Quand Jacques Lemaire parle, il vaut toujours mieux l'écouter. L'entraîneur du Wild du Minnesota a un message pour la LNH. Ce n'est pas que Lemaire n'apprécie pas le nouveau virage de la Ligue. Au contraire, même.

«Souvent, quand notre saison se terminait, je ne regardais pas toutes les séries éliminatoires, a-t-il confié, hier matin, au bout du fil. Cette année, j'ai été complètement accroché. Je n'ai pas manqué un match. Je trouve que le hockey devient de plus en plus intéressant. C'est pour ça que j'ai été passionné comme ça.» 

Mais un phénomène en particulier le préoccupe. «Dans les séries, les joueurs défensifs et les joueurs plus costauds n'ont pas arrêté de courir après les meilleurs pour les diminuer parce qu'ils avaient plus de talent. Avant, ce n'était pas tout à fait ça. Il y avait plus de respect. Même en finale, entre deux clubs talentueux, Pittsburgh a commencé à courir après (Johan) Franzen parce que les joueurs de Detroit couraient après (Sidney) Crosby et (Evgeni) Malkin. Ces gars-là vont se faire blesser à un moment donné. Il faut que ça soit plus sévère. Le règlement de l'assaut était pourtant en vigueur avant que je sois né. Il faudrait l'appliquer.»

Ça n'a toutefois pas empêché Lemaire d'apprécier la beauté du jeu des Red Wings. «Detroit a été la meilleure équipe défensive des séries éliminatoires dans la LNH, a-t-il lancé avec conviction, au point de répéter la phrase à deux reprises. Ils ont été les meilleurs pour récupérer la rondelle dans leur territoire et la refiler aux attaquants. Nous, on s'en va un peu là-dedans cette saison.»

Le Wild, qui sera le visiteur au Centre Bell demain soir, est en légère mutation. L'équipe a été éliminée au premier tour par un José Théodore en grande forme après avoir remporté le titre de la division Nord-Ouest. Deux morceaux importants à l'attaque, Pavol Demitra et Brian Rolston, sont partis pour signer un important contrat ailleurs. Mais l'équipe a acquis au cours de la saison morte deux défenseurs habiles dans la relance de l'attaque, Marek Zidlicky, des Predators de Nashville, et Marc-André Bergeron, des Ducks d'Anaheim. L'équipe est donc moins mieux pourvue que certains peuvent le penser.

«C'est évident, a répondu Lemaire au sujet de la dernière affirmation. Zidlicky et Bergeron viennent solidifier notre défense. Ils voient bien le jeu. Ils voient bien leurs coéquipiers sur la glace. La rondelle va mieux sortir de notre territoire. Ça compense un peu. Je ne sais pas si ça va nous donner plus de buts, mais deux autres acquisitions, Andrew Brunette et Owen Nolan, peuvent marquer.»

On ne remplace néanmoins pas des Demitra et des Rolston facilement. « Demitra a été très bon pour nous, a dit Lemaire. Marian (Gaborik) voulait un gars pour jouer avec lui et ça a bien fonctionné, il en a compté 42. Rolston, c'était un gars de confiance qu'on pouvait employer à toutes les sauces. Il pouvait jouer à la pointe en supériorité numérique comme il pouvait affronter les meilleurs trios adverses. Il est évident qu'on aurait souhaité le garder. On lui a offert 4 millions par année et il en a obtenu 5 par année pour quatre ans au New Jersey. Je suis content pour lui, il a bien réussi avec nous. »

Au moins, avec Brent Burns, Nick Schultz, Martin Skoula, Kim Johnsson, Zidlicky et Bergeron, le Wild a une défense qui ferait l'envie de bien des équipes. À l'attaque, certains jeunes auront plus de responsabilités, comme James Sheppard, anciennement de la LHJMQ, Benoît Pouliot et Colton Gillies, trois choix de première ronde ces dernières années.

«Pouliot va beaucoup mieux qu'à pareille date l'an dernier. Il va se promener entre un rôle défensif et un rôle offensif, à l'aile droite ou à l'aile gauche. Je veux qu'il soit conscient de son rôle dans toutes les situations parce qu'il n'a pas de poste régulier encore. Mais le talent déborde. Hier (mardi), il a été correct. Il a perdu la rondelle devant le filet et l'autre club a compté, mais il a été correct. Il avait été supérieur dans les autres matchs.»

On ne peut parler à Lemaire du Wild sans aborder l'épineuse question des négociations de contrat entre l'équipe et sa vedette, Marian Gaborik. Les séances ont été nombreuses entre la direction du club et Gaborik, qui aura droit à l'autonomie complète à la fin de la saison. Le DG Doug Risebrough s'est même rendu en Europe pour le voir. Mais il n'y a toujours pas d'entente.

«La question m'a été posée à plusieurs reprises et j'ai toujours répondu la même chose. Le gars qui choisit de ne pas signer son contrat est responsable de la situation. Il doit vivre avec ça. Si ça le dérange sur la glace, vous pouvez être sûr que je vais le lui dire. De toute façon, il a dû lire mes commentaires là-dessus. Mais les gars sont conseillés. Je ne dis pas que c'est ça, mais il veut peut-être signer et on lui conseille de ne pas le faire. Ça reste quand même sa décision en fin de compte.»

Malgré tout, le Wild sera à nouveau à surveiller cette année.