L'attitude...

Plusieurs avaient levé les yeux au ciel à l'évocation, répétée ad nauseam, de cette justification de la saison de misère du Canadien de Montréal. Certains cyniques trouvaient que ce mot fourre-tout avait le dos large, qu'il sonnait plus comme une ligne de relations publiques que comme un vrai diagnostic.

C'est peut-être ce que l'histoire en retiendra. Après tout, le Canadien n'a même pas encore disputé le premier de ses 82 matchs. Mais pour l'instant, force est d'admettre que les bottines de Marc Bergevin suivent ses babines.

Bergevin a rappelé sur toutes les tribunes que les problèmes d'attitude ne se résumaient pas simplement à Max Pacioretty et à Alex Galchenyuk, partis depuis. C'est vrai, en partie du moins.

Le «changement d'attitude» de Marc Bergevin s'est décliné de trois manières: changement de leadership, ajout de sang neuf dans la formation et ménage dans le personnel d'entraîneurs.

Le changement de leadership est devenu officiel lundi. Shea Weber portera le C de capitaine, Brendan Gallagher et Paul Byron, les A d'adjoints. Tout le monde a son histoire sur Weber, vous les avez lues un peu partout: les textos de courtoisie à Noah Juulsen, l'appel à Jesperi Kotkaniemi après son repêchage, les soupers d'équipe, les partys du Super Bowl, les hommages de Sidney Crosby et de l'entraîneur Mike Babcock avec Équipe Canada.

Pourquoi pas y ajouter celle de Francis Bouillon, qui date de ses années à Nashville? Bouillon, âgé de 33 ans à l'époque, se souvient que Weber, à 24 ans seulement, dégageait déjà une prestance qu'il n'avait à peu près jamais vue dans la LNH. L'ex-défenseur québécois n'a pas connu Jean Béliveau le joueur, mais il imagine que les auras des deux hommes devaient se ressembler un peu.

Bref, c'est ce Weber qui est aujourd'hui capitaine du Canadien. Et c'est ce Weber que Claude Julien a décidé d'emmener sur la route pour le premier voyage de la saison, malgré sa blessure. En fait, tous les blessés seront du voyage, sauf Jacob De La Rose, victime d'un «épisode cardiaque». Le Canadien a aussi pris la décision de ne pas revenir à Montréal après le match à Toronto, mais bien de se rendre directement à Pittsburgh pour prolonger le plaisir. Il n'y a rien d'innocent là.

«C'était le but de donner la chance aux joueurs de passer du temps sur la route, a dit Julien. Plusieurs vétérans retournent à la maison après un entraînement. Là, on a la chance de passer du temps ensemble, et c'est important d'avoir tout le monde ensemble pour commencer la saison sur une bonne note.»

«Deux gros matchs, de bons tests, cinq jours ensemble, c'est parfait pour commencer, a renchéri Phillip Danault. On va continuer à être sur la même longueur d'onde et renforcer la chimie d'équipe [team bonding] là-bas.»

Presque la moitié

L'autre vecteur de ce que nous appellerons le «projet attitude» était l'ajout de sang neuf. Presque la moitié de la formation pour le match d'ouverture n'était pas avec le Canadien à pareille date l'an dernier: Tomas Tatar, Max Domi, Joel Armia, Matthew Peca, Noah Juulsen, Xavier Ouellet, Mike Reilly, Antti Niemi. On est quand même loin des Mark Streit et Ales Hemsky...

Il en manque un... le nom nous échappe. Un certain Jesperi Kotkaniemi? Ça vous dit quelque chose?

Évidemment, le troisième choix au total est le joueur à suivre, celui qui s'est retrouvé contre toute attente au centre d'un des deux premiers trios. Et qui aura donc pour adversaires les Auston Matthews, John Tavares, Sidney Crosby et Evgeni Malkin pour les deux premiers matchs de la saison, à Toronto puis à Pittsburgh.

Mais voilà, ce Kotkaniemi est insensible au vacarme qui entoure son camp prodigieux qui le propulsera dans la LNH à 18 ans seulement. La preuve? On n'invente rien, voici quelques-unes des réponses de son point de presse.

Comment te sens-tu? «Je me sens bien. Merci. Et vous?»

Nerveux à l'idée de disputer un premier match dans la LNH? «C'est juste un autre match. J'espère que ça va bien se passer.»

Rien de spécial? «Il y a un peu plus de saveur parce que c'est le premier match.»

Qui préfères-tu affronter, Matthews ou Tavares? «Ce n'est qu'un autre joueur dans une autre équipe.»

«Il ne sait pas ce qui se passe. C'est peut-être mieux comme ça!», a réagi Phillip Danault.

Le grand ado finlandais ne connaît peut-être pas les subtilités de la rivalité Toronto-Montréal ou de l'histoire des Glorieux, mais il a certainement remarqué son nouvel emplacement dans le vestiaire du Canadien. En sandwich entre les adjoints Gallagher et Byron, et directement devant Weber. Encore là, il n'y a rien d'innocent.

«Je me sens vraiment en sécurité», a lancé Kotkaniemi avec son éternel sourire.

Pour le troisième aspect, le ménage chez les entraîneurs, disons simplement que le CV des Dominique Ducharme et Luke Richardson est étoffé. Et vous demanderez à Michael McCarron comment il se sentait après sa première séance d'entraînement sans pitié sous les ordres de Joël Bouchard. «Ce n'est pas un country club», avait-il dit pour résumer la mentalité chez le Rocket.

L'attitude, mot creux ou véritable début d'une nouvelle ère? Réponse dans 82 matchs. Ou bien avant si ça vire vraiment mal.

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