Mike Reilly constitue sans aucun doute la surprise chez le Canadien cette saison, et le temps d'un jeu, hier, on a compris exactement pourquoi c'est le cas.

Charles Hudon vient de rater sa passe vers Reilly. Reilly se retrouve donc comme dernier homme à la ligne bleue, avec le dangereux Brayden Schenn qui exerce de la pression. Le moindre faux pas et Schenn part seul vers Carey Price. Mais voilà, Reilly y va d'une jolie feinte en reculant, le rival est sorti du jeu, la patinoire s'ouvre devant le numéro 28, qui s'avance et marque d'un bon tir des poignets.

Ça n'a finalement pas été le but gagnant, mais dans une courte victoire de 3-2, tous les jeux sont décisifs. Celui-là en particulier.

«Ce n'est pas un jeu que tu peux répéter à l'entraînement, c'est simplement de l'instinct, a expliqué Reilly, après le triomphe du CH sur les Blues de St. Louis. Il y avait peut-être un risque. Mais j'ai vu les patins du joueur partir dans une direction, donc je savais que je pouvais partir de l'autre côté. Et il y avait un bon écran devant le filet.»

Reilly a déclaré à plusieurs reprises cette saison qu'il ne craignait plus de faire des erreurs. Qu'au Minnesota, il sentait justement que sa laisse était courte, comme on dit dans le jargon. Bruce Boudreau, l'entraîneur-chef du Wild, n'a en effet pas la réputation d'être le plus compréhensif des hommes de hockey.

Alors on tente une question hypothétique: dans l'état d'esprit dans lequel il était au Minnesota, aurait-il tenté ce jeu?

«Non, je ne l'essaie certainement pas, affirme Reilly. J'ai confiance en moi au point que je sais que je peux faire des jeux. Ça ne veut pas dire que je dois absolument courir des risques. Je dois quand même suivre le plan de match et être responsable de mes actions.»

Jordie Benn est lui aussi un joueur différent jusqu'ici cette saison. Dans des proportions moindres, évidemment, parce qu'il n'a pas le talent pur de Reilly. Mais lui aussi a grandement limité le nombre de ses erreurs jusqu'ici cette saison, et ce, même si on le voit encore s'avancer en zone adverse, par moments, pour maintenir la pression.

Ce n'est pas un hasard si on parle spécifiquement de Benn et de Reilly. La brigade défensive du Canadien est encore à des années-lumière de celle des Predators de Nashville, mais il y a une nette amélioration par rapport à l'an dernier. Et ces deux défenseurs y sont pour quelque chose. Benn montre une belle constance, et le simple fait que ce ne soit pas lui qui a écopé pour permettre à Karl Alzner de disputer un premier match en dit long sur sa progression.

Reilly, lui, a encore passé 22 minutes sur la patinoire hier. Seul Jeff Petry est plus employé que lui jusqu'ici cette saison.

Appel au calme

Avec tout ça, le CH se retrouve avec une fiche inattendue de 4-1-1. L'an passé, l'équipe avait mis le double du temps - 12 matchs - pour atteindre le cap des quatre victoires. Et ces quatre gains avaient été signés contre des équipes qui allaient rater les séries éliminatoires (Sabres de Buffalo, Rangers de New York, Sénateurs d'Ottawa et Panthers de la Floride).

Cette année, si on exclut les pauvres Red Wings, les Montréalais ont battu des équipes puissantes sur papier, soit les Penguins de Pittsburgh (deux fois) et les Blues (meilleurs que leur fiche de 1-3-2 ne l'indique), en plus d'avoir arraché un point aux dangereux Maple Leafs de Toronto.

En anglais, un collègue a demandé à Julien s'il était «fier» du début de saison de sa troupe. L'entraîneur-chef a répondu avec des mots qu'il a sans doute répétés - et qu'il répétera - quelques fois à ses joueurs.

«Ça fait seulement six matchs qu'on joue, alors je ne suis fier de rien. Je suis content de la façon dont les choses se déroulent. Mais il ne faut pas se laisser emporter. Il reste encore bien des choses à accomplir. J'aime mieux rester humble, parce que les choses peuvent rapidement changer. Ça peut être la malchance, ça peut être les blessures. C'est une saison de 82 matchs et il y aura des hauts et des bas.»

Prochain match: Canadien c. Sénateurs, samedi (19h) à Ottawa

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En hausse: Carey Price

De retour au jeu après deux matchs d'absence, il a paru calme et maître de la situation, comme à ses meilleurs moments. Ses quatre premiers matchs sont encourageants.

En baisse: Charles Hudon

D'un côté, il continue à générer de l'attaque même s'il est constamment l'un des joueurs les moins utilisés. D'un autre côté, ses punitions et ses nombreuses passes ratées ne sont pas de nature à l'aider à remonter sa cote.

Le chiffre du match: 1

C'est le nombre de buts du pourtant très prolifique Vladimir Tarasenko contre le Canadien, en 11 matchs. On parle ici d'un joueur qui totalise 180 buts en 427 matchs dans la LNH...