On a souvent dit que ce camp 2018 du Canadien était tout le contraire de celui de l'an dernier. Ç'aura été vrai jusqu'au bout.

L'an passé, ç'avait été un camp atroce, mais que le Tricolore avait conclu en livrant la meilleure de ses huit prestations, une bastonnade de 9-2 contre les Sénateurs. La suite allait nous apprendre que ce dernier match était l'arbre qui cachait la forêt ; la fiche de 2-6-0 n'était pas un hasard.

Samedi, après la défaite sans saveur de 3-0 du CH contre ces mêmes Sénateurs, Claude Julien a justement insisté sur la vue d'ensemble de ce camp. Sur ce qu'il espère être la forêt, soit une fiche de 4-3-0.

« Il ne faut pas trop s'attarder sur ce match-ci, parce que les autres matchs ont été bons, a dit l'entraîneur-chef dans un corridor du Centre Canadian Tire. On a bien performé. Les joueurs ont montré beaucoup de compétitivité, ils ont travaillé fort. Ce soir, c'était [plus difficile]. Si on joue six vraiment bons matchs sur sept pendant la saison, on devrait être en bonne position. »

Car, oui, du positif, il y en a eu dans ce camp. L'an passé, Victor Mete avait causé la surprise, mais sa tenue avait surtout évité à Julien de faire jouer des défenseurs pas qualifiés pour la LNH.

Cette année, la surprise causée par Jesperi Kotkaniemi forcera plutôt l'entraîneur à reléguer au quatrième trio un ailier adéquat et à envoyer dans les gradins un joueur qui aurait pu jouer dès le départ.

La défense a aussi eu meilleure mine. Jeff Petry et Jordie Benn n'ont pas connu un grand camp, mais ils ont formé un duo très correct samedi, même s'ils étaient plutôt passifs sur le premier but des Sénateurs (remarquez que Michael Chaput et Carey Price n'ont guère mieux paru sur ce jeu).

Xavier Ouellet et Simon Després avaient comme mandat de créer de la compétition à l'interne. Després a connu des hauts et des bas, mais on ne lui reprochera pas un manque d'effort. Ouellet, lui, a progressé d'un match à l'autre, au point de livrer une solide performance samedi.

Le Canadien a jusqu'à mardi, 17 h, pour présenter une formation de 23 joueurs. Julien a laissé entendre que les décisions pourraient venir dimanche.

ET LE GARDIEN ?

Plusieurs joueurs ont excédé les attentes au cours de ce camp, mais ce n'est pas le cas de tous. Le problème, c'est qu'un des joueurs qui n'y sont pas parvenus est aussi le plus important de cette équipe : Carey Price.

Il existait une sorte de consensus voulant que Price ne puisse pas connaître une campagne 2018-2019 aussi pénible que celle de l'an dernier. Et ça prendrait en effet une catastrophe pour que Price n'améliore pas son efficacité de ,900.

Mais après qu'il eut accordé trois buts en 40 minutes samedi, ses statistiques au camp se lisent comme suit : moyenne de 3,77, efficacité de ,862. Sans oublier les moments d'égarement ici et là, par exemple cet arrêt peu orthodoxe devant Mikkel Boedker sur une descente à deux contre un.

On a demandé à Julien d'évaluer le camp de Price dans l'ensemble, de la façon la plus neutre, sans suggérer quoi que ce soit dans la question. Comment évaluez-vous le camp de Price ?

« Carey Price sera correct. Je ne pense pas qu'on va s'en faire avec ça, a répondu l'entraîneur-chef. C'est un bon gardien. C'était le camp pour lui comme pour tout le monde. Il est arrivé bien préparé. Quand un gardien voit une rondelle grosse comme une balle, il n'en laissera pas passer beaucoup. Je sais que ça va venir pour lui. »

L'échantillon est certes mince, on en convient. Attendons avant de parler d'inquiétudes et de trancher sur la saison à venir du numéro 31. Notons cependant que Price a raté une belle occasion de rassurer les observateurs sur sa capacité à retrouver ses moyens.