Non, les prédictions des experts ne sont pas très favorables au Canadien, au moment où l'équipe se prépare à amorcer sa saison, le 3 octobre à Toronto. Est-ce que ce club qui n'inspire pas la confiance immédiate fera encore pire que la modeste récolte de 71 points de 2017-2018 ? Disons que ce n'est pas impossible...

LES GARDIENS

Il y a des choses qui ne changent pas, mesdames messieurs, et dans cette liste, il y a cette vérité du hockey : le Canadien va se comporter comme Carey Price voudra bien se comporter. Dans la LNH, aucune autre équipe s'appuie sur son gardien comme le CH le fait depuis que Price est dans le décor, et encore une fois, les résultats du club seront directement liés aux résultats du gardien, pour le meilleur et bien sûr pour le pire. La bonne nouvelle dans tout ça : Carey Price revient de la pire saison de sa carrière (moyenne de 3,11, et efficacité de seulement ,900) et il ne pourra pas (du moins, on présume) être plus mauvais que ça cette fois-ci. Remarquez, si le Price de 2018-2019 est juste un peu plus solide que celui de la saison d'avant, ce sera déjà une nette amélioration. Price, depuis toujours un bagarreur acharné devant son filet, a trop souvent projeté l'image d'un gars qui abandonnait l'an dernier, et ce relâchement a de toute évidence eu un effet néfaste sur le reste du groupe. Derrière lui, il y a encore Antti Niemi, qui s'est imposé la saison dernière après le départ d'Al Montoya, et le Finlandais s'est avéré une belle surprise en cours de route. Non, les plus gros problèmes du Canadien ne sont pas devant le filet, et puis qui sait ? Avec un Carey Price qui affiche la bonne « attitude » (un mot à la mode, n'est-ce pas ?), le Canadien pourrait bien voler quelques matchs cette saison.

VERDICT : PROGRESSION

Photo Olivier Jean, archives La Presse

Le Canadien va se comporter comme Carey Price voudra bien se comporter.

LES DÉFENSEURS

Ce groupe-là n'allait déjà pas être très fort avec Shea Weber dans la formation. Sans lui jusqu'en décembre (à moins d'une guérison fulgurante avant ça), ça risque d'être assez difficile. Les jeunes Mete et Juulsen représentent une bouffée d'air frais, mais ils sont encore un peu verts, et il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils affichent une constance exemplaire chaque soir pendant que le métier rentre. Les autres, les Alzner, Petry et Schlemko, ne sont certes pas à confondre avec des défenseurs de premier plan, et les deux premiers, en particulier, n'ont pas affiché une forme de Norris lors du camp. Est-ce pire qu'il y a un an, avec cette défense prétendument supérieure à la précédente ? Voyons un peu : au moment du premier match de 2017-2018, le Canadien avait envoyé sur la glace et à sa ligne bleue les Benn, Alzner, Mete, Petry, Weber et... Mark Streit. Il n'y a pas une énorme différence avec ce que l'on aura sous les yeux le 3 octobre. En fait, la grosse différence, c'est Weber, que le Canadien croyait en pleine santé avant qu'il ne reçoive une rondelle sur un pied lors du premier match de la saison à Buffalo, il y a un an. Son état de santé est source d'inquiétude depuis. On peut difficilement nier que le Canadien est bien meilleur avec Weber dans la formation, mais pour l'heure, il n'y est pas. C'est un problème.

VERDICT : RÉGRESSION

Photo Robert Skinner, archives La Presse

Le retour de Shea Weber est prévu pour décembre.

