«Pour le reste, nous avons peut-être la plus belle équipe de la LNH», écrivait hier le collègue Ronald King en parlant du Canadien.

Il n'a sans doute pas tort. On peut presque parler de poésie sur glace lorsque Sergei Kostitsyn et Alex Tanguay se retrouvent au même moment en supériorité numérique.

 

Mais il y a aussi, dans l'Ouest, un p'tit club qui passe plutôt inaperçu, pour l'instant. Deux matchs ne font pas une année, évidemment, mais les Coyotes de Phoenix - l'équipe la plus jeune de la ligue avec une moyenne d'âge de 25 ans - ont démontré, lors du premier week-end de la saison, qu'ils allaient en surprendre plus d'un cet hiver.

Ce qui frappe d'abord, en regardant cette bande de jeunots patiner, c'est leur vitesse à vous jeter sur le derrière. Et leur jeu de transition: rapide, précis, spectaculaire. Tout ça avec une certaine dose de robustesse.

Les Blue Jackets de Columbus ont passé le match de samedi à les accrocher parce qu'ils n'arrivaient pas à suivre leur rythme. On s'est dit qu'il s'agissait des Blue Jackets après tout. Mais le lendemain, ils ont refait le coup aux Ducks d'Anaheim, qui ont mis une bonne trentaine de minutes à s'ajuster.

Le DG des Ducks, Brian Burke, qui sait reconnaître un club talentueux, admet d'ailleurs que les Coyotes pourraient provoquer un impact majeur dans la LNH cet hiver. Il n'y a pas si longtemps, pourtant, les Coyotes et Wayne Gretzky préféraient s'en remettre à des vétérans usés. Les résultats ont été désastreux et la carrière d'entraîneur de Gretzky a failli se terminer là.

On a décidé d'agir différemment et de faire de la place aux jeunes. Ironiquement, deux recruteurs qui oeuvrent désormais dans l'organisation du CH, Vaughn Karpan et Patrick Westrum, sont à l'origine de cette reconstruction.

Quatre joueurs repêchés en 2004 et 2005, Kevin Porter (le centre de Max Pacioretty au Michigan l'an dernier), Martin Hanzal et Keith Yandle, un ancien des Wildcats de Moncton, ont un rôle important avec l'équipe en ce début de saison. Dommage qu'un autre de leurs choix, Blake Wheeler, ait opté pour les Bruins.

C'est après le départ de Karpan et Westrum que les Coyotes ont réalisé leurs coups les plus fumants au repêchage, menés par le nouveau directeur Keith Gretzky (eh oui, le frère de l'autre!): Peter Mueller en 2006, Kyle Turris en 2007, Mikkel Boedker et Viktor Tikhonov en 2008.

Tout ce beau monde est déjà avec l'équipe et ça patine, les amis! Et Gretzky n'a pas peur d'utiliser ses jeunes dans des situations critiques.

Dimanche, il a placé l'attaquant Boedker, 18 ans, à la pointe lors de la première vague de supériorité numérique. Et il l'a remplacé par un autre attaquant de première année, Porter, lors de la deuxième vague.

Les Coyotes protégeaient une mince avance de deux buts avec cinq minutes à faire contre les redoutables Ducks, dimanche. Punition aux Coyotes. Qui Gretzky a-t-il envoyé à l'avant en infériorité numérique? Deux recrues: le Danois Boedker et le Russe Tikhonov. On appelle ça du guts.

Turris ressemble à un ado malingre sur la glace. Mais quel talent, quelle vision! Déjà trois points en deux matchs. Boedker, quelle belle technique de patinage! Et quelle patience avec la rondelle. Son premier but était de toute beauté. Il a capté une passe alors qu'il était en pleine vitesse dans l'enclave; le gardien Jean-Sébastien Giguère a plongé croyant qu'il allait tirer sur-le-champ, mais Boedker a attendu une fraction de seconde avant de lancer dans une cage désormais déserte.

Et les vétérans?

On s'emballe avec les recrues, et on en oublie la nouvelle acquisition Olli Jokinen, très à l'aise dans son uniforme rouge vin, le capitaine Shane Doan et les vétérans Jovanovski et Morris en défense. Sans compter le gardien Ilya Bryzgalov, acquis au ballottage en début de dernière saison, qui possède une technique impeccable et dont l'assurance semble déteindre sur ses défenseurs.

Bryzgalov a cependant un petit point faible: il apparaît vulnérable sur les tirs bas du côté du bâton, lorsque l'adversaire les décoche en entrant du côté droit de la zone.

On verra si les attaquants du Canadien seront capables d'exploiter ce talon d'Achille. Parce que la bonne nouvelle, en effet, c'est que les Coyotes sont en ville samedi.

Espérons qu'ils ne me feront pas mal paraître et ne s'écrouleront pas subitement, comme c'est parfois le lot des jeunes clubs, aussi talentueux soient-ils...