Les attentes étaient élevées pour Michael McCarron: 6 pi 6 po, 230 lb, choix de 1er tour. On le voyait un jour faire sa place dans la LNH. Mais six camps d'entraînement et sept rappels par le Canadien plus tard, le voici encore dans la Ligue américaine.

Il a été retranché par le grand club, et pire encore, pour la première fois de sa carrière, il a été ignoré par les 30 autres équipes au ballottage. Il aurait pu arriver à Laval le moral dans les talons, mais c'est plutôt un McCarron fort enjoué qui s'est présenté devant les journalistes.

Même s'il admet avoir cru un instant qu'il serait réclamé, il veut relancer sa carrière, il veut jouer un rôle de leader, il veut aider le Rocket à gagner, et il veut apprendre sous Joël Bouchard. Bref, il est à des années-lumière du joueur aigri de la saison dernière. McCarron admet être ressorti marqué d'une première rencontre forte en émotions avec son nouvel entraîneur-chef.

«Il est intense. Il ne niaise pas. Ce n'est pas un country club ici. On a eu une discussion à coeur ouvert. Il sait comment aider les plus gros joueurs comme moi, selon ce qu'il dit. Il n'y a pas de zone grise», a dit McCarron.

«C'est parfois difficile à entendre, mais quand je suis sorti de la rencontre, je me sentais comme si je valais un million de dollars. Je ne sais pas comment le décrire. Il te fait te sentir bien tout en te disant que tu es mauvais dans certaines facettes de ton jeu. La brutale honnêteté est parfois la seule manière de s'améliorer.

«Ce que j'haïssais le plus quand je jouais, c'est les menteries, a expliqué l'entraîneur-chef du Rocket. Ça me rentrait dedans. Des journées de ballottage, ce n'est pas drôle. Je sais ce qu'ils vivent. C'est juste d'avoir une discussion honnête et de se dire les vraies choses et de trouver des solutions pour qu'on devienne meilleurs tous les deux. Il avait une attitude extraordinaire. S'il ne l'avait pas eue, je vous le dirais. On a parlé, ç'a a été franc et aujourd'hui, ça a paru sur la glace.»

Sans pitié

Pour ce retour à Laval, Joël Bouchard a été sans pitié avec ses vétérans récemment retranchés. McCarron s'entraînait avec Brett Lernout, Rinat Valiev, Hunter Shinkaruk, Byron Froese et Hayden Verbeek, de retour de blessure. Il y avait de tout au menu, des un-contre-un, du patin en puissance, des batailles dans le coin pour la rondelle.

Pendant un long moment, McCarron a dû se reposer, un genou au sol, pour se remettre d'un exercice. Ce n'est pas qu'il n'est pas en forme, le rythme était vraiment soutenu.

Bouchard a expliqué vouloir repartir à zéro avec McCarron, qu'il considère encore à 23 ans comme «un beau projet». Il a d'ailleurs déjà demandé l'avis de Dale Hunter, qui avait connu du succès avec McCarron au niveau junior à London. Il est là pour l'aider à trouver sa place dans la LNH, puisque comme il le dit si bien, «quand la musique s'arrête, si tu n'as pas de chaise, tu ne vas pas jouer dans la LNH».

C'est un fait que l'un des problèmes de McCarron, outre son coup de patin déficient, a toujours été sa difficulté d'adaptation.

Il n'a jamais su passer d'un joueur de premier trio dans la Ligue américaine, à qui on demande de marquer des buts, à un joueur de soutien dans la LNH, qui passe seulement quelques minutes sur la patinoire.

Bouchard s'est lancé dans une explication intéressante sur le rôle exact de McCarron dans une équipe de hockey.

«On dit bottom 6 [les trios 3 et 4]... Attention. Maintenant dans la LNH, c'est top 12. Je vois des matchs où le quatrième trio est le meilleur. On doit se sortir du bon vieux deux premières lignes. C'est sûr qu'il y a des joueurs d'exception. Après ça, ce que je veux savoir, c'est: as-tu un impact positif, oui ou non? Quand la musique s'arrête, as-tu une chaise? Aides-tu l'équipe à gagner? Sinon, on va travailler avec toi.»

«Un bébé»

C'est de notoriété publique que McCarron a très mal encaissé son sort la saison dernière. Son attitude et son jeu en ont souffert. Il se voyait déjà avec le Canadien, après une saison 2016-2017 au cours de laquelle il avait disputé 31 matchs.

McCarron entend cette année participer à un virage à 180 degrés, autant chez le Rocket que pour sa propre carrière.

«Je n'ai pas mal pris de ne pas être réclamé. Les équipes sont formées. C'est le hockey. J'ai une meilleure mentalité que l'an dernier.

«L'an dernier, j'ai été un bébé. Ça n'a aidé personne. La mentalité est complètement différente dans le vestiaire. J'en suis remué. On n'arrive pas ici tout joyeux, on est ici pour travailler. C'est de cette manière que le hockey professionnel doit se vivre.»

Critique à peine voilée envers l'ancien personnel d'entraîneurs, Sylvain Lefebvre en tête.

«Si tu rates ton coup, Joël va te le dire. L'an dernier, si tu ratais ton coup, on le rappelait mollement. J'ai aimé mes anciens entraîneurs, mais c'est complètement différent. C'est un 180. Tu as besoin d'être prêt. On n'avait pas ça l'an dernier, les gars n'étaient pas prêts à jouer chaque soir. On ne pouvait pas gagner, je ne sais pas ce qui se passait. L'ambiance ici est plus sérieuse, plus professionnelle.»

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