Victor Mete a bien paru à son premier match préparatoire. Très bien même. On savait qu'il était l'un des défenseurs du Canadien avec le plus de flair offensif, il en a fait une belle démonstration dans la victoire de 3-1, lundi soir, face aux Devils du New Jersey.

On l'a vu se risquer à de profondes incursions en zone ennemie. On l'a vu appuyer l'attaquer sur cette montée impressionnante avec Phillip Danault et Tomas Tatar en deuxième période. Il y a eu ce but, bien sûr, sur une passe de Michael Chaput, après qu'il eut quitté sa position.

Mete est le genre de défenseur capable de se faire remarquer. Mais s'il a la paix d'esprit nécessaire pour s'exprimer si librement, c'est en grande partie grâce à Noah Juulsen. Juulsen est un peu celui qui prépare la blague dans le duo d'humoristes. Le «straight man» sans qui il n'y a pas de «punch».

Juulsen a passé 19 minutes presque incognito sur la glace, et c'est signe d'un excellent défenseur. Il a gagné ses batailles, il a contribué à la relance, il a protégé ses positions. Surtout, il a donné la confiance nécessaire à Mete pour faire ce qu'il fait le mieux.

«Je sais que je peux aider l'attaque quand il est avec moi, a expliqué Mete. Nous avons bien fait pour le quatrième homme [qui appuyait les attaquants]. On s'est bien compris pour ça. Nous savions quand un joueur allait pousser.»

Le jeune homme de 20 ans a ensuite décrit les qualités de son partenaire à la ligne bleue, à peine plus vieux que lui à 21 ans. Il ne parlait pas d'un défenseur aguerri, comme on aurait pu le croire à l'entendre, mais bien d'un défenseur avec 23 matchs d'expérience dans la LNH. 

«Il est très calme avec la rondelle et il parle beaucoup. On sait toujours ce qu'il va faire, où il va être. Il est vraiment bon avec la rondelle et il a un bon sens du hockey. On se comprend bien et c'est facile de jouer avec lui.»

C'était à peu près la même chose quand Mete jouait avec Shea Weber l'an dernier. Toutes les carences du jeune défenseur ont sauté aux yeux quand il s'est retrouvé à essayer tant bien que mal de racheter les erreurs des Jordie Benn, David Schlemko ou Joe Morrow.



Aider les autres

Plusieurs ont sourcillé en voyant que l'entraîneur-chef Claude Julien avait décidé de jumeler ses deux jeunots. Pas tant parce qu'ils avaient, ensemble, l'âge de Zdeno Chara, mais plutôt parce qu'on imaginait aisément qu'il faudrait les séparer pour répartir le talent.

Malgré tout, Julien les a laissés ensemble et il n'a pas été déçu.

«Les deux ont montré beaucoup de calme. Ils sont en confiance. Mete est un gars confiant, c'est la raison pour laquelle il a intégré notre équipe [l'an dernier]. Il y a aussi le fait que Mete ait eu un été plus tranquille que le précédent, au cours duquel il avait eu les camps juniors d'Équipe Canada, celui de son équipe à London, puis le camp de développement du Canadien. Cette fois, il a pu se reposer et il est arrivé en bonne forme. Il est bien reposé avec beaucoup de confiance.»

Mete a d'ailleurs été assidu au gymnase cet été. Il sait fort bien qu'il ne sera jamais beaucoup plus gros qu'en ce moment, qu'il ne frappera jamais comme un train, mais qu'il doit quand même gagner ses bagarres.

On a vu d'ailleurs la finesse de son jeu défensif contre les Devils. En deuxième période, il a rattrapé puis soutiré la rondelle à Brandon Baddock, un colosse de 6 pi 4 po et 225 lb. C'est vrai toutefois que Baddock est destiné à la Ligue américaine. Mais Mete a aussi fait le coup à Kyle Palmieri, dont le CV est autrement plus étoffé, pour l'empêcher de partir en échappée en troisième période.

«Je suis plus détendu cette saison, a reconnu Mete. J'ai une année d'expérience, je sais à quoi m'attendre un peu plus des joueurs.»

Bien sûr, c'est le premier match du camp préparatoire. Mais un fait demeure: Mete est l'un des défenseurs avec la meilleure vision offensive du Canadien, et il doit être utilisé ainsi. Puis il y a Juulsen, qui pourrait bien, d'ici quelques années, devenir le défenseur le plus complet de l'équipe.

C'est pour cette raison que Claude Julien sera peut-être forcé de les séparer. Ou non, on verra.

Photo David Boily, Archives La Presse

Noah Juulsen