À la dernière saison des Penguins de Pittsburgh au Mellon Arena, le gardien Marc-André Fleury s'est adonné à un rituel familier à chaque soir avec les amateurs à l'extérieur du stationnement des joueurs.

Avant de quitter au volant de sa Lamborghini - un bolide qui va chercher dans les six chiffres, que ce soit en dollars canadiens ou américains - il prenait régulièrement le temps de signer des autographes et de répondre à quelques questions avant de démarrer en trombe dans la nuit.

Ainsi va la vie aisée d'un athlète talentueux et bien rémunéré, qui était au sommet de son art et généreusement rémunéré en conséquence avec un contrat de 35 millions $ US pour une période de sept ans qu'il a signé en guidant les Penguins à deux finales consécutives de la Coupe Stanley.

Quand les Penguins ont traversé la rue dans le nouveau et très chic Consol Energy Center cette saison, la belle confiance de l'un des deux seuls gardiens - l'autre étant Rick DiPietro - repêchés au tout premier rang ces 43 dernières années s'est effritée.

Heureusement pour les Penguins, il est maintenant de retour au sommet de sa forme. Ses 33 victoires depuis la fin de sa séquence léthargique dans une victoire de 5-1 contre le Lightning de Tampa Bay, le 12 novembre, constituent un sommet chez les gardiens de la LNH pendant cette période. Et avec Evgeni Malkin sur le carreau pour le reste de la saison et le statut incertain de Sidney Crosby, Fleury constitue le meilleur espoir des Penguins pour de longues séries éliminatoires.

Et avec le manque de constance à l'offensive de l'équipe - les Penguins ont maintenu une moyenne de 2,16 buts par match depuis la commotion cérébrale de Crosby au début janvier, la quatrième plus faible de la ligue -, il représente peut-être leur seul espoir.

«Deux grandes vedettes sont tombées mais il prend la relève et nous transporte, a commenté le défenseur Ben Lovejoy au sujet de Fleury, qui a récemment établi un record de la concession avec une séquence de 150 minutes et 14 secondes sans avoir accordé un but. Il a été incroyable.»

Fleury a pourtant entrepris la saison avec des statistiques pitoyables: une fiche de 1-6, une moyenne de 3,54 et un taux d'arrêts de .853. Ses chiffres étaient si mauvais qu'il était devancé par 39 autres gardiens de la ligue.

Exaspéré, l'entraîneur Dan Bylsma s'est finalement résolu à utiliser Brent Johnson pour commencer quelques matchs, après avoir patienté encore et encore que Fleury se retrouve.

«Tout le monde a essayé de le sortir de la ville», a déclaré le défenseur Brooks Orpik, coéquipier de Fleury depuis sa saison recrue à l'âge de 18 ans en 2003-04. À l'époque, Mario Lemieux jouait encore et Crosby portait l'uniforme de l'Océanic de Rimouski.

«Je me sentais comme si tout le monde voulait me rouler dessus avec leur voiture», se rappelle Fleury.

Fleury avait déjà traversé des moments difficiles - comme tout gardien de la LNH - mais cette léthargie a suivi son jeu inégal en séries éliminatoires la saison dernière, quand les champions de la Coupe Stanley ont été éliminés inopinément par le Canadien de Montréal en deuxième ronde.

Bylsma et le directeur général Ray Shero étaient si insatisfaits de la fiche de Fleury (7-6 et taux de .891), à peine un an après qu'il eut limité les Red Wings de Detroit à deux buts lors des deux derniers matchs de la finale de la Coupe Stanley, qu'ils avaient averti que ce serait différent en début de saison.

Malgré un camp d'entraînement plus énergique qu'à l'habitude pour Fleury, les Penguins ont amorcé la saison avec un palmarès de 7-8-1 et perdu leurs trois premiers matchs dans leur nouvel amphithéâtre. Du coup, le gardien de 26 ans est devenu le bouc émissaire.

Fleury ne croit pas avoir si mal joué, mais il a tout simplement connu une baisse de confiance après deux défaites de 3-2 à Philadelphie, et une autre à Montréal où les Penguins ont laissé filer une avance lors des deux dernières minutes.

Le revirement de situation s'est produit pendant ce match du 12 novembre. Certains partisans, se rappelant la façon dont Fleury avait rebondi après un revers à Detroit dans la finale de 2009 quand ils l'ont acclamé avant le sixième match, ont commencé à scander «FLURRR-eee, FLURRR-eee.»

Ce cris de ralliement repris par de plus en plus d'amateurs, le Consol a bien vite donné l'impression de présenter un match des séries éliminatoires.

«Je n'oublierais pas ça», a confié Fleury.

Sa confiance retrouvée, Fleury n'a plus jamais regardé en arrière depuis cette victoire de 5-1, compilant un dossier de 33-14-5 avec une moyenne de 2,15 et un taux d'arrêts de .925. Cette saison, seuls Roberto Luongo, Carey Price et Ilya Bryzgalov comptent plus de victoires que le gardien qui a grandi à Sorel.

«Il a été le gars qui a donné confiance à notre équipe, a dit Bylsma. Il est responsable à lui seul de plusieurs de nos victoires. Il mérite d'être notre joueur par excellence et je pense qu'il mérite d'être candidat pour le titre dans la ligue.»

Fleury a déjà connu de très bonnes saisons - il a remporté 35 victoires ou plus à trois reprises - mais c'est clairement sa meilleure. Avec Crosby et Malkin à l'écart pendant presque la moitié de la saison, Fleury s'est montré tellement constant et prévisible que les Penguins sont demeurés près du sommet dans la section Atlantique et la Conférence Est.

Malgré leur défaite de 2-1 à Tampa Bay, jeudi, les Penguins amorcent le week-end avec un retard de quatre points derrière les Flyers dans la section et l'association.

«Je pense que c'est un domaine où nous avons été forts toute la saison. Les gars ont bien joué devant moi et bloqué des tirs», a conclu Fleury.