Claude Julien, Paul Byron, William Bitten... La communauté franco-ontarienne était déjà bien représentée dans l'organisation du Canadien. Et voilà qu'un nouveau membre s'y greffe.

C'est peu connu, mais Matthew Peca, embauché cet été comme joueur autonome, s'exprime parfaitement dans la langue de Réjean Ducharme.

C'est que la famille de sa mère, les Trudeau, vient de Sudbury, où une importante communauté franco-ontarienne est établie. Son aisance en français s'entend dès la simple mention du nom « Trudeau », qu'il prononce comme quelqu'un qui a parlé la langue toute sa vie.

« Ma mère parle français. J'ai fait toute ma scolarité en français, de la maternelle à la 12e année. Je l'ai un peu perdu au collège, mais ce n'est pas si pire », a-t-il expliqué à La Presse dans une entrevue récente.

Cette scolarité, il l'a faite à Petawawa, une petite ville voisine du Québec, mais pas nécessairement la région la plus francophone de l'Ontario. N'empêche.

« On a grandi dans des collectivités anglophones, se rappelle Peca. Je fréquentais la seule école française du district. Donc, le français, on y tient. À la maison, je parlais français avec ma mère. Maintenant, j'essaie de le parler le plus possible. »

La vie fait plutôt bien les choses pour Peca. D'abord, il a été repêché par le Lightning, probablement l'organisation la plus francophile de la LNH. Yanni Gourde, Jonathan Drouin, Jonathan Marchessault, Mathieu Joseph, Gabriel Dumont et Michaël Bournival ne sont que quelques-uns des nombreux Québécois qu'il a croisés sur son chemin. C'est sans oublier Julien BriseBois, qui était alors le DG du Crunch de Syracuse, la filiale du Lightning, et Benoît Groulx, entraîneur-chef de l'équipe.

Le voici maintenant à Montréal, où il ne manquera pas d'interlocuteurs avec qui discuter en français. « Ce n'était pas un critère quand je suis devenu joueur autonome, mais c'est un beau plus ! »

Pour l'heure, il se dit plus à son aise en anglais quand vient le temps de jaser hockey. Mais il n'a pas hésité à passer au français, vendredi, dans une conversation autour de son casier.

TYLER JOHNSON, LE MODÈLE

À 5 pi 8 po, Peca entre dans la fameuse catégorie des attaquants de petite taille. Il n'est pas frêle pour autant. Il pèse 178 livres, selon les documents officiels, et c'est un jeune homme plutôt trapu qui s'est présenté devant les médias vendredi.

Et puis la taille, il a compris depuis longtemps que ce n'était pas la fin du monde. Après tout, il a vu sa part de petits attaquants faire leur bout de chemin dans l'organisation du Lightning. C'est justement l'un d'eux qui est son modèle : Tyler Johnson, qui fait lui aussi 5 pi 8 po.

« C'est un petit centre, doté d'un bon coup de patin, qui a beaucoup de talent. Son histoire m'interpelle, car il n'a jamais été repêché. Tout le monde peut se rendre à la LNH, mais chacun a son parcours. Je veux faire de mon mieux pour travailler, manger mes croûtes, et j'espère que ça viendra. »

S'ÉTABLIR POUR DE BON

En fait, l'objectif de Peca, ce n'est pas tant de se rendre à la LNH que de s'y établir.

Il débarque à Montréal dans de drôles de circonstances. Après trois saisons chez les pros, il n'a disputé que 20 matchs dans la LNH, coincé dans une organisation qui regorgeait de talent à l'attaque. Il n'était pourtant pas vilain dans la Ligue américaine, avec des récoltes de 43, 41 et 46 points. Mais les rappels étaient rares.

Ça ne l'a pas empêché de décrocher un contrat de deux ans, une entente exclusivement de la LNH, à hauteur de 1,3 million par saison. Ce qui signifie que s'il est rétrogradé dans la Ligue américaine, il devra passer par le ballottage, et le Canadien devra lui payer son plein salaire à Laval s'il n'est pas réclamé. Ce qui signifie aussi qu'à moins d'une catastrophe au camp, il passera la saison à Montréal.

Parce qu'il joue au centre, il devrait avoir la chance de se mettre en valeur, même si hier, il était jumelé à deux vétérans de la Ligue américaine en Kenny Agostino et Alexandre Grenier. Le Canadien a besoin de solutions à cette position, en attendant que la relève soit prête.

« Faire ma place à Montréal, ça voudrait dire beaucoup à mes yeux. Les joueurs travaillent toute leur vie pour jouer dans la Ligue nationale. J'ai joué des matchs dans la LNH, mais je n'ai jamais eu l'impression que je m'y étais rendu. La prochaine étape pour moi, ce serait de m'établir. »

Pour un modeste 201e choix au total au repêchage, ce serait une belle réussite.