Les problèmes offensifs qui ont plombé le Canadien la saison dernière étaient prévisibles. À force de perdre des joueurs créatifs sans les remplacer, les effets allaient finir par se faire ressentir. En défense, cependant, on pouvait s'attendre à une certaine baisse de régime, mais jamais dans les proportions atteintes l'an dernier. Voilà que Claude Julien se retrouve essentiellement avec le même personnel, tout en souhaitant un résultat différent.

25e

D'abord, un rappel. Le Tricolore 2017-2018 a accordé 258 buts. Seules six équipes ont été plus généreuses, et vous aurez deviné que ces équipes, comme le Canadien, étaient représentées dans le boulier pour obtenir le premier choix au repêchage. En désavantage numérique, c'était carrément catastrophique : un taux d'efficacité de 74,1 %. Depuis le lock-out de 2005, seules deux équipes ont présenté un pire rendement : les Islanders la saison dernière (73,2 %) et les Stars en 2016-2017 (73,9 %).

10 sur 10

Quatorze défenseurs ont disputé au moins un match avec le CH la saison dernière. Du lot, quatre sont partis en cours de saison : Mark Streit (fin de contrat), Brandon Davidson (ballottage), Jakub Jerabek et Joe Morrow (échangés). Les 10 autres participent tous au présent camp d'entraînement. Pour qu'il y ait du roulement de personnel, il faudra donc qu'un jeune ou que les vétérans Simon Després ou Xavier Ouellet délogent un membre permanent de l'unité. Parce qu'il amorce sa dernière année de contrat, avec un salaire modique (1,1 million de dollars), Jordie Benn paraît particulièrement vulnérable, s'il devait connaître des difficultés au camp.

49

Quand on parle d'un groupe semblable à l'an dernier, c'est vrai jusqu'à l'infirmerie. C'est là que Shea Weber a passé les 49 derniers matchs de la dernière saison. C'est aussi là qu'il passera une bonne partie de la première moitié de la saison, en raison d'une opération à un genou. En son absence, la production offensive des défenseurs passait exclusivement par Jeff Petry. Ce dernier a empilé 31 points pendant lesdits 49 matchs. Derrière lui ? Karl Alzner et Mike Reilly avec... 8 points ! Notons toutefois que Reilly n'a disputé que 19 matchs, puisqu'il a été acquis en fin de calendrier.

24

Le cas de Petry mérite qu'on s'y attarde. Le grand défenseur a vu son temps d'utilisation moyen grimper à 24 minutes, lui qui n'avait jamais affiché une moyenne supérieure à 22 minutes auparavant. « Du côté offensif, Jeff a été très bon, a expliqué Claude Julien, hier. Il a peut-être été surutilisé et la fatigue, que ce soit à la fin d'un match ou pendant la saison, l'a rattrapé. Dans les plus et moins, ça a été difficile pour lui. Mais il n'avait pas l'habitude d'affronter les meilleurs trios. L'an passé, ça a été une grosse responsabilité pour lui. Les entraîneurs, on se dit qu'on doit faire des ajustements pour s'améliorer. Un joueur aussi regarde sa saison et se dit qu'il doit faire de meilleures choses pour connaître une meilleure saison. »

- 30

La saison dernière, Petry a établi un sommet personnel avec 42 points. Mais il a aussi présenté un différentiel glacial de - 30 (seuls deux défenseurs dans la LNH ont montré une pire fiche). Entre les deux chiffres, Petry retient surtout le négatif. « Ce sont deux statistiques qui ressortent. En l'absence de Shea, j'ai eu beaucoup de temps en avantage numérique, ce qui m'a aidé à produire. J'ai aussi joué plus de minutes, et c'est pourquoi je dois m'appliquer davantage en défense sans abandonner mon attaque. Je dois d'abord défendre mon territoire puis passer en transition, faire la première passe et appuyer l'attaque, sans tricher. »

20 et 21

Ce ne sont que deux entraînements au camp, donc attendons avant de sauter aux conclusions. Mais dès l'ouverture du camp, Julien a jumelé Victor Mete et Noah Juulsen, respectivement 20 et 21 ans, au sein d'un même duo. Les deux jeunes ont constitué des surprises la saison dernière et sont, avec Petry, les meilleurs patineurs du groupe de défenseurs. Il sera intéressant de voir comment Julien jonglera avec ses duos. Malgré son statut de recrue, Juulsen a parfois semblé aider le vétéran Karl Alzner à faire bonne figure. On verra s'il réunira ce duo. Petry joue surtout avec Benn jusqu'ici, mais on doute que le défenseur barbu puisse appuyer Petry dans des confrontations corsées. « Certains joueurs sont capables d'être meilleurs que l'an passé, a dit Julien. Si certains sont plus fiables, on va trouver un partenaire pour Petry. S'il doit affronter les meilleurs trios, on va trouver un partenaire qui pourra l'aider. »

Photo André Pichette, archives La Presse

Jordie Benn

Photo Bernard Brault, archives La Presse

Jeff Petry