L'ATTAQUE

En excluant Andrew Shaw, qui est toujours blessé, le Canadien va amorcer 2018-2019 en attaque sans les trois joueurs suivants, qui étaient tous du match d'ouverture de la saison dernière, et qui ne sont plus ici : Max Pacioretty, Alex Galchenyuk et Ales Hemsky. On va oublier rapidement Hemsky, qui n'a jamais eu la chance de se prouver par ici en raison d'une commotion cérébrale, mais à court terme, l'impact des deux premiers sur la feuille de pointage pourrait se faire ressentir, même si Galchenyuk doit composer avec une blessure ces jours-ci en Arizona. Pacioretty et lui, rappelons-le, ont déjà été des marqueurs de 30 buts dans cette ligue. Mais le Canadien pourrait bénéficier d'un léger détail : quand la saison s'est amorcée à Buffalo il y a un an, Jonathan Drouin était au centre, ce qui, on le sait maintenant, n'était pas l'idée du siècle. Drouin à l'aile, ça pourrait être mieux, beaucoup mieux. Mais qui va jouer comme premier centre ? La question reste entière parce qu'à cette position, le Canadien n'a aucune valeur sûre, que ce soit Jesperi Kotkaniemi, seulement 18 ans, ou que ce soit Max Domi, qui n'a jamais joué au centre dans cette ligue pendant une saison en entier. Peu importe, on parle ici d'un club dont l'attaque s'est classée au 29e rang de la ligue la saison dernière, avec une modeste récolte de seulement 209 buts. On a vu lors du camp un CH qui va opter pour sa vitesse et un échec avant combatif, et ce changement, en plus de l'arrivée de quelques joueurs dignes d'intérêt (ayez bien Tomas Tatar à l'oeil, il pourrait surprendre) permet de croire que cette fois, le Canadien fera tout de même un peu mieux que le 29e rang au classement offensif.

VERDICT : PROGRESSION

LES UNITÉS SPÉCIALES

Le Canadien de 2017-2018 ne marquait pas de buts, mais de manière étonnante, ce Canadien était tout de même capable de produire des résultats en avantage numérique. La preuve ? Le simple fait que le club se soit classé au 13e rang du circuit à ce chapitre (moyenne de 21,2 %) nous rappelle que cet aspect du jeu fut un rare point positif dans une saison de misère. En désavantage numérique, par contre, le Canadien de la saison passée avait beaucoup plus de problèmes ; moyenne d'efficacité de 74,1 %, et seulement le 30e rang de la ligue à ce chapitre. Qu'est-ce qui va changer cette saison ? En avantage numérique, il faudra trouver quelqu'un pour combler la production d'Alex Galchenyuk, le meilleur pointeur du CH l'an passé dans ces circonstances avec un total de 24 points. En fait, dans le top 5 des meilleurs pointeurs du CH de 2017-2018 en avantage numérique, deux joueurs ne sont plus ici, l'autre étant Max Pacioretty. Ces deux-là avaient bien des défauts, on le sait, mais ils étaient capables de rayonner en avantage numérique. On en profite pour rappeler ici que Max Domi, en Arizona, n'avait produit que neuf points en avantage numérique la saison dernière... Bref, ce sera difficile. Et ça s'annonce tout aussi difficile en désavantage numérique.

VERDICT : RÉGRESSION

LES ENTRAÎNEURS

C'est sans doute ici que le CH a apporté ses changements les plus significatifs en vue d'un meilleur avenir. Les Daniel Lacroix, Sylvain Lefebvre et Jean-Jacques Daigneault se sont tous fait dire que leurs services n'étaient plus requis. À la place, Joël Bouchard a été embauché pour prendre les commandes du Rocket à Laval, tandis qu'un autre entraîneur du hockey junior hautement respecté, Dominique Ducharme, s'installera aux côtés de Claude Julien, tout comme Luke Richardson, qui sera dorénavant responsable de l'unité défensive. Dans tous les cas, ces embauches sont des améliorations par rapport aux prédécesseurs. Le seul problème, c'est que ces embauches ne vont pas avoir des répercussions immédiates, et il faudra un peu de patience pour constater les résultats. À Laval, par exemple, Joël Bouchard devrait s'avérer un excellent préparateur de relève, mais il se peut qu'on ne le constate que dans quelques années. Un autre point positif, donc, mais insistons encore un peu : les partisans devront s'armer de patience. Mais bon, ils commencent sans doute à être habitués...

VERDICT : PROGRESSION

Photo Olivier Jean, Archives La Presse

Jonathan Drouin pourrait connaître beaucoup plus de succès cette année à l'aile qu'il n'en a connu la saison dernière au centre.