ont suivi parce que le gardien des Predators, Pekka Rinne, n'est pas seulement un géant de 6'6, il est athlétique et compétitif.

En défense, les Predators comptent en principe sur le meilleur duo de défenseurs en Shea Weber et Ryan Suter. Mais il ne faudrait pas sous-estimer le défenseur numéro un des Canucks, Alexander Edler, qui aurait sans doute pu prétendre au Norris n'eut été une malencontreuse blessure. Il joue avec le calme d'un Lidstrom en plus de posséder beaucoup de chien.

Mais le défenseur le plus utilisé en première ronde était à un cheveu de changer de camp en début de saison avant de finalement retrouver ses moyens: le robuste droitier Kevin Bieksa, employé en moyenne 25 minutes par rencontres. Edler et Bieksa sont appuyés par Christian Ehrhoff et Dan Hamhuis, tandis que la troisième paire est constituée de Sami Salo et Keith Ballard, un luxe que seuls les Canucks peuvent se permettre.

Les Canucks possèdent aussi le meilleur duo de centres en Henrik Sedin et Ryan Kesler, hormis évidemment les Penguins de Pittsburgh lorsque Sidney Crosby et Evgeny Malkin sont en santé. Mike Fisher et David Legwand leur seront opposés.

Les Canucks viennent de vivre de grandes émotions, mais les Predators aussi puisqu'ils ont remporté une ronde de séries éliminatoires pour la première fois de leur existence. Je prévois une victoire des Canucks en six matchs.

Red Wings-Sharks: deux grandes équipes

L'autre demi-finale de l'Association de l'Ouest est cruelle puisqu'elle oppose deux des six meilleurs clubs de la LNH, les Sharks de San Jose et les Red Wings de Detroit.

Detroit avait perdu en cinq matchs contre San Jose en deuxième ronde le printemps dernier, mais se remettait d'une éprouvante série qui s'était soldée en sept match contre les Coyotes de Phoenix. Cette année, les Red Wings ont vite écarté les Coyotes en quatre rencontres tandis que les Sharks ont eu besoin de six matchs pour éliminer les Kings de Los Angeles.

Sinon, ce sont deux clubs bien équilibrés. Ils possèdent tous deux des gardiens capables du meilleur comme du pire, Antti Niemi et Jimmy Howard. Leur défense est dominée par un joueur en particulier, Nicklas Lidstrom chez les Wings et Dan Boyle chez les Sharks.

L'arrivée d'Ian White à la date limite des échanges a amené beaucoup de profondeur à la défense des Sharks et permet à Marc-Edouard Vlasic et Jason Demers d'accomplir un boulot efficace sans pression démesurée. White est jumelé à Niclas Wallin.

À l'attaque, le retour au jeu d'Henrik Zetterberg donne encore plus d'outils à l'entraîneur Mike Babcock. Mais je préfère la profondeur des Sharks: Marleau-Thornton-Setoguchi, Heatley-Couture-Clowe et Mitchell-Pavelski-Wellwood.

Les Sharks devront cependant se mettre en marche en supériorité numérique puisque l'équipe a affiché un taux de réussite minable de 8,7% face aux Kings. Les Wings, eux, ont conservé une moyenne de 26,7% contre les Coyotes. Sauf que les Wings, sans Zetterberg, ont conservé un faible taux de 66% en infériorité numérique lors de la première ronde.

Je maintiens ma prédiction, envers et contre tous: la Coupe aux Sharks, mais avant une victoire en sept matchs contre les Red Wings.